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Arnaud Maurin, clubmaker et fitteur, rejoint LPBB

Arnaud est clubmaker et fitteur et rejoint LPBB pour partager ses connaissances et son savoir-faire avec tous les amateurs de matériel. Interview.

Le blog continue d’ouvrir ses portes à tout rédacteur en herbe ou confirmé. Il y a quelques jours, Arnaud Maurin nous a contacté car il a découvert LPBB et a été séduit par notre site et l’aventure qui y est attachée. Passée la surprise que certains ne nous connaissent pas encore 😉 , nos avons été flattés qu’Arnaud ait envie de participer. Flatté et intéressé car Arnaud est clubmaker et fitteur. Autant dire que partager ses connaissances et (un peu de) son savoir-faire sur LPBB est une chance pour tous les lecteurs amateurs de matériel. Partons à la rencontre d’Arnaud.

Bonjour Arnaud, dis-nous en un peu plus sur toi ? 

arnaud maurin - Itw LPBBEt bien je pense être un artisan dans l’âme, c’est à dire que j’ai toujours aimé mettre en pratique (souvent les mains dans le cambouis) les idées, les théories que j’ai pu rencontrer, apprendre et assimiler. Et c’est d’ailleurs ce que j’aime tant dans mon métier : le fitting (théorie) ne peut, selon moi, aller sans la pratique (le making).

Ces deux métiers ne font qu’un, ils se nourrissent et s’enrichissent mutuellement. A ce propos , le poil me hérisse de plus en plus quand je vois sur YouTube ou ailleurs des « coachs » ou « fitters », certes très bon golfeurs, qui font des milliers de vues sur le matériel de golf en racontant tout et n’importe quoi, sans avoir jamais monté ou démonté un club de golf de leur vie !

Pêle mêle sinon, avant d’être clubfitter et clubmaker, j’ai été photographe de Noir & Blanc (tirages argentiques dans ma salle de bains !), j’ai travaillé dans des agences de design et d’architecture, et j’ai été professeur d’anglais et de communication. J’ai fait mes études en partie à Nantes et dans l’Ohio. Un cursus assez atypique, je pense !

Aujourd’hui, à 48 ans, je pense avoir vraiment trouvé le parfait équilibre dans ce métier (pourtant difficile et très méconnu en France) car il me permet de développer pleins de connaissances et d’expériences accumulées depuis mon plus jeune âge.

Depuis quand le golf et pourquoi ?

J’ai débuté le golf à 12 ans à Agen (Lot & Garonne) sur un petit 9 trous avec la demi-série de ma mère qui avait abandonné le golf. C’est un enseignant espagnol (proche de Ballesteros) qui m’a appris les bases du swing.

Vers 14 ans, le choix pour les clubs se résumait à des lames Spalding de la taille d’un timbre poste d’un côté, et des PING Eye 2 « pelles à tarte » de l’autre. J’ai opté pour des lames, montées sur des Dynamic Gold R300 (avec le recul ça me semble surréaliste) mais à 16 ans, j’étais 8 d’index.

On était une bande de copains et on se tirait la bourre, l’un étant même passé pro mais hélas un accident de voiture a stoppé net son parcours. A 18 ans j’ai arrété le golf à cause de mes études (manque de temps et d’argent) et ne l’ai repris que vers 35 ans, en tombant par hasard sur mes vieux Spalding dans un placard.

J’ai beaucoup travaillé et suis descendu à 3,5 d’index en quelques années, ce qui m’a permis de jouer en équipe et c’est là que j’ai fait les rencontres décisives pour me lancer dans mon métier actuel, notamment avec un anglais de très haut niveau (Champion de France Senior par équipe).

Je pense que j’aime et aimerai ce sport jusqu’à la mort car c’est un miroir de notre personnalité. Le golf selon moi est une parfaite illustration de cette phrase que j’aime tant : « ce qui compte ce n’est pas d’atteindre le haut de la montagne, mais c’est la découverte du chemin pour y aller ».

J’ai été membre de plusieurs golfs de la région (Gironde) mais aujourd’hui mon activité ne me permet plus que de faire un parcours de temps en temps, et de taper quelques balles au practice. J’ai totalement arrété la compétition et ça ne me manque pas. Jouer pour s’amuser, voir de beaux paysages, faire de la marche, ça reste déjà pas mal.

Mais les choses pourraient changer car mes deux enfants (7 et 10 ans) se sont fabriqués leurs clubs sur mesure avec moi pendant le confinement (un putter et un sand wedge pour démarrer) et il me semble que le virus est en marche. J’ai vraiment envie de les accompagner et m’amuser avec eux.

Tu es donc devenu clubmaker en 2012, raconte-nous ton histoire ?

Ah, c’est une longue histoire, et je suis bavard… mais je vais essayer de la faire courte.

En 2011 le hasard de la vie a fait que j’ai rencontré des personnes passionnées de matériel, qui m’ont donné envie de creuser le sujet. Moi qui pensais savoir beaucoup de choses sur le matériel, je me suis rendu compte que je n’y connaissais rien ! De fil en aiguille, j’ai trouvé ce que j’appellerai les « vrais experts » en matériel et croyez moi, ils sont peu nombreux.

