En décembre à Chicago (Illinois, USA), pas de greens d’hiver. Les golfs sont d’ailleurs fermés jusqu’au printemps car les températures ne montent que rarement au-dessus de 0. Lisant la déception dans mes yeux à l’annonce de ce drame, mon collègue Mike (hcp 7) m’a proposé de m’emmener jouer quelques parties de Topgolf un samedi matin…
Pas effrayés par la neige tombée toute la nuit, et une température revigorante de -6 degrés, nous faisons route vers le Topgolf de Wood Dale, à l’ouest de la ville, dans la banlieue d’Elk Grove qui se trouve derrière l’aéroport international O’Hare, célèbre notamment grâce au film “Maman j’ai raté l’avion“.
– “C’est chauffé!” me dit Mike pour me rassurer, alors que j’étais plutôt parti pour rester sous la couette. Mais avant de vous conter nos aventures parlons du concept lui-même.
Le concept Topgolf
Topgolf est né en 2000, inventé par deux frères anglais qui voulaient apporter plus d’attrait au practice traditionnel. Il s’exporte en 2006 aux US mais ça n’est que très récemment en 2016 que Topgolf explose vraiment grâce à une notoriété renforcée (Paige Spiranac en a beaucoup parlé, notamment) et de gros investissements.
It’s always a great night when @PaigeSpiranac joins us at #Topgolf for a game or two! Thanks for coming out tonight! pic.twitter.com/i6Yi8en7GA
— Topgolf Arizona (@TopgolfArizona) 3 mai 2016
Le plus emblématique se trouve certainement à Las Vegas. Avec les nouvelles ouvertures prévues, Topgolf se rapproche des 50 installations sur le sol américain. A ce jour, en dehors des USA, il en existe seulement 3 en Angleterre mais 5 sont annoncés entre l’Australie, le Canada, le Mexique et les Emirats Arabes Unis.
[bctt tweet=”Topgolf se présente comme un practice traditionnel à plusieurs étages: des drapeaux, des cibles, des distributeurs de balles… jusqu’ici tout va bien!” username=”leblog_lpbb”]La différence de Topgolf avec un practice classique, c’est que les balles justement contiennent une petite puce qui vous identifie et qui vous permettront de marquer des points dans différents modes de jeu selon votre précision sur le range, un peu comme au bowling. Vous l’avez compris, Topgolf apporte du « fun » au practice!
Mais cela ne s’arrête pas là: musique à fond, canapés, bar derrière les tapis… Ici on est pas là seulement pour jouer mais aussi pour passer un bon moment entre amis. Est mis à disposition également un écran individuel par tapis, indiquant votre nom et vous permettant de suivre vos performances.
L’objectif de Topgolf est d’attirer les non-golfeurs sur le range et la couleur est affichée dès l’intro sur son site web: “It doesn’t matter who you are, if you play”. Ajoutez à cela Paige dans ses habits de lumière, Hunter Mahan déclarant “you’ve got great food!” et vous êtes parés pour une nouvelle aventure golfique.
Ma première fois… à Topgolf!
Moins glamour qu’Hunter ou Paige, j’arrive donc avec mon gars Mike sur le parking du Topgolf de Wood Dale. Arrivé au comptoir face à la tenancière, on m’incite très vite à prendre un ‘membership‘ pour 35$ me donnant l’équivalent de 48$ de crédit. J’accepte sans sourciller. Chaque partie se joue sur 20 balles (1 seau) et coûte 4$.
Je peux donc jouer 8 parties avec mes 48$ et sachant qu’une partie de 2 joueurs dure 20 minutes en moyenne, le premier constat est que le prix est très raisonnable. Certes on n’est pas dans les quartiers huppés de Chicago mais le prix du seau est égal ou inférieur à un practice classique.
On comprend alors que le retour sur investissement pour Topgolf se fait ailleurs. D’abord parce que le palier bas d’achat se trouve, donc, à 35$ (le seau a l’unité revient beaucoup plus cher) mais aussi et surtout parce que Topgolf compte sur le fait que vous allez consommer boissons et snacks pendant votre partie. Et ça marche!
