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Masters d’Augusta : retour vers l’enfer !

Norman, McIlroy et Spieth en 2016 ont connu un dernier tour à Augusta qui les a fait chuter de manière mémorable alors que la victoire leur était acquise. Presque.

Il y aura eu Greg Norman en 1996, Rory McIlroy en 2011 et, désormais, Jordan Spieth en 2016. Autant d’éditions du Masters où le leader après 3 tours a caressé le tissu de la veste verte promise au vainqueur avant de rater les premières marches qui ramènent les joueurs vers le club-house et de chuter de manière spectaculaire. Spieth en est certainement la plus incroyable, car de ces 3 joueurs, il est le seul qui avait augmenté son avance sur ses poursuivants après les 9 premiers trous du dimanche quand les deux autres voyaient peu à peu leurs adversaires grossir dans le rétroviseur depuis le début de la journée. Jordan Spieth va réaliser 7 birdies sur la journée et le titre va tout de même lui échapper.

Trou 10 - Augusta National GC
Trou n°10 – Camellia

En fait, l’Amen Corner de l’Augusta National devrait être l’enchaînement des trous 10, 11 et 12 et non le 11-12-13 tant “Camellia” est le vrai début de la fin.
Historiquement, le Par4 du 10 est le trou le plus difficile du Masters avec une moyenne de 4.31. Cette année, lors du 4ème tour, il était même légèrement au-dessus avec 4.32, mais seulement classé handicap 5. La place de n°1 pour ce dimanche revient au Par4 du 11 (moyenne : 4.47) et celle de n°2 au Par3 du 12 ! Avec le 17 (Hcp 4/4.33), le retour proposait donc 4 des 5 trous les plus difficiles du parcours. Spieth les a tous perdu.

Quand Norman voyait son avance chuter de 5 coups, au départ du 1 le dimanche, à 2 coups après 9 trous, quand celle de McIlroy passait de 4 à 1 sur l’aller, l’avance de Spieth s’est creusée de 2 à 5 coups après qu’il ait magnifiquement maîtrisé l’aller en enfilant 4 birdies consécutifs du 6 au 9.

Plus dure est la chute !

Sur ce premier trou du retour, Spieth, avec un bogey, s’en sort toutefois mieux que McIlroy 5 ans plus tôt. Le Nord-Irlandais manquait son drive, finissant par toucher le green en 5 coups. Il lui faudra 2 putts de plus pour couvrir les 9m restants et ce triple bogey lui coûtera sa place de leader du tournoi.
Ce premier bogey du retour pour Spieth passe presque inaperçu car il se produit au même instant que le trou en un “billardesque” de Louis Oosthuizen. Danny Willet vient certes de réaliser un birdie au 13, il n’y a plus que 3 coups d’écart mais le vainqueur 2015 aborde le trou 11 où il a toujours fait le Par depuis le 4ème tour de 2014.

À un moment, j’ai dit à (mon caddie) Michael (Greller), je crois que nous sommes en train de perdre pied. Je voulais être totalement transparent avec lui sur ce que je ressentais, pour qu’il puisse agir de manière à nous relancer”. Jordan Spieth – 10 avril 2016 –

Pour la énième fois, sa mise en jeu n’est pas bonne mais, cette fois, la chance a tourné. La balle ne sera pas jouable pour attaquer le green sur son 2ème coup. Son petit jeu fantastique lui permet de s’offrir un putt de 2,50m pour sauver le Par.
Mais dans son dos, la clameur de la foule se fait entendre. Sur le green du 14, Willet enquille un nouveau birdie et passe -4. Le “Monsieur one-putt” d’Augusta, le champion du scrambling (Par ou mieux réalisé sans que le green soit touché en régulation -ndlr-) va manquer et enchaîner un second bogey pour tomber à -5.

Arrivé sur l’aire de départ du 12, la pression est forcément montée d’un cran mais il sait aussi que Willett joue 3 parties devant lui et qu’il aura aussi ses chances de scorer sur ces mêmes trous 13, 14 ou les suivants.
Il sait aussi que la veille, il était arrivé au 12 après un double bogey et avait fait birdie. Il n’a sûrement pas en tête la balle dans l’eau de Greg Norman en 1996 sur ce même Golden Bell qui lui avait coûté le leadership face à Nick Faldo. Mais le souvenir de 2014 a peut-être resurgi. Dans ce dernier tour, Spieth avait vu sa balle toucher le green avant de retomber dans le Rae’s Creek. Cette année, à peine son coup frappé, il regarde le sol, grimaçant, cherchant une “responsabilité” du terrain inexistante dans ce mauvais coup. Un coup similaire à celui de 2014.

Et puis l’incompréhensible. Son 3ème coup après pénalité.
Cette tête de club qui heurte le sol avant la balle. La “gratte” du joueur moyen, trop pressé d’observer le résultat et de juste constater les dégâts. La balle plonge dans le ruisseau. Un 5ème coup qui se doit alors de franchir l’obstacle et que la nervosité envoie dans le bunker derrière le green. On se demande encore, dans de telles circonstances, comment Spieth peut-il se sortir aussi parfaitement du bunker pour n’avoir qu’un putt d’un mètre derrière. Quadruple bogey. Renversant. Déchirant.

Mais ni son caddie, ni ses clubs ou son sac n’en feront les frais. Non, son rêve sera la seule chose brisée après un tel scénario catastrophe. Si l’homme ne peut qu’être anéanti, le joueur, lui, prend le dessus. La classe prend le dessus. Un chip pour eagle au 13 qui aurait souri dans d’autres temps, un putt de retour à 2m rentré sans trembler pour revenir à 3 coups de Willett passé -5 depuis le 16. Un Par au 14 et un nouveau birdie sur le Par5 du 15. Spieth saisit chaque opportunité que le retour offre sur les derniers trous. Alors que 3 trous plus tôt, personne ne voulait croire à l’improbable, tout le monde se met à rêver à l’impossible.

Lorsqu’il se présente au départ du 16, par 3 fois déjà au cours de la journée, le public a assisté à un trou en un. Shane Lowry, Davis Love III et Louis Oosthuizen ont sorti le “parfait chanceux” coup de golf. Spieth frappe. Il frappe bien même. Jordan qui crie souvent des ordres à sa balle une fois le coup donné, se contente de murmurer, lui soufflant de voler et de se poser là où il faut. La balle termine sa course à 1m50 du trou. Ce birdie est largement à la portée de son putter magique. Une routine toujours aussi précise que longue mais à cet instant personne n’oserait le lui reprocher. La balle passe au-dessus et ce ne sera qu’un Par.

2 coups de retard et 2 trous à jouer. L’américain ne veut pas lâcher. Cela ne suffit pas et le bogey du 17 offre définitivement la victoire à Danny Willett. Comme Norman et McIlroy avant lui, il a perdu le dimanche un Masters qui lui tendait les bras.
C’est vrai qu’on peut se dire qu’il a, lui, déjà remonté le 18 en savourant les frissons de revêtir la veste verte. Mais cela ressemble soudainement à une cruelle punition quand on sait que cette victoire implique de respecter la tradition du Masters: être celui qui passe la veste verte au vainqueur.

Le Masters ne débuterait que sur les 9 trous du retour le dimanche. Parfois, l’enfer aussi.

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