Avant de connaître l’identité des joueurs qui vont disputer la Ryder Cup 2018, il faudra longuement patienter. En revanche, la nomination des deux capitaines va intervenir dans les mois à venir. Pour l’Europe, les candidats sont nombreux, mais personne ne fait vraiment l’unanimité…
Avant de se lancer dans des spéculations sur l’identité du capitaine européen, posons déjà un premier débat : le rôle du “skipper”, comme disent les Anglo-Saxons, est-il déterminant en Ryder Cup ? A priori, non. En tout cas il est surévalué. Par le passé, certains capitaines ont semble-t-il été très bons, mais ils ont perdu (Curtis Strange côté américain en 2002, Bernard Gallacher – deux fois – côté européen). D’autres, au contraire, n’ont pas fait l’unanimité auprès de leurs joueurs, mais cela ne les a pas empêchés de soulever le trophée (citons le peu charismatique Ian Woosnam en 2006).
Il n’en reste pas moins que la grande histoire de la Ryder Cup s’est aussi faite autour des grandes et petites polémiques, autour des choix tactiques du capitaine. En 1999 à Brookline, l’Anglais Mark James s’était attiré les foudres des trois joueurs qu’il n’avait fait jouer qu’en simple. Le dimanche, les Américains étaient revenus de nulle part (4 points de retard). Les nettes défaites des trois bannis, le Suédois Jarmo Sandelin, l’Ecossais Andrew Coltart et notre Jean Van de Velde national, avaient pesé lourd dans la balance…
En 2004, le “cow boy” Hal Sutton s’était fait remarquer en associant en double Tiger Woods et Phil Mickelson, dont les relations ont toujours été très froides (euphémisme !). Echec sur toute la ligne, avec une équipe US plombée par les deux défaites en double de leurs têtes d’affiche dès le premier jour. Les exemples de “plantage” sont nombreux. Ils ont eu parfois des conséquences désastreuses, pour le résultat final comme pour l’image du décideur.
La palme revient sans doute à Nick Faldo, capitaine fracassé par tous en 2008. Le triple vainqueur du Masters s’est avéré beaucoup trop égoïste pour ce rôle, qui réclame la gestion d’égos surdimensionnés. Et on ne parle pas de l’importance d’avoir de bonnes relations avec les médias. Pas vraiment le truc de “Sir Nick”.
Sutton et Faldo, déclarés coupables
Bref, le choix du capitaine pour 2018 n’est pas anodin. Côté américain, Davis Love III pour rempiler, mais on ne serait pas surpris de voir Tiger Woods en personne à la tête des troupes américaines au Golf National. Tout dépendra des semaines à venir, où l’on saura s’il est encore capable d’être joueur. Ce dont j’ai peine à croire…
Quoi qu’il arrive on peut s’attendre à un “captain America” très charismatique. Qu’en sera-t-il côté européen ? Je me suis lancé au jeu des pronostics. Précisons que c’est un panel de six ou sept personnalités (anciens capitaines, joueurs de renom et le directeur exécutif du Tour européen, George O’Grady) qui désignera le leader du Vieux Continent. J’ai retenu six candidats. Les voici, par (mon) ordre de préférence.
José Maria Olazabal (à mes yeux le candidat idéal)
Pour : il parle français, il est connu et aimé en France, il est apprécié de tous, il reste sur une victoire inoubliable (le miracle de Medinah), il est une figure du golf mondial.
Contre : il n’a pas forcément envie de rempiler et le Tour européen semble vouloir privilégier l’alternance.
Chance d’obtenir le poste : 10%
Miguel Angel Jimenez
Pour : les joueurs européens l’adorent, le public aussi, il a du charisme, il n’a jamais été capitaine, il a souvent été brillant en Ryder Cup en tant que joueur.
Contre : son niveau d’anglais, avec un accent espagnol à couper au couteau, est un problème pour les cérémonies en tout genre et pour les médias Anglo-Saxons.
Chance d’obtenir le poste : 20%
Thomas Levet
Pour : un capitaine français en France, ce serait l’idéal pour nous, et Thomas, toujours enthousiaste, est aussi “Monsieur positif”.
Contre : il est un peu éloigné du Tour depuis quelques années, il n’a joué qu’une seule Ryder Cup, et il manque peut-être de prestance pour un événement de cette taille.
Chance d’obtenir le poste : 5%
Lee Westwood
Pour : une figure connue et reconnue du golf mondial, un passé en Ryder up qui impose le respect (10 participations, un record), une personnalité appréciée par tous les joueurs.
Contre : il n’est plus aussi compétitif que par le passé mais son orgueil le poussera sans doute à espérer une dernière sélection en tant que joueur.
Chance d’obtenir le poste : 10%
Padraig Harrington
Pour : un palmarès long comme le bras, avec notamment trois majeurs
Contre : personnalité un peu complexe, il est l’un des rares grands joueurs européens à ne pas avoir brillé en tant que joueur dans la compétition biennale, et comme Westwood, il espère sûrement une nouvelle sélection en tant que joueur.
Chance d’obtenir le poste : 15%
Thomas Björn (le favori pour la presse anglo-saxonne)
Pour : il est apprécié et respecté par l’ensemble des joueurs européens.
Contre : très peu charismatique, il ne fera sûrement pas un sujet au journal de 20 heures de TF1, et il peut-être un peu bougon parfois…
Chance d’obtenir le poste : 30%
Une possible surprise?
Le retour de Colin Montgomerie, Paul McGinley ou de Darren Clarke, ou la nomination d’un joueur sur le déclin tels Luke Donald ou Paul Lawrie.
Et vous, quel est votre favori ?