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Rencontre avec Sébastien Audoux

Passionné de Sports US, Sébastien Audoux a découvert "par hasard" le golf en 1993. S'il préfère suivre les joueurs que jouer, il n'a de cesse que d'enrichir sa passion pour l'histoire de ce sport.

Lorsqu’en juin 1993, Sébastien Audoux se lève au milieu de la nuit pour regarder le 6ème match de la finale NBA (Championnat de basket aux USA), le fan inconditionnel de basket enrage quelque peu de tomber sur une retransmission de golf. Le 93ème US Open de l’histoire a pris du retard et Sébastien, lui, s’est alors pris au jeu. Le duel américain entre Lee Janzen et le regretté Payne Stewart lui fait oublier le temps des derniers trous l’opposition attendue entre Michael Jordan et Charles Barkley. Janzen remporte le 1er de ses deux US Open (93 et 98) et le fan de sports US qu’est Sébastien Audoux ajoute le golf à ses passions… 20 ans plus tard, il devient rédacteur en chef de la chaîne Golf+.

Sébastien, raconte-nous rapidement ton parcours de ces 20 dernières années ?

J’ai commencé par être pigiste sur Pathé Sport à la fin des années 90, principalement sur le Basket et le Rugby à 13 puis j’ai commencé quelques interventions sur le golf en 2000-2001. En 2002, avec le rachat de la chaîne par Canal+, j’ai été affecté à la NBA où, entre 2003 et 2005, j’ai commenté environ 300 matches. En 2005, je fais quelques interventions également sur le golf puis à partir de 2006, ce sera le golf US jusqu’à ma nomination en septembre 2013 à la tête de la rédaction de Golf+.

Comment s’organise ton emploi du temps à ce poste ?

Il y a d’abord la partie organisation de la chaîne avec les plannings des journalistes et des consultants, la gestion de notre nouveau magazine “Golf+ Hebdo” et toujours quelques tournois aux commentaires. J’ai aussi en charge le media management qui consiste à chercher dans nos archives sur tous les évènements golfiques passés ceux que l’on va mettre à l’antenne de Golf+ quand il n’y a pas de tournois. Enfin, un aspect conséquent de mon travail est lié au networking et au lobbying aussi bien en interne qu’en externe.

C’est-à-dire ?

Faire en sorte que le golf soit présenté le plus souvent possible sur les différentes chaînes du groupe, aborder la politique tarifaire pour les abonnés, avoir une distribution la plus large possible pour le golf. Ce sont aussi les échanges et les partenariats avec la FFGolf, l’European Tour ou le PGA Tour.

À la rentrée, vous avez donc lancé Golf+ Hebdo, tu en es satisfait ?

Oui, on a de bons retours dans l’ensemble. Il reste toujours des choses à améliorer mais on est plutôt en avance sur le tableau de marche même si on n’a pas d’objectifs précis. Notre volonté est d’offrir plus que les résumés des tournois qu’on a diffusé le week-end et la présentation de ceux à venir. On essaie d’avoir nos propres reportages et interviews pour compléter l’émission (diffusée tous les lundis à 20h30 -ndlr-). Et pour toucher un maximum de personnes, le magazine est également disponible sur notre site web.

[blockquote style=”2″]Le golf a certainement eu la progression la plus importante de tous les sports en matière de couverture télévisuelle.[/blockquote]
Peut-on imaginer qu’un jour, Canal+/Golf+ assurera elle-même la couverture des tournois ?

La question des droits est un sujet très compliqué. Il est vrai qu’aujourd’hui les circuits, European Tour et PGA Tour, réalisent eux-mêmes et nous achetons le droit de diffuser leurs images. Mais réaliser coûte extrêmement cher ! Aux Etats-Unis, les moyens sont monumentaux sauf qu’il y a plus de 25 millions de golfeurs ! Les coûts de production du golf sont de l’ordre de 1m$ pour un tournoi “classique”, et entre 2 et 3m$ pour un Majeur ou The Players. Pour payer cela, il faut savoir que toutes les 5 à 6 minutes, les américains ont “droit” à des spots publicitaires pendant 1 à 2 minutes ! C’est quasiment 1h de pub au total lors chaque tour retransmis.

Ce qu’on n’a pas sur Golf+ !

Exactement, nous avons beaucoup travaillé là-dessus pour occuper ces coupures pour nos abonnés tout en leur évitant en permanence des plans interminables sur le leaderboard ou le massif de fleurs près du club-house ! 🙂 Et en 2014, sur Golf+, nous avons proposé tout de même près de 1500 heures de direct.

Où peut-on encore innover en matière de retransmission ?

