Mardi dernier, 6 octobre, le danois Thomas Bjørn a été nommé Capitaine de l’équipe européenne pour la Ryder Cup 2018 par le comité de sélection de la Ryder Cup. Celui-ci était composé des anciens capitaines de Ryder Cup Europe, Darren Clarke (2016), Paul McGinley (2014) et José Maria Olazabal (2012) ainsi que de Keith Pelley, le patron de l’European Tour, et Henrik Stenson, membre du comité de l’European Tour.
Le danois a réalisé toute sa carrière en Europe. Il remporte la saison 1995 du Challenge Tour et le titre de Rookie de l’année la saison suivante après une victoire notamment au Loch Lomond World Invitational, connu désormais comme le Scottish Open. Avec 21 victoires professionnelles au compteur, Bjørn a été appelé 3 fois en équipe européenne pour affronter les américains.
3 participations et 3 victoires: 1997, 2002 et 2014. Il a également été retenu comme vice-capitaine de Langer (2004), Montgomerie (2010), Olazabal (2012) et Clarke lors de la dernière édition. 2016 est donc la seule fois où il a connu la défaite.
Tony Jacklin peu enthousiaste par une Ryder Cup en France
Ce choix a été globalement approuvé par le milieu professionnel qui reconnaissent en Bjørn son sérieux, son investissement constant sur le Tour Européen et le fait qu’il soit respecté par les joueurs.
On peut penser, de l’extérieur, qu’il ne s’entendra pas facilement avec tout le monde, mais en réalité il a beaucoup d’humour, de charisme, et il en impose par la régularité de sa carrière et son palmarès. C’est un bon choix pour les joueurs de la future équipe, car il va tout faire pour apprendre à les connaître et être bien avec eux. Raphaël Jacquelin
Parmi les réactions et félicitations qui ont fait suite à cette annonce, il en est une qui n’a pas (encore?) fait de bruit en France et pourtant!
L’anglais Tony Jacklin, membre de toutes les équipes européennes entre 1967 et 1979, puis capitaine par 4 fois dont lors du 1er succès depuis 28 ans de l’Europe en 1985, a également apporté son soutien à Thomas Bjørn: “Thomas (Bjørn) est très proche des joueurs et il a l’expérience nécessaire pour ce rôle. Je ne peux pas imaginer quiconque y voit un mauvais choix. Mais dans la foulée, il a quelques interrogations sur la France comme pays hôte de la compétition: La seule réserve que j’ai est liée au fait que la compétition se déroulera à Paris, et, toutes proportions gardées, le golf est un sport minoritaire en France. Vous aimez penser que jouer à domicile est un avantage important et, en 2018, je ne suis pas certain que ce soit le cas.”
Il poursuit ainsi: “Quand la Ryder Cup se joue en Grande-Bretagne, l’équipe européenne bénéficie d’un soutien énorme. En 1997, à Valderrama (Espagne), c’était aussi le cas parce que beaucoup d’anglais y étaient en vacances. Mais les français ne sont pas ce que l’on peut qualifier de fervents fans de golf (…) La grande majorité ne connaît pas le golf parce que c’est vu comme un jeu réservé à l’élite, et c’est la même chose en Espagne et en Italie (Hôte de la Ryder Cup 2022 -ndlr-).
Malgré ce que Victor Dubuisson a fait pour la France, Seve Ballesteros pour l’Espagne ou Bernhard Langer pour l’Allemagne, le golf a toujours du mal à toucher les masses dans ces pays.”
Des propos qui ont le mérite d’être clairs autant que réalistes…
Effectivement, la culture golfique des pays latins n’est pas celle des anglo-saxons.
Ce point de vue ne peut que être conforté par le silence effrayant des médias généralistes ou même spécialisés dès qu’il s’agit de golf. Même le journal l’Équipe a encore bien du mal à caser régulièrement quelques lignes de golf dans son quotidien malgré une rédaction et des journalistes dédiés.
Certes, jouer à domicile peut présenter un avantage mais n’est pas non plus une garantie de succès. Medinah en 2012 ou Oak Hill en 1995 en sont des preuves côté USA tout comme 1993 au Belfry pour l’Europe.
Tony Jacklin ne peut toutefois avoir déjà oublié qu’il n’a jamais connu la victoire quand il était entouré dans l’équipe européenne des seuls joueurs britanniques et irlandais. Que l’arrivée des Ballesteros, Piñero, Olazabal, Langer, puis plus récemment les performances de Garcia, Stenson, Kaymer, Molinari ou Dubuisson ont tous contribué à développer et consolider l’intérêt de la Ryder Cup en Europe.
Aussi, on ne peut que regretter ce petit coup bas de l’anglais, vivant désormais en Floride, alors que l’on se rapproche de l’évènement. Le choix de la France date de 2011 et, après la défaite d’Hazeltine, l’unisson serait plutôt de circonstances.
C’est aussi parce qu’une compétition de telle envergure se déroule dans des pays “moins” golfiques que cela en devient justement une belle opportunité pour promouvoir ce sport. Et puis Tony, rappelez-vous 1969, le golf est un sport de gentlemen. Croyez-moi, en France, ils sont nombreux et tout aussi passionnés que vos compatriotes! 🙂