Revigorés par notre petite dépense initiale, Mike et moi commandons tous les deux un café. Mike commandera ensuite un Irish Cofee (le serveur interrompra son swing au moment de lui amener pour lui demander sa carte d’identité). La note finale s’élèvera à 18$ hors pourboire de 15%, de rigueur ici. Bref, et même si le café est très cher aux US, on pourra convenir que ces tarifs sont beaucoup plus douloureux.
Les balles, sont plutôt de bonne qualité. On est vraiment sur une gamme supérieure à une balle de practice classique, et même si on n’a pas le toucher d’une ProV1 le contact est très agréable.
Les cibles, elles, sont de couleurs différentes et composées de plusieurs « anneaux » et d’un drapeau au milieu. Elles sont statiques, ne s’allument pas et ne provoquent pas d’effet sonore (ce qui pourrait être super fun mais créerait vite une sacrée cacophonie). Elles sont situées à:
• 25 yards (rouge)
• 50 yards (jaune)
• 90 yards (vert)
• 125 yards (marron)
• 150 yards (bleu)
• 175 yards (rose)
• 200 yards (noir)
Le Topgolf de Wood Dale est beaucoup moins évolué que ceux qui ont ouvert récemment: on obtient sur l’écran la distance du carry et l’endroit où est tombée la balle sur la cible (cf. photo ci-contre) mais pas de pro-tracer, pas de vitesse de balle ni la hauteur.
Il n’y a pas non plus de distributeur automatique de balle sur le tapis ce qui est le cas sur les Topgolf les plus récents (ce qui évite d’aller chercher son seau). Pour jouer, on fait passer sa balle dans un petit goulet qui indique au système quel joueur est en train de jouer. On doit attendre d’avoir le résultat de sa balle précédente sur l’écran pour joueur la suivante sinon le système s’affole. C’est assez lent et frustrant: on aurait envie que cela aille plus vite, un peu comme quand on attend des plombes au bowling que l’animation avec les quilles déguisées en cowboy soit terminée pour jouer sa prochaine boule.
Place au jeu!
Mike et moi rentrons dans le vif du sujet avec un premier mode de jeu appelé… ‘Topgolf‘ ^^(car c’est le premier à avoir existé) dans lequel les cibles sont imposées: jaune, vert, marron et bleu tels que nous les avons sélectionné pour la première partie.
Mike ne me fait pas la faveur de pondérer les scores avec son handicap (ce qui est possible) et me dose bien gentiment d’au moins vingt points en bon régional de l’étape. Je découvre dans cette partie les quelques subtilités du jeu: évidemment les cibles proches rapportent moins de points que les cibles lointaines et dans une cible donnée on marque d’autant plus de points que l’on tombe près du drapeau.
Autre élément important: le résultat est basé sur la section où s’arrête la balle et non pas là où elle est tombée. Si vous jouez tendu, même si vous faites la distance vous n’êtes pas à l’abri d’un rebond hasardeux sur un élément de la structure en métal rendant votre coup souvent moins bon.
Au contraire, il n’est pas rare d’obtenir des « lucky bounces » (surtout sur sol gelé/neige) avec une balle qui fuse 10 mètres devant la cible et va finalement se loger au milieu de celle-ci. L’Ideal étant évidemment de jouer comme un pro avec des balles qui tombent comme le plomb en plein dans le mille.
Dans l’ensemble le ration bon coup/récompense aux points est très bien respecté, il faut le dire même si les aléas décrits ci-dessus viennent parfois perturber tout ça (De toute façon un coup de chance/malchance permet de chambrer son adversaire ce qui fait partie du concept).
Selon une logique que ni mon partenaire, ni moi n’avons réussi à expliquer, certaines balles rapportent le double de points: c’est évidemment amusant car cela rajoute de la pression mais il était agaçant de ne pas comprendre la manière dont cela arrivait. Par exemple dans la dernière partie Mike a eu 8 balles « x2 » sur 20 et moi seulement 6 (monde cruel!). Les deux personnes à la réception ont été incapables de nous expliquer le pourquoi du comment.
