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Joanna Klatten : "je ne me destinais pas à être professionnelle"

Après un début d'année 2014 riche de 3 victoires, Joanna Klatten fait un break de quelques semaines. Le temps d'une intervention médicale et l'occasion de revenir sur ses débuts, d'évoquer son quotidien et ses prochains objectifs.

Au lendemain de son intervention au laser pour corriger définitivement sa myopie, Joanna Klatten a gentiment accepté de se rendre disponible pour répondre à quelques questions. Comment et pourquoi elle est devenue professionnelle, ses entraîneurs, ses objectifs, sa vision du golf, ses passions, autant de sujets que Joanna a abordé avec simplicité et honnêteté. Un joli moment autour d’un cappuccino !

Joanna, comment te sens-tu après cette opération ?
Très bien. Si on excepte le fait de devoir porter ces lunettes (grosses lunettes noires de protection- ndlr) pendant quelques jours, tout s’est bien passé. L’intervention a durée une trentaine de minutes au total. Je vois de mieux en mieux et je me rends compte que ma vision est nette maintenant sans lentilles, ça fait une drôle d’impression.

Du coup, à quand le retour en compétition ?
Sûrement fin avril avec un tournoi sur le Symetra Tour (2è division américaine), et puis je resterais un peu aux États-Unis pour d’autres tournois ainsi qu’au Canada.

Entre-temps, c’est repos complet ?
Non, je vais reprendre l’entraînement progressivement sachant que je dois absolument éviter les bunkers pour mes yeux. Et puis surtout, je vais assister pour la 1ère fois aux Masters d’Augusta car j’ai été invitée lors de mon séjour en Australie. J’espère voir Tiger Woods et qu’il ne sera pas forfait car je serais vraiment déçue.

Fan du Tigre alors ?
Depuis toujours, j’ai regardé des dizaines et dizaines d’heures de ses vidéos. J’aime regarder le golf à la télé. Et puis Woods, c’est une référence d’exigence et de travail. Il a énormément sacrifié pour le golf et ça inspire le respect, en tout cas le mien.

Interview Joanna KlattenJustement, Joanna Klatten est une travailleuse acharnée ?
Sans doute pas autant que Woods ! 🙂 Mais j’adore m’entraîner. Je travaille généralement sur le parcours, en tout cas plus souvent que sur le practice. Je passe plus de temps dernièrement à améliorer mon petit jeu, chipping et putting, avec mon entraîneur Cédric Doucet. Et pour ma condition, je suis accompagnée par Rémy Barbarin et Philippe Glickman, préparateurs physiques. Avec le premier, je travaille surtout les appuis et la coordination, avec le second, on fait beaucoup de séances d’explosivité. Philippe m’aide aussi à travailler mon mental pour rester plus concentrée en tournoi.

En plus du travail, quelles sont les autres clés pour devenir golfeuse professionnelle ?
Il faut savoir être patiente et … s’amuser, le golf est un jeu. Je dirais aussi, ne pas oublier de vivre à côté : sortir, avoir des amis, d’autres centres d’intérêt. En fait, c’est mon expérience personnelle qui me fait penser ainsi. Je n’étais pas destinée à devenir professionnelle, j’ai commencé avec mes parents à l’âge de 10 ans au golf de Saint-Cloud mais je ne souhaitais pas en faire mon métier.

Et quelles étaient tes ambitions ?
J’avais choisi une orientation plutôt “familiale” dans le secteur Finances/Marketing. J’ai fait mes études aux USA pendant 4 ans et demi jusqu’à l’obtention d’un diplôme “Business Administration and Marketing” et, en rentrant en France, j’ai commencé à travailler à RTL. J’ai détesté ! 🙂 J’ai très vite ressenti que ce n’était en fait pas pour moi : tous les jours dans un bureau, derrière un ordinateur, ça n’allait pas être possible. J’ai trop la ‘bougeotte’ ! 🙂

Tu as alors décidé de passer pro ?
En fait, il y a quelques années, j’ai assisté le directeur dans l’organisation d’un tournoi : le BMW International Open, cette expérience m’a plu. Être proche de mon sport, c’était fantastique. Je me suis dit que le métier de journaliste dans le golf, côtoyer les joueurs, les interviewer, ça serait idéal. J’en ai parlé autour de moi et un de mes oncles qui travaille dans les médias sportifs en Allemagne m’a suggéré de me faire un ‘nom’ d’abord et que devenir joueuse professionnelle pourrait m’aider.

