On les voit sans vraiment les voir. Et pourtant ! Partenaire, conseiller, confident et souvent ami du joueur professionnel, le caddy vit dans l’ombre du golfeur. Olivier Elissondo, caddy de Thomas Levet, a accepté de prendre quelques minutes pour répondre aux questions de La Petite Balle Blanche sur son métier et son quotidien.
On dit toujours qu’il n’y a pas de bons professionnels sans un bon caddie, qu’en penses-tu ?
Oui et non, c’est le joueur l’ultime décisionnaire… (Silence) C’est une question honnête mais difficile pour une première question (rires). Disons que nous faisons partie de la performance mais nous ne sommes pas indispensables !
Qu’entends-tu par “pas indispensable” ?
En fait, nous sommes une toute petite part de la performance, une petite tête pensante pour aider, comme un coach. On est là pour écarter du mental du pro toutes les petites ondes négatives.
Comment devient-on caddy de golf professionnel ? Y-a-t’il une quelconque formation à suivre ?
Non pas du tout ! Tout est une question d’opportunités, ce sont beaucoup de circonstances hasardeuses. J’étais ancien joueur et, un jour, j’ai croisé Grégory Bourdy qui m’a proposé d’être son caddie sur quelques tournois lorsqu’il était sur le Challenge Tour. Finalement, on a fait une quinzaine de tournois la 1ère année. Beaucoup plus tard, j’ai rencontré Thomas et, depuis, la roue tourne bien ! Il faut dire qu’on travaille dans l’ombre du joueur et finalement très peu de personnes sont intéressées par ce métier en fait.
Justement, ce n’est pas dérangeant de rester dans l’ombre ?
Non pas vraiment. Les 3/4 des caddies que nous sommes, nous n’aimons pas vraiment être mis en avant. Evidemment, tout dépend des différentes personnalités de mes collègues, moi, en l’occurrence, ça ne me dérange pas.
Entre collègues-caddies du circuit, vous donnez-vous des conseils ?
Oui, je suis souvent en contact avec les autres caddies français. On s’entraide, si on voit un détail quel qu’il soit sur le carnet de notes ou sur le parcours, on le partage ! En tous cas, ce n’est pas chacun pour soi !
Que penses-tu de ton métier ? Quel intérêt y trouves-tu ?
Comme je le disais plus tôt, on fait partie de la performance et on ressent donc la même excitation et l’esprit de compétition lorsqu’on aborde les tournois. En plus, ce métier vous permet de côtoyer tous les joueurs, on a envie de les suivre. Et puis c’est super de jouer sur de magnifiques parcours et de participer à des tournois que, d’habitude, je suivais à la TV. On a la chance d’y être, c’est vraiment excitant !
Et aujourd’hui, tu es avec Thomas Levet…
Encore une opportunité qui s’est présentée. Après 9 ans avec Grégory Bourdy, nous finissions le dernier Tour en Écosse en 2012 je crois. A l’aéroport, j’ai croisé Thomas, il cherchait un caddie, et voilà ! Après j’ai vraiment eu envie de travailler avec Thomas, ça ne s’explique pas.
Quelle est votre entente et votre stratégie avec Thomas ?
Tout se passe vraiment très bien avec lui, la preuve ce soir on mange ensemble (rires) ! Je le rejoins à Cap-Breton, où il suit sa rééducation. On n’a pas de contrat spécifique ensemble. On s’entend très bien. En plus, il a une telle expérience que c’est facile de travailler avec lui, il sait prendre ses responsabilités.
[blockquote style=”1″]On ne manque pas de jeunes joueurs de talent. Le golf français se porte bien ! – Olivier Elissondo[/blockquote]Après Thomas, te sens-tu en mesure de suivre un joueur du Top10 mondial ?
Oui tout est possible… Mais je pars avec un handicap : la barrière de la langue ! (rires)
Plus sérieusement, à l’heure actuelle, je me concentre sur mon job avec Tom. A vrai dire, je ne sais même pas si après ma collaboration avec Thomas, je continuerai ou pas. En fait, je n’y pense pas à l’idée d’être caddie de joueur du top 10 !
Quels sont les objectifs futurs d’Olivier Elissondo ?
Ce sont un peu les mêmes que les joueurs finalement ! Gagner des tournois, repartir à la Race (Race To Dubaï), jouer des majeurs (ça, c’est excitant) et pour finir gagner la Ryder Cup comme tout pro en rêve !
Et la vie d’Olivier Elissondo, sorti du golf ?
À la maison, déjà ! Je joue au golf, si, si ! (rires) Je joue avec la famille et les amis mais seulement en dilettante, pas de compétition. Mais, en général, mes loisirs ne tournent pas autour du golf, lorsque je suis à la maison, le “bureau”, je le mets de côté. J’essaie de passer plus de temps avec mon amie car on ne se voit pas beaucoup. Je fais aussi de la photo, une vraie passion !
As-tu déjà pensé à ta reconversion ?
Plus ou moins… Lors d’une saison pleine, tout est ok. Mais il arrive aussi que l’on fasse des saisons mauvaises et là pour le caddie financièrement, c’est beaucoup plus dur, il faut bien vivre ! En tout cas, la reconversion se fera certainement autour du golf.
Quel est le parcours préféré d’Olivier Elissondo ?
Le National (Golf National, parcours de la Ryder Cup 2018 -ndlr). Pour plusieurs raisons : le dessin, la qualité et la difficulté du parcours.
Et donc, pour finir, comment vois-tu la Ryder 2018 en France ?
Déjà, ça va être fabuleux et grandiose, le parcours s’y prête déjà beaucoup. Ce sera également un plus pour le développement du golf, on a encore beaucoup à faire en France pour cela ! Après, il faudrait qu’on ait une locomotive et, je crois qu’on l’a avec Victor Dubuisson. Il va donner un grand coup de main au golf français. En plus, on ne manque pas de jeunes joueurs français de talent, j’ai fait les cartes avec Édouard Espana. Il ne va pas tarder à briller, mais il y en a tant : Lévy, Wattel, et j’en oublie plein. Le golf français se porte bien !
Un grand Merci à Olivier Elissondo pour cette interview. Vous pouvez retrouvez Olivier sur Twitter (@elish64).
Très belles fêtes de fin d’année à toutes et tous !
