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Emilie Alonso: “Une grosse envie de jouer sur le LET!”

Avec enthousiasme, Emilie Alonso revient sur ses débuts aussi fulgurants que prometteurs alors qu'elle n'avait que 12 ans. Désormais professionnelle, elle entame cette année sa seconde saison sur le LET Access mais vise toujours le top mondial.

Précoce et talentueuse ne sont pas des qualificatifs superflus pour Emilie Alonso. À 10 ans, la niçoise interprète déjà au piano des concerto de Bach. À 12 ans, elle découvre le golf et descend 3.5 d’index en 1 an seulement! Emilie AlonsoReconnue alors comme un grand espoir du golf français, Emilie prend son temps, termine ses études aux USA et ne passera professionnelle qu’à 22 ans, début 2016. Elle entame cette année sa seconde saison sur le LET Access qui démarre ce week-end en France avec le Terre Blanche Ladies Open. Rencontre avec une joueuse prometteuse et une jeune femme enthousiaste.

Marc: De Nice à Valescure, il n’y a qu’un pas, comment t’es-tu retrouvée au Golf de Valescure ?

Emilie: En fait, à l’âge de 12 ans je cherchais un club avec une bonne école de golf et avec un très bon programme de travail, le tout dans une ambiance conviviale. Je suis alors allée faire quelques compétitions du dimanche un peu partout dans la région PACA (Monaco, St Donat, Golf de la Bégude, …). Un jour, j’ai croisé Jacqueline Baque, à l’époque la capitaine des équipes premières de Valescure, et là elle m’a dit : “ah mais Émilie, il faut que tu viennes absolument jouer avec nous à Valescure, on a une superbe petite école de golf, et comme ça tu pourras jouer avec nous dans les équipes.” Je me suis donc inscrite à Valescure et j’ai adoré l’enseignement proposé avec Patrick COTTON, qui, en fait à l’heure actuelle, est mon tuteur pour le Brevet Professionnel.
A partir de là, j’ai fait toutes les écoles de golf jusqu’à mes 18 ans, je suis montée en équipe première et, toutes ensemble, notre progression n’a été qu’incessante, 2ème division puis en 2006 1ere division. Depuis cette date, Valescure se maintient d’ailleurs au plus haut niveau. C’est sur, on ne peut pas trouver plus bel endroit pour commencer une carrière golfique, la sérénité y règne et c’est bien là l’essentiel.

Très tôt, tu es annoncée comme un grand espoir du golf (passée de 53.5 à 3.5 en 1 an), avec le recul, est ce que tu as ressenti une “pression” autour de toi?

La pression? Non, trop jeune je pense, et puis le golf est un jeu! A l’époque, j’avais 12 ans, et en 1 an j’ai eu la progression la plus fulgurante, mondialement connue, je suis même rentrée dans le livre des records pour ça! Mais non pas de pression. Au contraire, mes parents m’ont beaucoup soutenu, et continuent à encadrer mes entrainements. C’est bien grâce à eux et à l’entourage de mes différents coachs que j’ai pu progresser énormément et rapidement.
Quand on a un entrainement, bien encadré, avec des jeux, de la répétition dans l’exécution, etc., je ne pense pas qu’on puisse parler de pression. Lorsque on arrive sur le parcours et qu’on joue bien, et que les coups sortent comme on veut, les draws et les fades deviennent instinctifs, c’est plus de l’amusement et de la satisfaction. Au niveau amateur le fait de jouer pas mal de tournois, de bien se classer, permet et donne encore l’envie d’avancer et de progresser, et ce sans pression.

Est-ce une chose que tu ressens plus aujourd’hui ?

Evidemment maintenant que j’évolue dans le monde professionnel (depuis 2016), c’est un peu différent. Par exemple, au niveau budget on est un peu “ric-rac” nous les filles, nous n’avons pas beaucoup de sponsoring. Mais ce n’est pas pour autant qu’arriver au 1, il faut avoir d’office la pression du résultat. Face au tee, oui j’ai la pression, celle de l’envie de bien faire!
Tout le monde, au départ du 1, de chaque compétition stresse un petit peu mais si on fait le travail correctement lors des entrainements, je pense que les résultats ne peuvent être que positifs.
Lorsqu’on traverse une période de doutes, la pression existe aussi différemment et il faut savoir la gérer. Il faut arriver à se mettre dans une zone de plaisir et d’amusement qui, pour moi en tout cas, va me permettre de progresser au niveau supérieur.