C’est allé très vite ensuite…
Début 2010, j’ai repris les clubs que je n’avais pas touchés depuis 18 mois. J’ai fait des compétitions amateurs mais sans grands résultats. Puis en novembre de la même année, il y a eu un déclic, notamment grâce à ma rencontre avec Cédric (Doucet). J’ai réussi les cartes pour accéder au circuit européen (LET). Depuis, chaque année, je progresse au classement de l’ordre du mérite (actuellement 21ème).

Interview Joanna KlattenTes objectifs pour 2014 ?
Comme je le disais, je vais jouer des tournois aux États-Unis pour essayer de gagner des points. J’espère aussi pouvoir me qualifier pour l’Evian Championships en septembre.
Mais le principal, ce sont les cartes en fin d’année pour accéder au circuit de la LPGA. J’aimerais vraiment pouvoir jouer là-bas. Les parcours sont plus sélectifs et favorisent les longues frappeuses comme moi. Sur le circuit européen, je ne peux pas sortir régulièrement mon driver sans me mettre en danger et du coup je perds cet avantage de pouvoir aller plus loin que la majorité des joueuses.

C’est compliqué pour le golf en France, notamment féminin, de se faire une place ?
C’est sûr ! J’espère que les dernières performances de Dubuisson et la Ryder Cup 2018 vont améliorer la visibilité de notre sport. En même temps, j’apprécie beaucoup Victor (Dubuisson) mais on parle de lui car il est arrivé dans les meilleurs mondiaux alors que Karine Icher y est depuis plus longtemps et on ne parle que très peu d’elle.

Ce manque de visibilité a un impact dans la recherche des sponsors ?
Chez les hommes, le golf est plus associé à une notion de spectacle auquel les marques veulent s’associer. Je pense que pour nous, les joueuses, nous devons mettre en avant d’autres qualités pour séduire. En insistant sur des valeurs d’attitude sur le parcours, de proximité avec le public et aussi un côté plus “glamour”.
Après, nous sommes parfois accompagnées par la Fédération (FFGolf). Pour ma part, j’ai fortement apprécié leur soutien lors de mes dernières cartes pour le LPGA où ils ont mis à disposition le médecin fédéral Olivier Rouillon et Patricia Meunier-Lebouc.

Et en dehors du golf, quelles sont les passions de Joanna Klatten ?
Par mes parents, j’ai été sensibilisée très tôt aux opéras, aux ballets et à la musique classique. J’adore écouter des concerts à la salle Pleyel (Paris), surtout Mozart et Beethoven. Je trouve que les musiciens dégagent la même passion et la même concentration que les sportifs. Je lis beaucoup aussi.

Quel était ton dernier livre ?
“Performance Intelligence at work” du Docteur Julie Bell, j’aime beaucoup tout ce qui touche à la psychologie et au mental dans le sport. Dans un autre registre, je termine en ce moment la biographie de Zlatan Ibrahimovic avant de m’attaquer à celle de Mike Tyson : connaître l’histoire de grands champions m’intéresse énormément ! 😉

Quelque chose à ajouter ?
Juste un grand merci à Paul Galitzine qui a été mon coach, et bien plus, depuis mon enfance jusqu’à mes 23 ans. Je lui dois beaucoup, il m’a transmis sa passion du golf et sans lui, je ne serais certainement pas joueuse professionnelle.

 

Joanna KlattenUn grand grand merci à Joanna qui avait accepté une interview depuis longtemps et a répondu présente dans un timing qui n’était pas des plus favorables pour elle. Respect.
Vous pouvez suivre @Joanna_Klatten sur Twitter !

 

 

Photos © LET et Joanna Klatten

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