Que vous suiviez le golf de près, et même d’un peu plus loin, il semble difficile de passer à côté de l’actualité de cette semaine. La Ryder Cup, 40ème du nom, démarre ce jeudi 25 septembre à Gleneagles en Écosse. Une compétition si particulière parce que, déjà, elle n’a lieu que tous les 2 ans, en alternance sur chacun des 2 continents, et surtout elle offre une approche collective d’un sport individuel par excellence. Une équipe de 12 joueurs parmi les meilleurs américains du moment affronte ses homologues européens pendant 3 jours de passions, d’engouements et de spectacle… A l’opposé des stéréotypes régulièrement accolés à la petite balle blanche !
Cette épreuve, créée en 1927, était à l’origine une confrontation entre les États-Unis et la Grande-Bretagne et ce jusqu’en 1971. Au cours de ces 19 “Ryder Cup”, les USA ont gagné 15 fois le trophée et l’ont conservé une fois (en cas d’égalité parfaite, le tenant du titre garde la coupe). Entre 1973 et 1983, les 6 “Ryder Cup” sont encore tombées dans l’escarcelle de l’équipe d’outre-Atlantique malgré les joueurs irlandais autorisés à intégrer l’équipe britannique dès 1973 puis tout joueur européen à partir de 1979.
1985 sera un tournant de l’histoire de cette compétition. Sur le parcours du Belfry Wishaw, en Angleterre, l’Europe est sacrée pour la 1ère fois. Depuis, le vieux continent a gagné 8 fois, conservé 1 fois le trophée (1989) pour seulement 4 défaites (1991, 1993, 1999 et 2008). Même si l’Europe a pris régulièrement le dessus ces 30 dernières années, c’est sans aucun doute le fait qu’aucune équipe ne peut être assurée de la victoire avant le début de chaque opposition que la Ryder Cup suscite un tel enthousiasme du public.
La Ryder Cup n’est plus ni moins que l’un des 3 plus grands évènements sportifs en terme de suivi médiatique avec la coupe du monde de football et la finale du Super Bowl (football américain) ! Pourtant, on parle ici de golf, ce jeu que certains peinent encore à appeler sport, cette même discipline qui traine toujours son lot de clichés (pour les vieux, les riches, …).
Quand le golf devient collectif
Oui mais voilà, la Ryder Cup s’est doté d’un pouvoir d’attraction phénoménal en intégrant les valeurs de cohésion, de solidarité, d’esprit d’équipe inhérentes à tout sport collectif. Elle a surtout repris un concept universel et clé du succès dans le sport : le sentiment d’appartenance. Faire partie d’un même groupe, d’une même communauté encourageant son équipe. La force de la Ryder Cup est de n’opposer, du premier jour au dernier, que 2 équipes, telle une finale qui démarre le vendredi et se conclut le dimanche.
Ici, personne n’en vient à encourager l’un des 2 adversaires par défaut, parce que son équipe de cœur s’est fait éliminer plus tôt. Non. Ici, dès le début, vous êtes USA ou vous êtes EUROPE. Ce choix, vous devez même le faire sur la page d’accueil du site web officiel de la Ryder Cup où vous entrez soit par la porte de l’équipe américaine, soit par celle de l’équipe européenne.
La Ryder Cup réveille certes l’esprit supporter qui sommeille en chacun des 60 millions de golfeurs dans le monde mais c’est bien plus que cela. Avec une audience potentielle, selon la PGA, autour de 500 millions de téléspectateurs à travers 183 pays, cette compétition attire les amateurs du sport en général.
Passionnément Ryder Cup
D’abord parce que le concept est relativement simple : 28 matchs sur 3 jours où chaque victoire apporte 1 point à l’équipe vainqueur et un match nul donne 0,5 point à chaque équipe.
Les vendredi et samedi, 16 parties (2×8) opposent 2 américains à 2 européens sélectionnés par leur capitaine respectif. Le dimanche, chacun des 12 joueurs d’une équipe affronte un de ses homologues. Le choix de la formule “Match Play” permet également d’être plus accessible aux “non-golfeurs” : un match est gagné lorsqu’un (ou 2) joueur(s) d’une équipe a remporté plus de trous que son (ses) adversaire(s). Une partie se jouant sur 18 trous, un score d’égalité est donc possible.
Avec 28 points en jeu, la Ryder Cup revient à l’équipe qui atteint 14,5 points. Là encore, une égalité parfaite (14-14) étant possible, ce cas de figure observé deux fois dans l’histoire (1969, 1989) permet au tenant du titre de conserver le trophée.
Bien que généralement le golf dégage une image de conformisme et de tranquillité que les mauvaises langues déclinent volontiers en ennui, la Ryder Cup bouscule les idées préconçues et offre le spectacle de supporters bouillants, voire excités, hurlant avant et après chaque coup, des spectateurs dans les tenues les plus extravagantes et des joueurs exhortés par l’ambiance et l’enjeu.
Et si dans un premier temps, la Ryder Cup avait interdit aux spectateurs sur place de faire un usage des photos prises sur site à travers les réseaux sociaux, cette annonce n’aura duré qu’une semaine devant le caractère incongru d’une telle interdiction. Hormis le fait que contrôler les quelques 50.000 personnes attendues chaque jour relevait d’une mission pour Ethan Hunt, la compétition et l’évènement dans sa globalité n’ont que tout à gagner dans le développement de leur notoriété et de leur visibilité grâce à la viralité de Twitter, Facebook, Instagram et consorts.
En cette fin de semaine, à quelques unités près, l’élite du golf mondial est donc réunie en Ecosse, sur le parcours de Gleneagles, Par72 de 6623m. Les européens sont tenants du titre et les USA n’ont plus gagné en Europe depuis 1993. Dans le coin rouge, les 12 américains et dans le coin bleu, les 12 européens : choisissez votre camp et bonne Ryder Cup ! 🙂
