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Ryder Cup: I had a dream…

La Ryder Cup 2018, Guillaume en a rêvé, et nous le raconte. Ces lignes tiennent évidemment du fantasme. Faites-nous partager les vôtres…

La Ryder Cup 2018, c’est dans 200 jours. J’en ai rêvé, je l’ai couché sur papier. Ces lignes tiennent évidemment du fantasme. Faites-nous partager les vôtres…

Il est 16h54 sur l’horloge de la façade du Novotel de Guyancourt quand Victor Dubuisson s’avance, putter en main, vers son destin. S’il rentre ce putt de 3 mètres, il bat Phil Mickelson. Le gaucher américain a fait le par grâce à un chip “donné” sur le redoutable trou n°18 du National. Le Français, lui, a planté le mat, d’un coup de fer 8 magistral. Depuis quelques minutes, tout le monde sait que ce 28e et dernier match sera décisif. Dans la partie précédente, Gary Woodland a noyé son dernier drive pour offrir un nul inespéré à Paul Casey. L’Europe, menée presque toute la journée, a repris espoir. “Dubush” et “Lefty” tiennent le sort de la Ryder Cup entre leurs mains. Quoi qu’il arrive, la 42e édition de la rencontre biennale aura dépassé toutes les espérances, en termes de spectacle, d’ambiance et de suspense. Surpassé le miracle de Medinah. Ridiculisée la “War by the shore” de Kiawah Island. Eclipsé le bouillant public latin de Valderrama. Plusieurs matchs resteront à jamais dans l’histoire. “C’est la plus grande Ryder Cup à laquelle j’ai jamais participé“, diront de concert Tiger Woods et Phil Mickelson, malgré l’amertume de la défaite.

Car oui, Victor Dubuisson va rentrer son putt. Le silence de cathédrale qui a précédé sa frappe de balle laisse place à une formidable clameur, entendue jusqu’aux Champs-Elysées par les automobilistes parisiens. Tel Florian Thauvin lors de son but victorieux en finale de la Coupe du monde, le Marseillais Alexander Lévy sprinte vers son ami, le regard possédé. Il est le premier à se précipiter dans les bras d’un Victor dont les yeux étaient déjà embués avant que sa balle ne disparaisse dans le trou. Puis viennent Rory, Sergio, Justin, Rafa… La joie collective est indescriptible, les chants se succèdent, le champagne coule à flot, les larmes de joie aussi. Même le taciturne capitaine Thomas Björn se laisse aller et se retrouve torse nu. Lui et ses joueurs prennent le temps de saluer un à un les vaincus, avant de plonger comme un seul homme dans l’obstacle d’eau qui borde ce green transformé en boîte de nuit. Contrairement à Thomas Levet lors de sa victoire à l’Open de France, tout le monde en ressort ivre de bonheur, mais indemne…

Dubuisson, l’humour en plus

C’est le plus beau jour de ma vie. Je crois que je vais désormais jouer au golf toutes les semaines pour retrouver mes copains du Tour. Finie la pêche en mer !“, s’amusera plus tard Victor, hilare et bavard comme jamais devant la presse. Rétrospectivement, le héros du jour a dû se pincer pour y croire. Absent des fairways jusqu’en juin, le Cannois n’a dû sa place dans l’équipe que par la grâce d’une wild-card, attribuée par Thomas Björn suite à sa victoire au HNA Open de France. Également troisième de l’Open britannique, Dubuisson est devenu le premier joueur de l’histoire à disputer la Ryder Cup avec seulement deux tournois au compteur dans la saison. Et c’est lui qui donne la victoire aux Bleus. Un scénario de fou…

Le rêve de Pascal Grizot et de la FFGolf est donc devenu réalité, ce dimanche 30 septembre. Au-delà de toute espérance. Les 700 000 licences sont en vue. A vrai dire, avant même de débuter, cette Ryder 2018 était déjà une réussite. Deux Français dans l’équipe européenne, on n’avait jamais vu ça.

Alex Lévy avait, lui, conquis sa place aux points, de haute lutte, en remportant le BMW Championship à Wentworth et le Scottish Open. Puis Jim Furyk, le capitaine US, avait entériné une dernière bonne nouvelle : une wild-card pour Tiger Woods, vainqueur de son 15e tournoi majeur à l’USPGA, alors qu’une enième douleur au dos l’avait éloigné du PGATour juste après sa 5e place au Masters. Même les journaux télé français en ont fait leurs Unes. Tiger, Phil, Rory, Sergio, Rickie, Bubba, Victor, Alex, tous au National, quelle affiche !

