Les amateurs de golf français cherchent à savoir pourquoi ils ne retrouvent pas dans les médias les résultats de leur sport, y compris ceux des majeurs qui obtiennent au mieux quelques lignes. Certains continuent d’espérer que des médias sportifs de la presse ou de la télévision, comme l’Équipe ou Stade2, mettent en avant plus régulièrement le golf ou en parle enfin. Les télévisions évoquent majoritairement les sports dont ils ont acheté les droits, qu’il faut à tout prix amortir. On sait depuis longtemps qu’ils n’ont jamais été ou qu’ils ne sont plus des médias multisports ; voire pour beaucoup qu’ils ne traitent quasi exclusivement de football.
La presse locale malgré ses difficultés continue à jouer un rôle majeur dans la couverture médiatique du Sport. Un média de proximité pouvant souvent rivaliser sur cette rubrique avec la presse nationale. Elle peut même être un axe fort de développement médiatique pour le golf notamment, à l’instar de nombreux autres sports.
Le Midi Libre est diffusé dans une des plus grandes régions françaises, l’ex Languedoc Roussillon et l’Aveyron. Il possède des pages sportives spécialisées : y retrouver du rugby ne devrait pas vous étonner mais le journal traite aussi du Tambourin et des courses Camarguaises quotidiennement.
Quand le Midi Libre le souhaite, il peut être un superbe relai pour une fédération sportive. Tous les week-ends et lundis on peut y retrouver des centaines de résultats amateurs de dizaines de disciplines, c’est ça la force d’un quotidien local ! Et depuis quelques temps, le journal « semble » vouloir traiter plus régulièrement le golf et le sport féminin, c’est donc le bon moment de l’encourager.
Pierre Duperron y a rédigé en janvier dernier un dossier sur le golf. Il faut dire que cette partie du sud de la France ne manque pas d’atouts avec plus de 29 équipements, 32000 licenciés pour l’Occitanie, des écoles de golf reconnues, des entreprises comme Golfy ou l’AIMG, ou encore une structure qui sponsorise les pros (Victor Pérez, Hébert, Pavon, Linard, Lacroix). Y résident aussi des personnalités comme Mike Lorenzo-Vera ou Patrice Amadieu qui gère l’académie de la FFGolf et de nombreux sportifs de haut niveau y compris des équipes de France, rugbymen, footballeurs, handballeurs etc. qui sont mordus de La Petite Balle Blanche.
Pierre va nous permettre de mieux comprendre pourquoi le golf a autant de mal à percer dans les quotidiens régionaux, hormis quelques exceptions.
Ma première question Pierre est forcément d’actualité : comment s’organise le
journal en cette période de crise ? Et je tenais à te le dire je trouve que vous faites un travail d’information remarquable !
Merci pour tous les collègues, il y a une édition spéciale avec une petite cellule sur place au journal, composée de quelques salariés du service région, secrétaire de rédaction, journalistes et desk internet, puis ceux qui peuvent faire du télétravail et alimenter les colonnes du journal réduit à une pagination de 24 pages au lieu d’une quarantaine.
Quel est l’historique du golf dans le Midi Libre ?
J’ai eu le bonheur de couvrir quasiment tous les sports à Montpellier et à présent je suis notamment responsable de la page Montpellier sport. Je suis estampillé Basket et Tennis que je pratique depuis toujours, mais il faut reconnaître que le golf est presque accessoire au journal.
J’ai fait mes recherches : on avait lancé dans le journal en 1994 : « Au gré des greens ». À l’époque on avait déjeuné avec Robert Kusel qui était le président fondateur de la ligue Languedoc-Roussillon et le chef des sports du Midi Libre, Georges Bury, au golf de La Grande Motte pour entériner cette rubrique sur deux colonnes complètes une fois par semaine (dans un journal avec un format de l’époque soit beaucoup plus grand). Au bout de quelques années, on a dû faire une croix dessus car lors de gros évènements style Coupe du Monde de football, on s’est aperçu que ce n’était pas possible de la maintenir. La mettre en pause pendant plusieurs semaines rendait alors la rubrique trop décalée.
Aujourd’hui donc ?
Depuis le golf n’a qu’une petite part dans le Midi Libre, non pas que le journal ait quelque chose contre ce sport. On a d’ailleurs plusieurs journalistes et directeurs qui sont golfeurs, mais on a une telle actualité sportive sur nos six départements, qu’une fois qu’on a traité toutes les équipes de Football, Rugby, Handball, Volleyball et Basket, la part du golf est anecdotique, donc ce sont plus des coups.
C’est le cas du papier que j’avais fait pour la Ryder Cup avec Valentin Porte, Benjamin Fall et Michel Der Zakarian qui sont trois types adorables. Lorsqu’on les a fait parler d’autre chose que leurs disciplines, ils sont encore plus ouverts. Surtout avec le golf qui est bien souvent une échappatoire pour eux.
Alors, justement ce sujet Ryder Cup ou le papier de l’automne dernier avec Pérez, Pavon et Hébert venus faire une démonstration au golf de Montpellier Massane, se sont retrouvés dans la section Montpellier Sport, parmi les pages locales, et non pas dans les pages Sports.
J’essaye de comprendre, car l’équivalent dans le tennis par exemple, sur la Coupe Davis ou si trois grands champions Français venaient à Montpellier se retrouveraient automatiquement dans ces pages Sports ?
C’est toujours un choix cornélien, mais en faisant ainsi nous pouvions accorder à ces sujets une belle place et même une page complète, car un record peut tomber et subitement le sujet aurait été réduit à sa plus simple expression.
Tu as fait un dossier sur le golf dans la région en janvier, était-ce ton idée ou une demande de ta rédaction ?
