Autant vous le dire tout de suite, je n’ai pas eu le courage d’aligner quatre nuits blanches pour suivre les exploits de Victor Dubuisson et Romain Langasque, brillants deuxièmes à la coupe du monde par équipes, à Melbourne. Mon “magnéto” (on n’appelle plus ça comme ça mais peu importe) a tourné à plein régime. Et j’ai eu raison. Car quand je dis “suivre”, c’est un bien grand mot. Le réalisateur de ce tournoi avait visiblement deux obsessions : montrer chaque coup des équipes chinoises et américaines et les beautés touristiques de l’état de Victoria. Pour le reste, on n’était pas loin du désastre.
Les Espagnols et les Français étaient dans la dernière partie le vendredi ? Rien à faire. On a dû voir trois coups de fer en direct de ces deux équipes pendant cinq heures de retransmission. Pour le reste, quelques putts enregistrés ici et là alors que le tableau de score nous avait précédemment ôté le suspense, et c’est à peu près tout. Le type aux manettes avait des moufles. Ou alors il connaissait l’intérêt des médias français pour ce sport…
Un visionnage en accéléré m’a permis de mieux avaler la pilule, mais comme l’on dit à l’antenne les excellents commentateurs de Golf Plus, @ThierryDavid67 et @XanthopoulosJ, “il y a des places à prendre comme réalisateur” du côté de l’Australie.
Soyons honnêtes, ce genre de désagrément est devenu assez rare. Depuis que je regarde le golf derrière les écrans, c’est-à-dire depuis plus de 20 ans, la qualité des retransmissions a fait un énorme bond en avant. Parlons d’abord des commentateurs, sur les chaînes françaises en particulier. André-Jean Lafaurie et Bernard Pascassio ont été des précurseurs sur Canal Plus (je n’oublie pas les premiers frémissements aperçus dans les années 80 sur Antenne 2, et un Jean-Louis Calméjane appliqué mais un peu caricatural), mais leurs successeurs, et en particulier des jeunes comme Sébastien Audoux, ont vite été plus pointus et moins désuets. Aujourd’hui, les hommes derrière le micro de Golf Plus tiennent vraiment la route, sauf un peut-être…
Mon top 5 des commentateurs/consultants
Selon moi, un bon commentateur de golf, c’est à la fois un journaliste rigoureux (qui bosse ses fiches donc), un expert (reconnaître le swing d’un joueur au premier coup d’œil, maîtriser son background, connaître les règles, les circuits, les palmarès…) et une voix enthousiaste. Dur d’écouter un croque-mort pour faire vivre un sport qui manque parfois de mouvement, reconnaissons-le… Il faut aussi, et c’est important, ne pas être distrait. Rien de pire qu’un joueur confondu ou qu’une annonce de tentative de birdie, alors que le joueur en question tente en fait de sauver le par, et que l’on a oublié le recentrage diffusé 10 minutes plus tôt… Sans parler des “private jokes” à répétition. C’est malheureusement une (double) spécialité du commentateur “numéro un” de Canal Plus.
Un bon consultant, ce n’est pas forcément un ancien joueur, même si cela peut aider à parler des parcours ou du caractère des joueurs. Cela peut être un simple technicien, car l’essentiel de son job est de pouvoir expliquer la difficulté d’un coup ou les caractéristiques d’un swing. Mais il doit, lui aussi, être enthousiaste, rigoureux, précis, attentif. A la fin de ce post, j’ai osé (plus bas) un top 5 des commentateurs et consultants que je connais. Je vous laisse faire le vôtre.
Tout ça pour dire que dans un sport hyper spécialisé, dont les règles sont compliquées et dont la “géographie” des événements est difficile à gérer, il convient d’être très pointu. Le Masters d’Augusta offre peut-être la meilleure couverture télé d’un événement sportif, en particulier le dimanche. Pas de coupure de pubs. Pas de coups importants qui échappe au direct. Pas de plans interminables sur des joueurs qui calculent leurs distances. On pourrait ergoter sur le fait que ce tournoi n’offre pas les avancées technologiques qui font le bonheur du PGA Tour et de l’European Tour, comme le fameux ProTracer.
https://www.youtube.com/watch?v=OymnCtvyaE4
Mais n’oublions pas que sur le site officiel, on peut “tracker” en images d’animations les coups de chaque jouer en quasi direct. La classe.
Les autres progrès nécessaires au bon suivi d’un tournoi de golf, ce sont bien sûr les hommes de terrain, équipés d’un micro HF. Ils sont parfois autorisés à marcher à l’intérieur des cordes. C’est un vrai plus. Fabrice Tarnaud est excellent dans ce rôle pendant l’Open de France, pour détailler le lie d’une balle, le sens du vent. Tout comme Thomas Levet pendant les tournois du Grand Chelem, même s’il y avait un souci lors de la dernière Ryder Cup. Le bon Thomas laissait trop souvent son micro ouvert, et comme il y avait un décalage entre l’image reçue en France et le son de son micro, on savait à l’avance si le putt allait rentrer ou non. Fâcheux, mais pas trop grave quand même.
