En janvier 2015, toute la famille enthousiaste quittait Paris pour s’installer à Stockholm, capitale du pays de Madame. Pour diverses raisons, je me suis posé la question de poursuivre l’animation de ce blog “La Petite Balle Blanche”. Mais, après tout, je rejoignais la Suède, un pays dont la culture golf est bien plus développée qu’en France et l’environnement pouvait être propice à alimenter ce site. Bien m’en a pris.
Mark Twain aimait à dire : “le golf est une agréable promenade gâchée par une petite balle blanche” mais je dois avouer que, le 4 septembre 2015, cette petite balle blanche a été pour le moins… salvatrice.
En mai 2015, “fort” de mes accréditations presse obtenues à domicile par le passé avec l’Open de France ou encore l’Evian Championship, je tentais (avec succès) ma chance d’obtenir une nouvelle fois le précieux sésame pour la seule manche du circuit européen en Suède avec le Nordea Masters.
Re-belote, 3 mois plus tard avec le Helsingborg Open, épreuve du Ladies European Tour. Malgré les 600 kms qui séparent Stockholm de Helsingborg, je voulais saisir l’occasion de rencontrer les joueuses françaises avec qui j’avais pu échanger parfois sur les réseaux sociaux et continuer de promouvoir le golf féminin trop dans l’ombre à mon goût.
Après une belle première journée à suivre et interviewer les tricolores, j’arrive tôt le lendemain pour assister au départ matinal de Marion Ricordeau depuis le trou n°10. Alors que les 3 joueuses s’apprêtent à jouer leur second coup sur ce Par5, je suis pris d’une très violente douleur à la poitrine. Je décide de me rendre jusqu’à la tour TV installée près du green pour m’asseoir et attendre que ça passe. Cela ne passera pas.
Les souvenirs sont brumeux et incertains mais je me rappelle un médecin au-dessus de moi avec des secouristes. Je me rappelle (et je remercie encore) Marion Ricordeau, rencontrée seulement la veille, qui avait pourtant quitté ce green du 10 depuis plusieurs minutes, et qui est revenue me voir en plein dans sa partie pour me parler. Je me rappelle être emmené dans une ambulance. Je me rappelle un premier hôpital (Helsingborg). Je me rappelle la douleur qui vous apprend ce que veut dire 11 sur une échelle de 10. Je me rappelle un second hôpital (Lund/Malmö). Je me rappelle devoir m’exprimer en anglais pour être compris. Je me rappelle avoir eu peur. Je me rappelle une secouriste à qui je demandais si ça allait aller et qui m’a répondu : “we will do our best!” …
Je me souviens ensuite vaguement d’un réveil et d’avoir parlé à ma femme, sans être absolument certain de ne pas l’avoir rêvé. Il s’était déjà écoulé 24 heures. J’ai repris réellement connaissance le dimanche matin.
Plus tard, j’ai appris que j’avais eu une dissection aortique. Le chirurgien qui m’a opéré le vendredi vers midi, pendant 5 heures, me racontera ce qu’il s’est passé et ce qu’il a fait, sans pouvoir toutefois expliquer pourquoi c’est arrivé. Il me dira surtout que le temps a été déterminant et que si j’étais arrivé entre ses mains 2 heures après, cela aurait été sans doute trop tard…
Si cette douleur était apparue, ne serait-ce qu’une heure plus tôt, alors que j’étais dans ma voiture, en chemin pour Helsingborg, si je n’avais pas été sur un parcours de golf, lors d’un tournoi professionnel, où une équipe de secours étaient présente, et surtout si le médecin sur place n’avait pas fait le diagnostic exact aussi rapidement, l’histoire aurait été radicalement différente. Sans happy end. En ce vendredi 4 septembre 2015, pour le coup, j’aurais raté le cut définitivement !
Ce n’était donc pas mon heure. Ma passion du golf et mon envie de le partager avec le plus grand nombre sur ce site de “La Petite Balle Blanche” ont contribué à me sauver la vie. Un an plus tard, il était important pour moi de marquer le coup et de parler de ceux qui l’ont fait assurément, d’évoquer ces personnes qui m’ont pris en charge, accompagné et sauvé dans cet instant critique.
Anders Dagfält, le premier médecin sur place, Arash Mokhtari, le chirurgien du service Chirurgie Thoracique et toute son équipe, les ambulanciers, les infirmières des soins intensifs et tout le personnel de l’hôpital de Lund au dévouement exceptionnel. Tous ces hommes et ces femmes qui m’ont offert une seconde vie. Je leur renouvelle mes plus profonds remerciements même si de tels mots ne peuvent exprimer avec force et intensité la reconnaissance infinie que j’ai pour chacune et chacun d’entre eux.
Grâce à eux, le golf est une agréable promenade qu’une petite balle blanche vient rendre encore plus belle.
Hier, 4 septembre 2016, je suis allé jouer au golf. 🙂