Dans le même temps je voulais me faire faire un driver sur mesure alors j’ai contacté un clubmaker à Toulouse qui m’a dit prendre sa retraite … le reste s’est fait très vite. J’ai racheté son atelier, il m’a enseigné les bases du métier et je me suis lancé dans des heures et des heures de recherches et de lecture sur le sujet.

9 ans plus tard, je continue d’apprendre des choses sur le fitting et le making, et il n’est pas une semaine sans que je contacte un de ces experts « vétérans » pour une question en particulier ou un cas de golfeur en particulier qui nécessiterait un type de club avec un réglage bien spécifique.

Comment un objet d’apparence si simple peut être si complexe est quelque chose qui ne cesse de m’étonner !

Ma quête est celle du (des) club(s) parfait(s) pour chaque joueur que je rencontre. Et chaque rencontre est unique. Il m’arrive de passer une journée entière pour un fitting de fers mais quand on voit, au bout, le résultat et le sourire du golfeur, cela vaut toutes les peines du monde ! Mais je ne vais pas me plaindre, je connais certains clubmakers qui passent 3 ou 4 jours avec un joueur de haut niveau rien que pour un fitting de fers.

Tu nous as proposé des contributions, quels seront tes sujets de prédilection sur LPBB ?

Tout ce qui touche au matériel bien sûr, à l’innovation (en distinguant les « fausses » innovations ou gimmicks marketing des « vraies » innovations des fabricants), tout ce qui permet de mieux performer et pourquoi…

Je suis quelqu’un d’extrêmement ouvert et je ne fais pas de rétention d’information. Autrement dit, je suis heureux de partager mon savoir faire et répondre à toutes les questions que les golfeurs se posent sur leur matériel. Et si je suis bloqué sur une question, je saurai trouver la bonne personne pour y répondre !

On trouve quels clubs alors dans ton sac ?

Mon sac a peu évolué, même si là à 48 ans, je pense que je vais devoir y passer ! En deux ans je suis passé de 112mph au driver à 98mph … une catastrophe !

Il y a donc :

  • un driver WISHON 919THI de 9° (que je vais passer à 11°) avec un shaft Aldila Synergy Blue 60S que je vais devoir changer également. Montage à 44,5” et d’autres réglages que je garde pour moi !
  • un bois 3 WISHON 929HS de 14° que je vais changer par un bois 4 de 16,5° …
  • mon club préféré : un fer 2 « driving iron » WISHON 590diH pour des mises en jeu sécurisées
  • pour les fers : une série VEGA que j’ai « mixé » : du 4 au 6 des cavity back et du 7 au PW des lames (muscle back) montées sur des shafts Project X 95 6.0 « flighted » qui ne sont plus fabriqués … eux aussi sont à changer !
  • pour les wedges : une trilogie de VEGA 50/54/58 avec des grinds et des bounce différents
  • pour le putter : un vieux RIFE maillet en aluminium …

Ton meilleur souvenir golfique ?

Oui, j’ai un très beau souvenir parce que ce fut une belle leçon de golf.

Il y a quelques années, en compétition fédérale, je me pointe sur un parcours que je n’avais jamais joué et pourtant réputé ultra vallonné, avec pleins de trous en aveugle. C’est la seule fois où mon épouse m’a cadeyé, et l’humeur était donc à la cool : je ne m’attendais vraiment à rien, surtout pas à scorer. Et en plus il pleuvait et il y avait plein de vent ! J’ai donc joué coup après coup de façon très détachée sans me soucier du score (mon épouse notait les scores sur la carte).

Arrivé au green du 15, où je venais d’enquiller un super birdie de 10 mètres, mon Capitaine d’équipe vient me voir et me demande à combien j’en suis. Je savais que je jouais bien mais je n’avais aucune idée de mon score. Je lui dis donc : demande à ma femme !

Et là j’entends mon Capitaine dire « +2 ? tu es à +2 ? mais c’est le meilleur score de la journée ! »

A partir de là, j’ai fini par double bogey, bogey, double bogey. 🙂

Tes 3 partenaires de rêve pour une partie amicale ?

Sans hésiter : Lee Trevino (pour ses blagues), Fred Couples (pour sa fluidité intemporelle) et Seve Ballesteros (pour son petit jeu de magicien).

Un mot pour nos lecteurs du blog ?

Selon Nick Faldo (3 Masters et 3 Bristish Open), 90% des golfeurs amateurs jouent avec du matériel inadapté. Le chiffre est peut être un peu élevé aujourd’hui, mais il me semble proche de la réalité des golfeurs qui viennent me voir. Allez, je dirai qu’au moins 50% des clubs composant un sac de golfeur sont inadaptés… ou en tout cas, pourraient être vraiment optimisés (ce qu’on appelle le rétro-fitting).

Arnaud Maurin

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