Et le spectacle sportif, lui, a été grandiose. Le vendredi, le premier coup, un fer 2 frappé par Justin Thomas, a fendu le fairway en deux, sous les yeux d’Emmanuel Macron, arborant une casquette “Tous au golf !”. Le président français, collé à Barack Obama et Donald Trump, n’a pas manqué une miette du wedge rentré directement par Tommy Fleetwood sur ce trou inaugural. 1up Europe, devant un public en délire. Le premier homme de France applaudit à tout rompre l’exploit d’un petit Anglais et chambre même son voisin Barack ! Trump l’a mauvaise, lui… Quant au partenaire de Tommy, “Dubush”, il va prendre le match en main, malgré la pression de jouer en première partie devant son public. Certes, Björn avait un peu déçu les fans français en n’associant pas Victor et Alex, “mais l’émotion aurait été trop forte pour eux“, comme l’expliquera plus tard le Danois.

Tiger, l’Albatros

L’eagle de Fleetwood s’est avéré une mise en bouche parfaite pour le festin qui a suivi. Pêle-mêle on citera : trois trous en un (deux sur le n°16 signés Mickelson le vendredi et Jordan Spieth le samedi, et par Sergio Garcia le dimanche, sur le n°2), un Albatros, le tout premier de l’histoire en Ryder Cup (frappé par Tiger sur le n°3 pour laminer Tyrrell Hatton en simple), et évidemment l’inoubliable sortie de bunker rentrée par Lévy sur le n°18, le samedi soir, pour arracher un nul de folie face à Brooks Koepka et Bubba Watson. Avec une balle pluggée… Les Américains étaient pourtant “dormie 4” dans ce double, mais trois birdies de suite de Justin Rose et l’exploit du Marseillais ont tout changé. Même le bon Laurent Delahousse a ouvert son journal de 20h avec ce coup de génie !

Parmi les autres ingrédients qui ont contribué à faire de cette Ryder Cup un chef d’œuvre absolu, on citera une météo de rêve, un parcours et une organisation au plus-que-parfait, un incroyable geste de fair-play, l’attitude exemplaire du public et un épisode médical qui a parachevé la dimension dramatique de l’événement. La météo d’abord. Trois jours sans nuage, 20°C pour le premier drive le vendredi à 8h30 du matin, des maximales à 25°C, que demander de mieux. Le parcours ensuite : le superintendant Alejandro Reyes et ses équipes ont réussi leur pari. “Les greens étaient dignes d’Augusta“, applaudit Bubba Watson. “Tous ces obstacles d’eau sur le final, c’est comme cela qu’on teste les meilleurs joueurs du monde“, apprécia Justin Thomas, qui promit même de revenir en 2019 pour l’Open de France. Quant à l’organisation, elle fut sans faille. La menace d’une grève des transports avait été levée au dernier moment, avec l’intervention providentielle du secrétaire général du syndicat des cheminots, un passionné de golf, index 9,2 selon nos informations. Ouf…

Et puis il y a eu cet épisode étonnant, le samedi lors des quatre balles, entre la paire Fowler/Thomas et le duo nordique Stenson/Noren. All Square après 17 trous. Capitaines, joueurs et les caddies sont tous massés autour du green. Alex Noren enquille 8 mètres et signe le birdie. Délire dans la foule ! Justin Thomas manque sa tentative, il reste Rickie Fowler, à 2 mètres du trou. Mais l’Américain ramasse sa marque ! Incompréhension totale dans les deux camps. Fowler explique, candide, qu’il pensait que Noren avait sauvé le par. La règle aurait dû apporter le point à l’Europe. Mais Henrik Stenson s’avance vers Fowler et lui indique de replacer sa balle. L’Américain le remercie et enquille. Huit partout entre l’Europe et les Usa après les doubles. “Je ne voulais pas qu’on gagne sur une distraction de l’adversaire, c’était un formidable combat qui méritait mieux que ça“, justifia “Ice man”. “Compte tenu de l’enjeu, c’est le plus beau geste de fair play que j’ai jamais vu“, commenta le grand Jack Nicklaus, qui s’y connaît dans ce domaine