Pourquoi ne pas avoir franchi le cap du professionalisme plus tôt?

De mes 12 à mes 16 ans, j’ai travaillé avec Benoit Ducoulombier. Il m’a vraiment porté toute ma carrière amateur si je peux dire, et puis ensuite la Fédération a redirigé ses choix vers d’autres joueurs. Donc de 16 à 18 ans, je n’ai plus eu vraiment d’entraineurs, j’ai tourné avec des coaches mais cela ne convenait pas vraiment avec mon style de jeu.
Quand à 16 ans, on n’a plus d’entraineur, le niveau baisse rapidement, parce qu’on ne se connaît pas aussi bien qu’à 20 ou 23 ans. Donc entre 16 et 18 ans, j’ai perdu un petit peu en qualité de jeu et je ne me sentais pas prête pour passer pro à 18 ans.
Passer les cartes, il faut être prête! Il ne faut pas y aller simplement pour voir, ça coûte beaucoup d’argent et d’investissement personnel. Il faut se dire, j’y vais pour faire un résultat!

Donc tu es partie aux USA. Pourquoi ce choix ?

J’ai trouvé que c’était un choix judicieux d’intégrer une des meilleures universités américaines, de me payer mes 4 années d’études, d’avoir une formation à côté et de pouvoir continuer à jouer au golf.
« ARIZONA STATES », actuellement encore classée n°5 en NCAA, est une des plus prestigieuses universités des États-Unis, je ne voyais pas pourquoi je me priverai d’un avantage comme celui-ci. Cela dit, tout n’était pas parfait, je trouve qu’au niveau encadrement cela aurait pu être un peu meilleur et, sur un plan golfique, j’ai peu progressé. En revanche, humainement parlant, cela a été vraiment bénéfique.
Tu me diras quand on se retrouve à 10.000 km de chez soi et que … on n’a pas de voiture, seulement un vélo, qu’il faut trouver un appartement au bout de la 2ème année, se trouver des meubles, gérer 6 autres filles qui sont dans ton équipe, de nationalités différentes, gérer l’anglais, et qu’après quelques jours de congés, tu reviens et qu’il n’y a plus d’électricité, que l’eau est coupée, qu’il est 3 heures du matin en France et qu’on ne va pas appeler ses parents parce que c’est la panique à bord, et bien là, oui tu prends beaucoup en maturité!! 🙂
C’est une étape qui m’a beaucoup servi et qui me sert encore aujourd’hui sur mes compétitions du LETAS et du LET. Certes, ce n’est pas à chaque fois un voyage de 10.000 km mais il faut savoir se débrouiller, avoir un bon sens de l’organisation pour ne pas être fatiguée, être au taquet pour une bonne récupération pour mieux gérer les tournois, et tout ça, je l’ai vraiment bien appris aux États-Unis. En bref, une expérience enrichissante.

Tu passes pro début 2016 avec une belle saison sur le LET Access (LETAS) où tu termines 8e mais seul le Top5 monte. Qu’est ce qui a manqué ?

Il y a toujours à redire de toute façon, une 8ème place à l’ordre du mérite du LETAS après la première année sur le circuit, je trouve ça très honorable, et 1ère française en plus! 🙂 , sachant d’où je venais sans avoir eu un vrai coach pendant longtemps derrière moi.
Aujourd’hui, je travaille avec Roger Damiano que j’avais croisé aux cartes en 2015 qui m’a dit: “Écoute Émilie, si tu veux voir ce que c’est un cours avec moi, tu viens, et ensuite tu me dis ce que tu en penses”. J’y suis allée et j’ai beaucoup aimé son approche, très proche et similaire de celle de Benoit (Ducoulombier), je m’y suis retrouvée, il y avait du boulot, pas un petit truc de 3 mois, c’était du lourd mais je devais le faire.
Le début n’a pas été simple, je n’étais pas prête à scorer. Certes, je faisais des Top20 mais je n’avais pas ce petit truc en plus qui faisait que j’aurais pu finir dans un top10. Ensuite, après être revenue des 4 semaines en Scandinavie, nous sommes allés avec Roger sur le parcours. C’était d’ailleurs une des premières fois qu’il venait sur le parcours avec moi, et il m’a dit un élément clé sur mon jeu… Je suis repartie en tournois et j’ai commencé à faire des Top10 à répétition.
Ça a été le déclencheur de ma saison, c’est ce qui m’a permis d’engranger un maximum de points et de finir la saison sur les chapeaux de roue. Oui, cela aurait pu arriver plus tôt dans la saison ou peut-être ne jamais arriver, mais j’ai eu la chance d’avoir ce déclic.
Maintenant si je fais un débriefing plus général, je dirai que le putting a été un petit peu défaillant en regard de performances précédentes. Dans ma carrière amateur, j’ai toujours très bien putté, j’ai repris un entrainement assidu et j’essaye de trouver des solutions pour permettre à mon putter de retrouver le droit chemin. 🙂