Pour la deuxième partie, nous choisissons le mode ‘TopScore‘ où les cibles ne sont plus imposées mais libres, et ou le but est de réaliser le score le plus haut. On a donc une composante plus importante de risque/récompense (risk/reward) versus son adversaire. Mike ayant un solide toucher sur ses longs fers et une distance de bon aloi, il envoie son fer 4 dans le froid glacial au carry à 200 yards sans problèmes et me renvoie encore une fois à mes chères études. Je craque et sort mes vaillants hybrides Titleist 816H1 mais le résultat ne sera pas à la hauteur. Le seul mode de jeu où j’arrive logiquement à l’accrocher au score est le mode ‘TopChip‘ qui se concentre sur les 3 premières distances (25, 50 et 90 yards). C’est le mode que j’ai préféré et c’est probablement celui que les débutants et non golfeurs privilégieront.
Topgolf to try again in Thornton – Denver Business Journal https://t.co/r2rWSnwaaV pic.twitter.com/hJK2QVLEBF
— Rich Galdieri (@richgrealtor) 7 décembre 2017
Il existe encore plusieurs modes de jeu comme le ‘TopDrive’ qui se joue sur les cibles les plus lointaines ou le ‘TopPressure‘ dans lequel on doit toucher chacune des neuf sections de la cible jaune mais dans l’ensemble vous l’aurez compris le principe est toujours le même. J’ai regretté qu’il n’y ait pas un peu plus d’originalité dans le comptage des points ou même dans les animations sur le jeu lui-même (sons, couleurs, motifs…).
Mike et moi repartons gelés car le chauffage par transistors situe derrière le tapis était assez inefficace mais ravis de nos 5 parties bouclées en un peu moins de deux heures.
En conclusion
J’ai vraiment accroché au concept Topgolf pour deux principales raisons.
La première c’est que l’on retrouve vraiment l’adrénaline et la satisfaction golfique de “viser et toucher la cible” comme sur un parcours traditionnel. On nous dit souvent d’agrémenter nos séances de practice en prenant des cibles mais cela reste souvent limite et lassant. Topgolf va beaucoup plus loin que cela, et on se prend très vite au jeu des points car les formules même si elles pourraient être plus élaborées sont très équilibrées et bien pensées.
La deuxième est que c’est un très bon complément -hivernal ou pas – à un entrainement classique tout en alliant l’utile à l’agréable. Alors que l’on entend partout (et c’est vrai), que le golf doit se transformer et amener des formules de jeu plus rapides, Topgolf semble être l’application parfaite puisque l’on va pouvoir boucler sa partie en 20 minutes, dans un budget raisonnable et en plus profiter d’un moment convivial.
J’ai toutefois regretté le fait que les installations du Topgolf de Wood Dale datent quelque peu: d’après ce que présente leur site web les possibilités dans la nouvelle formule avec le pro-tracer et la distribution automatique de balles semblent apporter un vrai agrément. Reste un travail sur les formules de jeu (notamment en équipes, peu nombreuses) et le concept aura vraiment un bel avenir devant lui. Un ami ayant testé le Topgolf de Las Vegas m’a par contre indiqué que les prix n’étaient pas du tout du même ordre.
Un Topgolf en France?
Aucune ouverture n’est prévue en France pour le moment, mais il est indéniable que le concept aurait un très gros potentiel, surtout en zone urbaine avec une surface nécessaire pas si énorme puisqu’un rectangle de 300 x 100 mètres suffit à l’implanter. Le Blue Green de Rueil Malmaison en region parisienne ou le practice situé sur l’hippodrome de Longchamp semblent par exemple des lieux indiqués pour ce genre de structure avec une place disponible limitée mais un nombre potentiel de golfeurs et non golfeurs énorme dans les alentours. Je ne doute pas que des discussions soient en cours ou le seront très prochainement.
J’ai prévu de tester très prochainement le Topgolf de Naperville qui se trouve dans la grande banlieue sud-ouest de Chicago et qui possède la nouvelle version des installations Topgolf. Je vous ferai part de mes impressions sur le prix et les améliorations de l’interface de jeu. En attendant j’espère que ces quelques lignes vous auront plu et suis à votre disposition pour répondre à vos questions sur Twitter @slashorz.