Rahm, génie de la dramaturgie

On en avait déjà beaucoup vu à ce stade du week-end, mais il fallait bien que le dimanche du “Natio” ne ressemble à aucun autre dimanche de Ryder Cup. Il y a donc eu l’Albatros de Woods, auteur d’un incroyable coup de bois en slice de 255m. Sa romance naissante avec Adriana Karembeu, aperçue à l’intérieur des cordes, fit aussi l’actualité…. Il y a eu la défaillance de “captain america” Patrick Reed, qui menait 3up face à Alex Lévy à quatre trous de la fin, avant d’expédier une balle dans l’eau au 15, 16 et 18. Et il y a eu la blessure au poignet gauche de Jon Rahm. Enlisé dans le terrible rough de gauche du n°17, le colosse espagnol tente un coup de fer 8 impossible. Les ligaments lâchent. Après 15 minutes d’interruption et de soins, le vainqueur de l’US Open doit se rendre à l’évidence. Il est 1up et il va devoir jouer le trou 18 d’une seule main, ou presque. Il fera le par et poussant trois fer 9 et un putt. Dramaturgie absolue…

Enfin, s’il fallait citer, au-delà du sport, la plus grande réussite de cette Ryder Cup en France, ce serait celle du public. Sans craindre les débordements des spectateurs américains constatés à Brookline à Hazeltine, on ne s’attendait pas, il faut bien le dire, à une attitude aussi parfaite que celle des 90 000 fans qui ont défilé sur l’Albatros pendant trois jours. Du bruit, de la fureur même à chaque trou gagné par les Européens. Des spectateurs mutiques et figés avant chaque coup des deux camps. Pas une sonnerie de téléphone. Pas de “heckler“. Des applaudissements, des vivas même pour les birdies américains. Et des “olas” inoubliables dans l’arène qui entoure le départ du trou n°1. “J’ai vu toute sorte de public bouillant dans ma carrière, en Ryder Cup ou ailleurs. Celui-là est le meilleur“, applaudira Jim Furyk, malgré son immense déception.

Le dernier mot revient à Sergio Garcia, le talisman du “Team Europe”. En remportant ses cinq matchs, il a non seulement palié à la fatigue de McIlroy et à la relative méforme de Rose et de Stenson, mais il a assis son statut de pilier des Bleus. Avec désormais un total de 27,5, il a aussi pulvérisé le record de points inscrits par un Européen, en l’occurrence celui de son vieil ennemi Nick Faldo (25). “Avoir mon premier enfant, conserver mon titre au Masters, c’était déjà beaucoup pour un seul homme. Mais ce que je viens de vivre ici, avec ce public, avec mes onze amis pour la vie, ça dépasse l’entendement. Vive la France !

Et c’est là que je me suis réveillé…

Les résultats
Vendredi 28 septembre

Foursomes
Dubuisson/Fleetwood b. Thomas/Fowler 2&1
Spieth/Harman b. Rose/Hatton 4&3
Johnson/Mickelson b. McIlroy/Rahm 1up
Cabrera Bello/Garcia b. Kuchar/Woods 5&4
Europe 2 Etats-Unis 2
Fourballs
Woods/Thomas b. Noren/Stenson 1up
Spieth/Woodland b. Hatton/Casey 2&1
Garcia/Rahm b. Mickelson/Johnson 1up
Levy/Rose c. Koepka/Watson All Square
Europe 3,5 Etats-Unis 4,5

Samedi 29 septembre
Foursomes
Dubuisson/Fleetwood c. Johnson/Mickelson All Square
Cabrera Bello/Garcia b. Spieth/Harman 3&2
McIlroy/Ram b. Kuchar/Woods 1up
Thomas/Fowler b. Rose/Hatton 2up
Europe 6 Etats-Unis 6
Fourballs
Spieth/Reed c. Levy/Rose All Square
Garcia/Rahm b. Watson/Koepka 1up
Johnson/Kuchar b. McIlroy/Casey 1 up
Thomas/Fowler c. Stenson/Noren All Square
Europe 8 Etats-Unis 8

Dimanche 30 septembre
Simples
Garcia b. Johnson 2&1
Thomas b. McIlroy 5&4
Spieth b. Stenson 2up
Fowler b. Noren 3&2
Woods b. Hatton 6&5
Rose c. Kuchar All Square
Levy b. Reed 1up
Fleetwood b. Koepka 3&2
Rahm c. Watson All Square
Cabrera Bello b. Harman 2up
Casey c. Woodland All Square
Dubuisson b. Mickelson 1up
Europe 14,5 Etats-Unis 13,5

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