En fin de saison, tu enchaînes sur la finale des cartes européennes…

Il s’est passé beaucoup de choses aux cartes! (rires)
J’étais venue au Maroc pour la semaine du Brevet professionnel, en novembre, j’avais vu Thomas Brégeon, le préparateur physique ici à la FFGolf. Il m’a préparé un entrainement physique spécifique, un entrainement TPI. J’ai donc bossé beaucoup sur ça avant les cartes pour essayer de gagner en distance, parce que je savais qu’à SAMANAH et AMELKIS, plus on tapait fort, plus on avait un avantage sur les autres filles.
Je m’entrainais avec mon caddie à taper plus fort et plus mais il ne se passait rien, même la veille du tournoi, rien! Puis le jour du tournoi, j’ai gagné 20 m au Drive et 15m sur les fers! Là j’ai regardé mon caddie Steven et je lui dis : “mais 120 mètres, 120 mètres Steven ?? on tape quoi là ?? Théoriquement 120m c’est fer 8, on tape pitch? non non c’est pas possible, on peut peut-être taper un ¾ de fer 9 (rires)”.
Ça a été ça pendant les 4 jours, mais c’était super positif parce qu’en fait je me suis rendu compte que j’avais la possibilité de taper bien plus fort. Cela m’a donné l’opportunité de scorer bas les 2 premiers jours (71-70 à -3 total -ndlr)

La suite se passe pourtant moins bien (74-75)…

Ce qui a été défaillant, c’était mon putting car c’était la clé de ces 5 jours. Les 3 premiers jours, j’ai été 8 à 9 fois à moins de 5 mètres et je n’ai pas rentré un putt. Je pensais que mon approche de routine de putting était pourtant la bonne mais je n’ai toujours pas compris ce qui a bien pu se passer ce jour-là. En tout cas je sais que j’ai le potentiel de jouer bas, le jeu évolue chaque jour, il faut trouver les sensations et les exploiter au bon moment et continuer à avancer.

Comment abordes-tu 2017? Quel sera le planning?

Le planning est chargé! J’ai une catégorie 9 (catégorie partielle -ndlr) sur le LET, donc je suis à l’affût d’invitations, j’ai une grosse envie de jouer sur le LET, il faudra que je sois à 100 %. J’espère avoir les résultats, le LETAS c’est une étape mais c’est en progressant et en ayant des résultats sur le LET que mon jeu s’améliorera et me permettra d’avancer vers l’avenir que j’envisage Outre-Atlantique sur le LPGA.

C’est une année de Solheim Cup (aux USA en août). Quels souvenirs gardes-tu de ta participation à la Solheim Cup PING Junior en 2011 ?

C’était une émotion vraiment très particulière, un des plus beaux tournois que j’ai eu la chance de jouer jusqu’à ce jour. Toutes les joueuses de nationalités différentes pour représenter une seule et même “nation”: L’Europe ! C’était notre point commun pour cette semaine inoubliable, plus d’individualités, simplement une grande amitié entre joueuses d’une grande et belle équipe. On se battait contre les difficultés du parcours, une pression saine mais intense. Ce sont différentes énergies que l’on combine toutes ensemble pour ne faire qu’une pendant la compétition.
Une très belle expérience et un objectif pour jouer LA Solheim Cup!

Un pronostic pour celle à venir? Quelles francaises pourraient en être?