Mais on a déjà tellement fait pour le golf à la télévision. On ne se rend pas toujours compte mais, il y a encore 15 ans, on ne voyait simplement que les 4/5 derniers trous d’un tournoi. Aujourd’hui, tous les trous sont filmés et on peut suivre intégralement les dernières parties du 1 au 18. C’est certainement le sport qui a eu la progression la plus importante en matière de couverture télévisuelle. Quand on pense, encore une fois, aux moyens qu’il faut pour couvrir l’ensemble d’un parcours de golf ! J’attends aussi de voir ce que va donner la retransmission de l’US Open 2015 par la chaîne américaine Fox qui a beaucoup apporté dans d’autres sports US. En 2014, ils venaient d’acquérir les droits pour l’année suivante et ils ont fait une répétition générale “à blanc” de tout l’US Open ! Juste pour se tester…

Sur les réseaux sociaux, tu as un peu l’étiquette de “Monsieur-es-golf-US”, tu sembles incollable ?

Non je ne le suis pas. J’adore simplement cet aspect de mon métier qui nécessite de faire beaucoup de recherches, lire tout ce qui touche au sport et aux sportifs. Aux commentaires, nous sommes en équipe avec un consultant qui va, lui, apporter sa connaissance du jeu, de la tactique et de la technique. Je pense que mon rôle est de donner des informations complémentaires et que j’espère intéressantes pour le téléspectateur. Même si cela doit être une anecdote sur l’Open d’Hawaï de 2005! 🙂

Et puis récemment, une nouvelle casquette avec l’écriture d’un livre¹…

Sébastien Audoux Les plus beaux golfs de bord de merOui, c’était une expérience très enrichissante, j’y ai pris beaucoup de plaisir. Le projet, comme raconté dans la préface par François Roux, créateur de la chaine Golf+, est né après avoir joué l’Old Course de St Andrews (Écosse). François m’a proposé de faire découvrir quelques uns des plus beaux parcours de bord de mer, ces fameux links. Nous en avons sélectionné 50 et j’ai entrepris un travail de “rat de bibliothèque” ! 🙂 Il a alors fallu retrouver l’histoire de ces parcours, recouper certaines anecdotes et même contacter les architectes parfois.

¹ "Les plus beaux golfs de bord de mer" - Sébastien Audoux - Ed. du Chêne
Près de 300 pages et quasi autant de photos à légender, c’est un long travail ?

L’écriture s’est faite entre septembre 2013 et mars 2014 puis les allers-retours avec les corrections, l’impression et enfin la publication fin octobre . Pour certaines photos, seul le parcours était identifié. La tâche n’a pas toujours été simple pour la rattacher au bon trou ! 🙂 Mais j’ai adoré écrire et découvrir le processus d’édition.

Au point de recommencer ?

Pourquoi pas ! Oui, une suite cela me plairait bien.

Et avec tous ces projets, tu as encore le temps de jouer au golf ?

Pas vraiment, non. Je n’ai joué que 2 parcours cette année. Ceci étant dit, c’était le Royal Liverpool et Gleneagles. On va dire que je privilégie la qualité à la quantité ! 😉 Sérieusement, cela fait partie de mes (futures) résolutions pour 2015, jouer plus souvent. Même si j’avoue qu’entre suivre Tiger Woods, parmi le public, au Masters et jouer le parcours d’Augusta, je préfère la première option.

Tu as des joueurs préférés ?

En fait, mes “fétiches”, je ne leur porte pas chance. J’aimais beaucoup Anthony Kim (blessé en 2012 et disparu des fairways depuis) et Dustin Johnson (problèmes d’addiction). DJ est, à mon sens, l’un des rares joueurs qui peut gagner un tournoi sans être à 100%. Je l’ai “découvert” alors qu’il démarrait chez les professionnels, c’est un joueur vraiment impressionnant.

Et que penses-tu de nos français ? Tu as de bonnes relations avec eux ?

On a la chance d’avoir une génération assez exceptionnelle qui va certainement gagner encore de beaux tournois, et sans aucun doute même des Majeurs dans les prochaines saisons.
Oui, mes relations avec eux sont bonnes. Sur les tournois où je suis présent, je partage avec eux plusieurs trous dans leurs parties de reconnaissance. Et puis, sur les majeurs par exemple, on a la chance d’avoir Thomas Levet avec nous, ça nous aide. La communication entre eux et nous devient forcément plus facile quand Thomas est à nos côtés.

Pour conclure, des nouveautés à prévoir sur Golf+ en 2015 ?

Oui… Sûrement mais pour l’instant je ne peux rien dire ! 😉 Ce qui est certain, c’est que l’on va encore améliorer notre couverture du golf. Il y aura encore plus de directs. Pour le Masters, on diffusera cette année encore le flux de l’Amen Corner (enchaînement des trous 11, 12 et 13 à Augusta). Et puis Golf+ Hebdo offrira plus de sujets originaux, réalisés par les journalistes et équipes de la chaîne.

Je remercie chaleureusement Sébastien Audoux pour son accueil dans les locaux de Canal+, sa réelle disponibilité et son enthousiasme communicatif sur l’histoire du golf. À vous donner l’envie de vous refaire tous les majeurs de ces 20 dernières années ! 🙂

En toute sincérité, et pour en avoir commencé la lecture, je ne peux que vous recommander de vous faire offrir son livre pour Noël. En plus des photos magnifiques de links à travers le monde, vous y découvrirez des histoires qui ne pourront qu’entretenir votre passion pour le golf. 

 

 

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