Alors qu’elle vient de fêter ses 24 ans en décembre, au terme de sa 1ère année professionnelle sur le Ladies European Tour, Camille Chevalier s’est déjà fait un nom sur le circuit. En seulement 10 tournois joués, la tricolore a remporté une victoire qui vient s’ajouter à la liste de ses titres honorifiques acquis en 2017, comme dernièrement celui du Trophée du Golf du meilleur espoir. Le plus dur commence, à savoir confirmer aussi bien les attentes que les ambitions. Mais une chose est sûre, Camille a la tête bien faite et sur les épaules pour ne pas brûler les étapes vers des lendemains encore meilleurs.
Avec un recul de quelques semaines désormais, que retirez-vous de cette 1ère saison professionnelle ?
Beaucoup d’enseignements et de super bon moments! J’ai beaucoup appris durant la saison et je suis devenue une joueuse différente. Je pense que mon plus grand progrès a été d’apprendre à être patiente. J’ai aussi compris que quand on travaille dur, les résultats finissent toujours par arriver, il suffit d’être patient et de persévérer. Cette saison m’a montré vraiment que je peux faire de grandes choses, plus grandes encore que ce dont je me pensais capable au début d’année.
C’est la même chose sur le parcours?
Exactement, les putts finissent par tomber!!! En début de saison j’étais super impressionnée par les autres joueuses et par la difficulté des parcours. Il m’a fallu plusieurs tournois pour me mettre dedans et pour trouver la bonne concentration. Ensuite, j’étais lancée et je savais qu’il fallait que je donne tout pour garder ma carte donc ça a fonctionné. Je me suis vraiment éclatée cette saison, j’adore cette vie. En plus je voyage avec mes copines françaises, on est un super groupe et on s’entend très bien. J’ai vraiment de la chance de pouvoir partager tous ces super moments avec elles!
Quelle est votre plus grande satisfaction: le titre de « Rookie de l’année » ou celui de votre victoire au « Hero Indian Open »?
Je dirais que c’est plutôt d’avoir terminé dans le Top10 du ranking du LET. En tant que rookie, je n’ai pu jouer que 9 tournois et j’ai réussi à terminer 10ème du classement général. Si on m’avait dit cela au début de la saison, je ne l’aurai évidemment pas cru. Je suis super contente d’avoir atteint ce résultat cette année. Mais évidemment je retire beaucoup de satisfaction de ces titres! C’est bien sûr un honneur d’avoir été nommée Rookie de l’année. J’ai regardé la liste des anciennes récompensées dernièrement, je me retrouve parmi plein de stars du golf (Dame Laura Davies, Annika Sörenstam, Karrie Webb, Anna Nordqvist, Charley Hull entre autres – ndlr), c’est trop cool! 🙂
Et puis c’était incroyable de gagner en Inde en compagnie de mes amis.
Quel était justement votre état d’esprit en arrivant sur le tournoi?
J’étais super excitée de me trouver dans un pays dans lequel je n’étais jamais allée! J’avais super hâte de visiter et de voir la vie locale. Je sortais d’un cut manqué à Abu Dhabi la semaine précédente et je m’étais bien entraînée, prenant le temps de recadrer un peu ma technique et mon petit jeu dans des conditions parfaites. En arrivant je savais qu’il ne me restait plus que deux tournois, Indian Open compris, pour bien jouer et garder ma carte puisque je ne rentrais pas (encore) dans le champ du dernier tournoi à Dubai.
Cela accroit la pression tout de même un tel enjeu…
Oui, je n’avais pas le droit à l’erreur mais ça me réussit bien généralement ce genre de pression. J’ai juste essayé de faire mon maximum, de ne rien lâcher et de faire du mieux que je pouvais du premier coup de la semaine jusqu’au dernier. J’ai tout donné et ça a finalement bien fonctionné.
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Quand commencez-vous à croire à la victoire?
C’est une question super dure! Je ne sais pas car en Inde je ne m’y attendais pas du tout. J’étais persuadée que quelqu’un allait faire mieux. Il y avait plein de super joueuses qui étaient là et pour moi la victoire allait forcément leur revenir. Le seul moment où j’ai pensé que j’allais gagner, c’est quand j’ai eu mon dernier putt d’un mètre pour birdie. Avant ça j’étais juste concentrée sur chacun de mes coups et je m’amusais bien. Mais d’une manière générale quand on commence à voir son nom en haut du leaderboard en fin de semaine, je pense que c’est là qu’on commence à y croire.
En octobre, avant l’Inde, vous signez une carte de 65 lors du Lacoste Ladies Open de France. Cela change-t-il l’état d’esprit ou la confiance dans ses capacités ?