Pour les très grands fans de golf, dont je fais partie, l’avenir, ce sont les fameux “featured groups“. Sur internet, moyennant quelques dollars, vous pouvez suivre en intégralité les deux premiers tours des principaux joueurs. Du coup, même si votre joueur favori n’est pas Américain ou qu’il est un peu loin du haut du leaderboard, vous êtes sûrs de ne rater aucun de ses coups. Il y a aussi les “near live”, proposés notamment sur le superbe site web du Masters. Ils vont encore se développer, sur Twitter et ailleurs, malgré des problématiques de droit. C’est le sens de l’histoire…
Il y a sûrement d’autres évolutions, d’autres technologies, que j’oublie, qui sont apparues récemment pour améliorer la couverture des tournois de golf. Mais on n’est sans doute pas au bout de nos bonnes surprises. Je suis persuadé qu’un jour, l’offre internet nous permettra de suivre en intégralité les coups d’un joueur de notre choix, sur l’ensemble d’un tournoi. Je suis persuadé que bientôt, on pourra suivre sur quatre canaux télévisuels les quatre matchs de double de la Ryder Cup, en direct. Le golf est l’un des sports qui a fait le plus d’efforts pour améliorer sa retransmission audiovisuelle. Et ce n’est sans doute pas fini. Car les fans sont exigeants…
Mon top 5 des commentateurs
1) Ewen Murray (Sky Sports)
2) Sébastien Audoux (Golf +)
3) Jim Nantz (CBS)
4) Thierry David (Golf +)
5) Ken Brown (BBC)
Mon top 5 des consultants
1) Colin Montgomerie (Sky Sports)
2) Julien Xanthopoulos (Golf +)
3) Johnny Miller (NBC)
4) Jean Van de Velde (Golf + et Sky Sports)
5) Christophe Muniesa (Golf +)
Mon top 5 des hommes de terrain
1) David Feherty (ex CBS)
2) Peter Kostis (Golf Channel)
3) Fabrice Tarnaud (Golf +)
4) Roger Maltbie (NBC)
5) Thomas Levet (Canal +)
Golf et télé, qualité exigée
Autant vous le dire tout de suite, je n’ai pas eu le courage d’aligner quatre nuits blanches pour suivre les exploits de Victor Dubuisson et Romain Langasque, brillants deuxièmes à la coupe du monde par équipes, à Melbourne. Mon “magnéto” (on n’appelle plus ça comme ça mais peu importe) a tourné à plein régime. Et j’ai eu raison. Car quand je dis “suivre”, c’est un bien grand mot. Le réalisateur de ce tournoi avait visiblement deux obsessions : montrer chaque coup des équipes chinoises et américaines et les beautés touristiques de l’état de Victoria. Pour le reste, on n’était pas loin du désastre.
Les Espagnols et les Français étaient dans la dernière partie le vendredi ? Rien à faire. On a dû voir trois coups de fer en direct de ces deux équipes pendant cinq heures de retransmission. Pour le reste, quelques putts enregistrés ici et là alors que le tableau de score nous avait précédemment ôté le suspense, et c’est à peu près tout. Le type aux manettes avait des moufles. Ou alors il connaissait l’intérêt des médias français pour ce sport…
Un visionnage en accéléré m’a permis de mieux avaler la pilule, mais comme l’on dit à l’antenne les excellents commentateurs de Golf Plus, @ThierryDavid67 et @XanthopoulosJ, “il y a des places à prendre comme réalisateur” du côté de l’Australie.
Soyons honnêtes, ce genre de désagrément est devenu assez rare. Depuis que je regarde le golf derrière les écrans, c’est-à-dire depuis plus de 20 ans, la qualité des retransmissions a fait un énorme bond en avant. Parlons d’abord des commentateurs, sur les chaînes françaises en particulier. André-Jean Lafaurie et Bernard Pascassio ont été des précurseurs sur Canal Plus (je n’oublie pas les premiers frémissements aperçus dans les années 80 sur Antenne 2, et un Jean-Louis Calméjane appliqué mais un peu caricatural), mais leurs successeurs, et en particulier des jeunes comme Sébastien Audoux, ont vite été plus pointus et moins désuets. Aujourd’hui, les hommes derrière le micro de Golf Plus tiennent vraiment la route, sauf un peut-être…
Mon top 5 des commentateurs/consultants
Selon moi, un bon commentateur de golf, c’est à la fois un journaliste rigoureux (qui bosse ses fiches donc), un expert (reconnaître le swing d’un joueur au premier coup d’œil, maîtriser son background, connaître les règles, les circuits, les palmarès…) et une voix enthousiaste. Dur d’écouter un croque-mort pour faire vivre un sport qui manque parfois de mouvement, reconnaissons-le… Il faut aussi, et c’est important, ne pas être distrait. Rien de pire qu’un joueur confondu ou qu’une annonce de tentative de birdie, alors que le joueur en question tente en fait de sauver le par, et que l’on a oublié le recentrage diffusé 10 minutes plus tôt… Sans parler des “private jokes” à répétition. C’est malheureusement une (double) spécialité du commentateur “numéro un” de Canal Plus.
