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Pourquoi les américains ont perdu la Ryder Cup 2014…

Une 8ème défaite sur les 10 dernières Ryder Cup, les USA ne trouvent plus la clé du succès. Pourquoi ?

S’il existe un réel “effet Ryder Cup” sur le nombre de licenciés de golf, il est vraisemblable que les États-Unis ne vont pas constater des chiffres à la hausse ces prochains mois. La Ryder Cup 2014, 40ème édition de cette compétition, vient de se terminer sur une 3ème défaite consécutive de la bannière étoilée et la 8ème sur les 10 dernières épreuves. Une seule victoire des américains dans ce 21ème siècle, chez eux dans le Kentucky, en 2008. Puisqu’il est inconcevable de remettre en cause la qualité des joueurs américains, il est toutefois légitime de se demander si leur approche de l’évènement n’est pas la source de leurs échecs répétés tant la Ryder Cup est une compétition de golf à part.

Ryder Cup 2014 : les raisons d’y croire…

Ils avaient pourtant rappelé Tom Watson au capitanat, le dernier homme à les avoir emmenés vers le succès sur le sol européen (1993) et surtout le vainqueur de 5 British Open dont 4 en Écosse ! Sans conteste, l’homme de la situation… Jusqu’à dimanche soir.
Watson avait sélectionné Keegan Bradley parmi ses 3 choix pour reconstituer le duo détonnant avec Phil Mickelson. Celui qui avait apporté 3 points sur 3 possibles en 2012. Et ils étaient même rassurés de l’absence de Tiger Woods parce qu’ils jouaient mieux en équipe sans lui, après tout Tiger était absent lors de leur dernière victoire.

Tom Watson
Tom Watson

Certes, les européens trustaient 4 des 6 premières places du classement mondial avec McIlroy, Garcia, Stenson et Rose mais, en moyenne, le classement des 12 américains (16.3) était meilleur que celui des hôtes (19.9). De plus, le moins bien classé côté USA, Webb Simpson (33è), était devant 3 européens : Gallacher, Poulter et Westwood.

À tout cela, s’ajoutaient pêle-mêle que l’équipe américaine comportait plus de vainqueurs de majeurs (6 contre 4), que le Poulter de 2012 avait perdu de sa splendeur, que le parcours, parce que dessiné par Jack Nicklaus, était plus favorable aux joueurs évoluant régulièrement sur le PGA, soit la totalité de l’équipe des USA contre seulement quelques unités côté Europe, ou encore que leurs rookies (Walker, Spieth et Reed pour cette année) obtiennent généralement de meilleurs résultats que leurs homologues en Ryder Cup.

On ne peut reprocher aux USA leur relative confiance (surtout à posteriori) et puis autant ne pas jouer la compétition si vous pensez la perdre. Mais au lendemain de cette nouvelle défaite, l’heure est au mal de crâne et aux reproches particulièrement ciblés sur l’attitude de leur capitaine et la stratégie adoptée.

Quelque le soit le sport, l’histoire se répète invariablement : en cas de défaite, l’entraîneur, le coach ou ici le capitaine est le premier responsable. Pourtant à bien y regarder, ou même de très loin, Tom Watson n’a pas vraiment eu un club en main ce week-end !
Ses choix ? Il a associé 2 rookies quand, très souvent, un duo est formé entre un débutant et un joueur d’expérience en Ryder Cup. Résultat : la paire Reed/Spieth a apporté 2.5 sur 3 possibles. Pour les foursomes du 2è jour, il a reconduit 7 des 8 joueurs du matin. Ces derniers avaient remporté la session 2.5 à 1.5 et leur seule défaite était due à un niveau de jeu exceptionnel du duo Stenson/Rose.

12 joueurs d’une équipe ne font pas une équipe de 12 joueurs

Phil MICKELSON
Phil Mickelson

L’expérimenté Phil Mickelson qui jouait sa 10ème Ryder Cup a tiré le premier sur son capitaine en reprochant l’absence de plan et le manque de concertation avec les joueurs. Difficile de ne pas y voir autre chose que de l’amertume d’un perdant et aussi un peu de vexation d’avoir dû rester sans jouer une journée complète (le samedi) pour la 1ère fois de sa carrière.

Pourtant, un tel joueur dans une équipe doit être un vrai plus, un relai sur le terrain et son rôle doit être de tirer l’équipe vers le haut, si ce n’est par ses performances dans le jeu, au moins par le respect et l’écoute qu’il peut légitimement avoir. L’a-t-il eu ce rôle auprès de ses partenaires ? A-t-il “pris sous son aile” les jeunes de l’équipe comme l’a fait un McDowell avec Dubuisson ? Au lieu d’accuser le coup, n’aurait-il pas dû mettre ses camarades dans les meilleures dispositions ? Afficher haut et fort que l’on doit être au départ, c’est exprimer indirectement à ceux qui jouent qu’on ne leur fait pas confiance !

Gagner des compétitions ne se résume pas à gagner des matches. Le match n’est qu’un alibi à la construction. Comment associer les individus, comment les amener à collaborer, comment faire pour que des joueurs individuellement brillants puissent ensemble réaliser des performances ? – Claude Onesta (Entraîneur de l’équipe de France de Handball)

Ryder Cup 2014
Alex Ferguson et l’équipe européenne

Dans tout sport d’équipe, l’entraîneur se repose en partie sur ses cadres pour accompagner les “nouveaux” et les aider, par exemple, à gérer leur stress lié à la découverte de l’événement.

À mon sens, l’erreur des américains est de considérer la Ryder Cup comme une épreuve où des golfeurs individuels sont dans une même équipe quand l’Europe l’appréhende comme une équipe disputant une compétition de golf. Paul McGinley a choisi Alex Ferguson (entraîneur de renom de Manchester United – Football – avec 38 titres à son actif) pour délivrer un message de motivation auprès des européens. Pour les USA, le choix s’est porté sur 2 soldats de la guerre en Irak et leur éternel sens du patriotisme. Jouer et gagner pour son pays n’est pas la même chose que jouer pour ses partenaires et gagner ensemble…

L’approche individualiste de la compétition par les américains leur laisse même à penser que la 3ème journée leur est plus favorable. Dans ces face-à-face du dernier jour, le talent individuel de chacun de leur joueur peut faire et fera la différence. En fait, c’est arrivé seulement 2 fois (2008 et 2010) sur les 7 dernières éditions incluant cette Ryder Cup 2014 !

Alors maintenant que le capitaine qui les avait fait gagner en terre européenne “a échoué”, les regards sont braqués sur celui qui les a fait gagner tout court la dernière fois : Paul Azinger. Mais quand 12 hommes attendent d’un seul qu’il les mène à la victoire, là où, côté européen, le capitaine fédère ses 12 joueurs en une équipe pour l’emporter, la désillusion américaine risque d’être au rendez-vous de 2016… Encore.

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