Un peu des deux mon capitaine ! 🙂
On en a parlé évidemment grâce aux quelques papiers golfs que je fais et suite à la démo au Golf de Montpellier Massane des champions Français que tu évoquais. J’étais le plus apte à avoir les informations et les contacts. Cette double page est passée dans toutes les éditions sur les six départements alors que la page Ryder Cup n’était parue que dans la page Montpellier.
Est-ce le début d’une nouvelle stratégie golf ?
Je ne pense pas que ce soit une nouvelle stratégie, on reste orienté sur les sports de base et malheureusement il y a une logique économique. Il suffit de regarder l’émission L’Équipe du soir : sur douze thématiques il y en a neuf et demi sur le football, donc il ne faut pas rêver on essaye de toucher le plus notre lectorat et on va vers ce qui intéresse le plus.
Est-ce que les chiffres des licenciés dans notre région peuvent peser dans la balance ?
Pour l’information locale non, d’un côté il y a un calendrier de sports collectifs avec des épisodes toutes les semaines (voire deux fois par semaine avec les sports qui disputent des coupes d’Europe) et de l’autre des évènements régionaux ponctuels, avec un monde golfique qui n’est pas encore au niveau selon moi sur la communication alors qu’il y a de beaux rendez-vous. Donc les rédactions donnent la priorité aux sports collectifs.
Prenons le Basket qui est à la mode dans notre jeunesse, est-ce que cette image « jeune » incite un média comme vous à parler de Basket ?
Sans doute, cela y participe et il y a un chiffre effarant qui était évoqué dans le dossier que j’avais réalisé sur le golf dans notre région sur le nombre de licenciés comme quoi les jeunes ne représentent que 10% et la moyenne d’âge est de 53 ans … des chiffres qui sont terribles !
En février 2017 vous aviez réalisé une excellente et longue interview de Mike Lorenzo-Vera, mais pourquoi depuis vous ne le suivez plus comme vous le faites avec d’autres champions régionaux des autres disciplines ?
(Mike est Basque, mais il habite depuis une dizaine d’années à côté de Montpellier – NDLR)
J’ai essayé plusieurs fois depuis de l’interroger car c’est un vrai bon gars mais je comprends parfaitement que lorsqu’il est ici, il profite de sa famille. Concernant ses résultats qu’on ne retrouve pas toujours dans le journal, on a tellement de sports et d’évènements à couvrir que, par moments, on n’a ni la disponibilité ni les effectifs.
Il y a aussi une question de sensibilité au sein de la rédaction, soit il y en a un qui est golfeur et qui va tomber sur un résultat, soit cela peut passer à l’as. Cela peut se jouer à peu de choses.
En effet on a forcément tous des spécialités sportives, par exemple, l’autre jour je participais au jury des Trophées du Sport Occitanie de notre groupe Midi Libre / La Dépêche, il y avait plusieurs sportifs que je ne connaissais pas. Ce n’est pas évident de connaître toutes les disciplines et tous les champions. Il y en a de temps à autre qu’on zappe … mais je vais me le mettre dans un coin de ma tête c’est promis !
Il existe une problématique dans le golf à cause des tournois internationaux et notamment aux USA qui terminent dans la nuit au moment où vous devez boucler le journal, est-ce un frein supplémentaire ?
La seule possibilité au niveau du print serait d’avoir les résultats dans le journal du mardi. Toutefois, je pense que c’est anecdotique car on s’adapte quand on fait des JO et des Coupes du Monde dans des pays à fort décalage d’horaire, en faisant des versions web et des versions papier forcément décalées. D’où le souci de notre direction d’enrichir notre site.
Mais sincèrement je ne pense pas que le lundi matin de bonne heure la priorité de notre rédaction soit les résultats du golf, il suffit d’observer le peu de golf sur les chaines publiques.
Surveillez-vous les quotidiens Ouest-France avec leur page golf très bien informée ou Nice Matin avec son magazine « Golf Azur » ?
On n’a malheureusement peu de temps pour suivre les autres, mais je jetterai un coup d’oeil et j’ai des collègues dans ces journaux donc je me renseignerais.
Cependant,il faut comprendre le coût des pages supplémentaires. Il n’y a pas si longtemps on sortait un cahier spécial le week-end pour les matchs à domicile de rugby et football qui a disparu. C’était un ensemble avec du papier en plus et des recherches d’annonceurs qui ont fini par se tarir. Il y a eu un supplément de 16 pages l’an dernier quand les basketteuses de Montpellier sont allées en finale de l’Eurocoupe, une première pour le journal sur un sport collectif féminin, mais un supplément ou des pages supplémentaires golf je n’y crois pas trop (rire).
Quelles sont tes projets dans le golf ?
En dehors de jouer plus souvent, je suis attaché au golf car on peut y faire de belles rencontres. C’est un sport de plein air et un sport santé dans des décors magnifiques, j’ai envie de dire qu’il y a tout : le calme, le bon air, la nature.
Les détracteurs nous demandent : elle est où votre dépense physique ? Moi je marche rarement 4 h30 par jour !
En 2015 lors de son rachat par le groupe La Dépêche de Toulouse, le journal subit un plan social et en 2019 il connaît une grève pour protester contre un plan de réorganisation.
La diffusion des éditions papier du Midi libre semaine et dimanche ont baissé de 2013 à 2019 de 26% et 20%, avec une diffusion payante de 90 000 exemplaires en semaine et 130 000 le week-end.
Dans le même temps, le journal voit ses abonnements numériques progresser de 44 % entre 2017 et 2019 avec 10 000 abonnés « numériques » et le site (fixe plus mobile) est mesuré à 500 000 visites par jour.
Le site du Midi Libre : https://www.midilibre.fr/