Pas vraiment de pronostic, non. À l’heure actuelle, je me concentre sur mes objectifs.
Karine Icher a encore et toujours le potentiel pour y participer, ainsi que Joanna Klatten et Gwladys Nocera, si elle continue, tout dépendra de leur forme ou niveau de jeu avant la sélection finale. Beaucoup de joueuses ont le niveau, on est pas à l’abri d’un exploit, par contre pour ma part, il ne me reste plus qu’à gagner tous les prochains tournois, donc ça va être un sacré challenge! (rires)

Quels sont les points forts et faibles du jeu d’Emilie Alonso?

Le putting a toujours été mon point fort mais l’année dernière j’ai vraiment surtout réussi à travailler sur la régularité de mon jeu, l’ensemble de mon jeu est assez correct.
La gestion des émotions est devenue également un point fort, j’ai fait un travail fondamental là-dessus l’année dernière, j’arrive à détecter quand je suis dans le rouge ou quand je suis dans le vert, quand je peux attaquer ou quand il faut que je sois un peu plus sur la défensive. On va louper des coups sur un parcours de golf, il faut l’accepter. Tout cela m’a permis de mieux gérer mes fins de tournois.
Pour les point faibles, ces 6 dernières années, j’avais tendance à arroser au Driving… 🙂
ça va quand même beaucoup mieux maintenant. Dorénavant mes stats au driving sont de 12 à 14 fairways touchés dans uen partie, et ça m’a sauvé des points.

On trouve quoi dans ton sac ?

Oh la la! Il y a beaucoup de choses dedans… Il y a surtout beaucoup de nourriture (rires)
Plus sérieusement il y a 9 balles, avec beaucoup de marqueurs, de toutes les couleurs, du Voltarène® et du Doliprane® en cas de coup de fatigue et douleurs, ça arrive quelques fois sur le parcours et on est bien content de pouvoir palier à ce genre d’imprévus.
Sinon les clubs, du pitch au 8 des S55, du 6 au 4 des G35 et pour le hybrides, bois5, bois 3 et Driver ce sont des G30, tout PING. La maison PING à toujours été présente depuis le début de ma carrière jusqu’à aujourd’hui

Pour terminer cet entretien, Emilie a répondu au Questionnaire In/Out de La Petite Balle Blanche version 2017: 9 questions “golf” et 9 questions “perso”.

  1. Droitière ou Gauchère? Droitière
  2. Practice ou parcours pour tes entraînements? Les 2 ! Il faut avoir une dose de practice pour pouvoir mettre la technique en place, et après le parcours pour voir si la technique est en place 🙂
  3. Driver ou Putter? Driver pour le show et le putter c’est pour la gagne (rires), donc je dirais putter
  4. Coup lobé ou roulé? Coup roulé sans hésitation
  5. Albatros ou trou en un? Ah je n’ai jamais fait d’Albatros donc Albatros
  6. Evian Champ ou British Open? Evian! Là où j’ai joué mon premier parcours, et c’est un tournoi qui me tient à cœur, il faut que je monte mon niveau de jeu afin de le jouer un jour, c’est quelque chose qui est en moi.
  7. JO ou Solheim Cup? Solheim cup
  8. Lydia Ko ou Brooke Henderson? Lydia ko
  9. LET ou LPGA? LPGA
  10. Chat ou Chien? Chien, j’ai eu 4 chiens maintenant 2 ! Ce sont mes bébés.
  11. Salé ou Sucré? Sucré complet
  12. Thé ou Café? Thé, jamais de café
  13. Plage ou Montagne? Plage avec un point de vue panoramique en montagne (rires)
  14. Netflix ou Cinéma? Netflix
  15. Musique Classique ou Pop? Les 2! Je suis née dans une famille de musiciens classiques, après quand je suis dans le sport, il faut que ça bouge pop rock.
  16. Piano ou Tennis? Piano
  17. Saint-Tropez ou Saint-Jean-de-Luz? Saint-Tropez. Je ne connais pas St-Jean, va falloir y penser
  18. Twitter ou Facebook? Facebook, jai un compte twitter mais jai encore du mal à m’en servir

Un grand merci à Émilie pour sa disponibilité et sa bonne humeur. Toute l’équipe LPBB adresse ses chaleureux encouragements pour toute la saison!

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