Un bon consultant, ce n’est pas forcément un ancien joueur, même si cela peut aider à parler des parcours ou du caractère des joueurs. Cela peut être un simple technicien, car l’essentiel de son job est de pouvoir expliquer la difficulté d’un coup ou les caractéristiques d’un swing. Mais il doit, lui aussi, être enthousiaste, rigoureux, précis, attentif. A la fin de ce post, j’ai osé (plus bas) un top 5 des commentateurs et consultants que je connais. Je vous laisse faire le vôtre.
Tout ça pour dire que dans un sport hyper spécialisé, dont les règles sont compliquées et dont la “géographie” des événements est difficile à gérer, il convient d’être très pointu. Le Masters d’Augusta offre peut-être la meilleure couverture télé d’un événement sportif, en particulier le dimanche. Pas de coupure de pubs. Pas de coups importants qui échappe au direct. Pas de plans interminables sur des joueurs qui calculent leurs distances. On pourrait ergoter sur le fait que ce tournoi n’offre pas les avancées technologiques qui font le bonheur du PGA Tour et de l’European Tour, comme le fameux ProTracer.
https://www.youtube.com/watch?v=OymnCtvyaE4
Mais n’oublions pas que sur le site officiel, on peut “tracker” en images d’animations les coups de chaque jouer en quasi direct. La classe.
Les autres progrès nécessaires au bon suivi d’un tournoi de golf, ce sont bien sûr les hommes de terrain, équipés d’un micro HF. Ils sont parfois autorisés à marcher à l’intérieur des cordes. C’est un vrai plus. Fabrice Tarnaud est excellent dans ce rôle pendant l’Open de France, pour détailler le lie d’une balle, le sens du vent. Tout comme Thomas Levet pendant les tournois du Grand Chelem, même s’il y avait un souci lors de la dernière Ryder Cup. Le bon Thomas laissait trop souvent son micro ouvert, et comme il y avait un décalage entre l’image reçue en France et le son de son micro, on savait à l’avance si le putt allait rentrer ou non. Fâcheux, mais pas trop grave quand même.
Pour les très grands fans de golf, dont je fais partie, l’avenir, ce sont les fameux “featured groups“. Sur internet, moyennant quelques dollars, vous pouvez suivre en intégralité les deux premiers tours des principaux joueurs. Du coup, même si votre joueur favori n’est pas Américain ou qu’il est un peu loin du haut du leaderboard, vous êtes sûrs de ne rater aucun de ses coups. Il y a aussi les “near live”, proposés notamment sur le superbe site web du Masters. Ils vont encore se développer, sur Twitter et ailleurs, malgré des problématiques de droit. C’est le sens de l’histoire…
Il y a sûrement d’autres évolutions, d’autres technologies, que j’oublie, qui sont apparues récemment pour améliorer la couverture des tournois de golf. Mais on n’est sans doute pas au bout de nos bonnes surprises. Je suis persuadé qu’un jour, l’offre internet nous permettra de suivre en intégralité les coups d’un joueur de notre choix, sur l’ensemble d’un tournoi. Je suis persuadé que bientôt, on pourra suivre sur quatre canaux télévisuels les quatre matchs de double de la Ryder Cup, en direct. Le golf est l’un des sports qui a fait le plus d’efforts pour améliorer sa retransmission audiovisuelle. Et ce n’est sans doute pas fini. Car les fans sont exigeants…
Mon top 5 des commentateurs
1) Ewen Murray (Sky Sports)
2) Sébastien Audoux (Golf +)
3) Jim Nantz (CBS)
4) Thierry David (Golf +)
5) Ken Brown (BBC)
Mon top 5 des consultants
1) Colin Montgomerie (Sky Sports)
2) Julien Xanthopoulos (Golf +)
3) Johnny Miller (NBC)
4) Jean Van de Velde (Golf + et Sky Sports)
5) Christophe Muniesa (Golf +)
Mon top 5 des hommes de terrain
1) David Feherty (ex CBS)
2) Peter Kostis (Golf Channel)
3) Fabrice Tarnaud (Golf +)
4) Roger Maltbie (NBC)
5) Thomas Levet (Canal +)
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