Déjà, c’est la meilleure carte de ma carrière professionnelle. J’avais joué -6 en tournoi amateur une fois. C’est vrai que jouer bas donne confiance en son jeu, c’est super agréable. Mais je ne pense pas qu’une bonne carte devrait changer l’état d’esprit. Car chaque jour est différent, et l’objectif est toujours de jouer son meilleur golf dans une journée donnée. Parfois, en donnant le maximum, on rend une carte de 75. Je pense qu’il faut tout donner sur chaque coup, en fonction de sa forme du jour et voir à la fin ce que ça donne. Si on respecte ça, on ne peut qu’être satisfaite de sa journée.
Comment avez-vous géré votre trêve hivernale?
J’ai l’impression qu’elle a été très courte! J’ai pris trois semaines de break après le dernier tournoi à Dubai. J’ai vraiment besoin de faire des pauses, de voir ma famille et de faire autre chose. Ça me permet de déconnecter et de revenir encore plus motivée. Je suis allée m’entraîner une semaine à Marrakech avec le Pôle France et mes coachs.
Avec qui travaillez-vous?
Avec Edouard Brechignac (coach technique), Thomas Bregeon (coach physique) et Franck Rigole (coach mental). Ce sont les coachs du Pôle France Pro. Ils sont super investis et ils communiquent entre eux sur les pistes de travail donc c’est vraiment super. Ils me correspondent parfaitement et on bosse très bien ensemble. C’est en grande partie grâce à eux que j’ai fait une bonne saison en 2017, ils m’ont fait beaucoup progressé.
La saison démarre début février en Australie. Est-ce que vos objectifs pour 2018 sont plus élevés parce que vous avez déjà gagné sur le circuit?
Pas vraiment. Ce n’est que ma deuxième année de circuit et j’ai encore beaucoup à apprendre. J’ai la chance d’avoir une exemption de deux ans sur le LET grâce à ma victoire donc je peux travailler techniquement sans me soucier de mon droit de jeu. En 2018 j’aimerai avoir des résultats plus réguliers et garder cet état d’esprit de donner le maximum sur chaque coup. Ce sera ma première saison avec accès à 100% des tournois, même les majeurs, donc ce sera très différent de 2017. J’ai vraiment hâte de commencer!!!
The 2017 Rookie of the Year has touched down in Australia ready for the @VicOpenGolf. What will the 2018 bring for @camchev …. ⛳️??♀️?⬇️ https://t.co/RzfUETAZHe
— Ladies European Tour (@LETgolf) 26 janvier 2018
Alors que tous les circuits ont annoncé leur calendrier pour l’année, le LET n’affiche pour l’instant que 4 tournois*. Quel est votre sentiment sur cette diminution des tournois depuis 3 ans?
Je pense que le LET a touché le fond en 2017 mais que ça va vraiment s’améliorer! Ça risque de prendre un an ou deux mais nous aurons déjà plus de tournois en 2018, quand ils auront tous étés confirmé. Le calendrier sera assez proche de 2017 avec quelques rendez-vous en plus. Je viens d’arriver donc je n’ai pas du tout d’avis sur la diminution des tournois sur le LET depuis 3 ans, mis à part que c’est vraiment pas de bol pour nous qui arrivons à ce moment là! 🙂
* Nombre au moment de l’interview, désormais 6 sont annoncés.
Envisagez-vous le circuit LPGA? À quelle échéance?
Oui évidemment, j’aimerai jouer sur le LPGA le plus tôt possible. L’accès est de plus en plus difficile mais je pense pouvoir y arriver assez rapidement. En revanche, jouer sur le LET est une super expérience et je m’y plais bien.
Quelles sont les qualités de Camille? Ses défauts?
Je suis passionnée et déterminée. Selon moi, ce sont les principaux ingrédients du succès avec le travail. En revanche je manque encore de patience et je suis facilement distraite. Je dois travailler la concentration.
Lequel des 5 Majeurs aimeriez-vous gagner en 1er?
Facile, l’Evian Championship! C’est le seul majeur en France et sur un très beau parcours. En plus, le public est en majorité français, ce qui ne nous arrive pas souvent!
Entre une victoire avec l’équipe européenne de Solheim Cup et un titre de championne olympique, que choisiriez-vous?
Obtenir une médaille olympique serait trop cool. Mais je pense que je choisirais une victoire en Solheim Cup. J’adore jouer en équipe, on partage des émotions et des sensations incroyables. J’ai joué en équipe à Indiana University et c’était vraiment génial. La Solheim Cup est l’un des seuls tournois par équipe et je travaille dur pour y participer un jour.
En conclusion, quels seraient vos partenaires pour 4 balles de rêve?
Michelle Wie, Barack Obama et Tiger Woods.
Mes sincères remerciements à Camille pour son accueil et sa disponibilité lors de mes sollicitations pour cette interview. En lui souhaitant une excellente saison!