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Babe Zaharias : au nom du Sport

Basketball, athlétisme, golf. Quel que soit le sport pratiqué par Babe Zaharias, elle touche l'excellence. Elle est aujourd'hui reconnue comme l'une des plus grandes athlètes du 20e siècle.

Encore abasourdis par les 24 heures qu’ils venaient de vivre, les Etats-Unis se sont levés, ce 7 janvier 2021, conscients que le pays avait frôlé la “frontière de la sédition“, selon les mots du Président élu Joe Biden.

Alors que les images faisaient le tour du globe et que la presse commentait l’invasion du Capitole, siège du pouvoir législatif américain, le Président Trump, lui, n’avait pourtant nulle intention de modifier son calendrier protocolaire. Derrière les portes closes du bureau ovale devait avoir lieu une cérémonie de remise de la “Presidential Medal of Freedom”, plus haute distinction civile, accordée aux personnes ayant eu une contribution particulièrement méritoire pour la sécurité ou les intérêts nationaux des États-Unis, un monde de paix, ou des efforts remarquables dans le domaine culturel ou autres, public ou privé.

Pas contre le fait de teinter un peu plus son mandat de l’encre indélébile du golf, deux années après avoir honoré Tiger Woods de cette même médaille, c’était au tour d’Annika Sörenstam et de Gary Player de recevoir cet honneur. A l’ombre de ces deux géants du sport, pourtant, se trouvait au sein de cette promotion un nom que peu ont cité, et que beaucoup ont oublié : Babe Zaharias

Mildred Ella Didrickson Zaharias

Surnommée “Babe” par ses frères en l’honneur de Babe Ruth, icône des Yankees de New York. Comme Ruth, Babe Zaharias avait tendance à congédier des balles par-dessus les champs extérieurs adverses. La jeune Ella fait preuve, dès son plus jeune âge, de prédispositions insolentes s’agissant de sport.

Elle déclarera, dans son autobiographie This Life I’ve Led (la Vie que j’ai menée), avoir “toujours préféré jouer au baseball, au football et la course à pied avec les garçons, que de jouer aux poupées avec les filles“, et avoir profité de cela pour créer dans son for intérieur l’absolue nécessité de repousser ses limites, renvoyant ses détracteurs face à la misogynie de leurs conclusions.

C’est d’abord au travers du basketball que Mildred Ella acquerra ses premières réussites. Dans des matchs se concluant souvent sur des scores avoisinant les 20 points, elle prendra l’habitude d’en marquer une trentaine, à elle seule. Recrutée en 1930 par l’Employers Casualty Company de Dallas, elle emmènera son équipe aux titres nationaux 1931, 1932 et 1933. Ironiquement, elle, l’enfant déracinée de sa ville natale de Port Arthur après un ouragan qui aura emporté la vie de 275 personnes, remportera ces championnats avec les Golden Cyclones, l’équipe de l’entreprise pour laquelle elle oeuvrait comme secrétaire.

Privée de l’or olympique au saut en hauteur pour avoir usé de la méthode Fosbury, 15 ans avant que son créateur ne naisse…

Babe Zaharias, l’olympique

Excellant également au sein de l’équipe d’athlétisme de la firme, elle participe à l’aube des années 1930 aux qualifications olympiques, qu’elle survole, en remportant 5 des 10 épreuves auxquelles elle participe.

Babe Zaharias, l'olympique
Babe Zaharias aux JO de 1932

Aux Jeux de 1932, à Los Angeles, Babe Zaharias remporte deux fois l’or olympique, sur le 80m haies et au lancer de javelot (battant pour l’occasion les records du monde des deux disciplines), et une médaille d’argent sur l’épreuve du saut en hauteur, seulement privée du titre pour “technique incorrecte”. Elle avait usé de la méthode Fosbury, 15 ans avant que son créateur ne naisse et laissant une Ella encore trop en avance sur son temps…

Fairway to Greatness

Parée de ses crampons en fer et de tenues qu’elle fabriquait elle-même, Babe s’invite sur les fairways dès son odyssée olympique accomplie. Très vite, elle remporte ses premiers tournois, et, au gré d’exhibitions et de contrats publicitaires, parvient à amasser plus de 15.000$ par an, mettant en danger son statut amateur.

Timbre poste à l’effigie de Babe Zaharias

Première femme à croiser les fers avec les hommes sur le PGA Tour (en 1938), Babe fait une croix sur ses activités athlétiques dans l’idée de retrouver son statut amateur après 3 ans de pénitence sportive, ce qu’elle parvient à faire en 1942. Jusqu’en 1947, année durant laquelle elle accède à titre définitif au statut professionnel dans le sport qui l’accompagnera jusqu’à la fin de sa vie, Babe Zaharias aura remporté la bagatelle de 4 tournois majeurs, dont trois US Open.

C’est en 1950 qu’elle vient parapher sa plus belle année, en remportant les 3 majeurs de la saison, la première du LPGA. Mildred Ella Didrickson écrivait son histoire, elle deviendrait légendaire.

Une histoire devenue légende

C’est un diagnostic médical qui changera la vie de la numéro une mondiale. Epuisée, elle se rend auprès des médecins qui concluent à un cancer du colon, la “plus ardue des compétitions” qui lui ait été donné d’affronter selon ses propres mots. Encore une fois, il n’était pas question pour la texane de s’avouer vaincue, mais de combattre, et de gagner.

D’abord prévenue qu’elle ne pourrait plus jouer au golf, et après une opération, elle revient sur les greens en 1954, remportant un dernier US Open, alors même qu’elle joue portant une colostomie. A ses côtés, la jeune joueuse Betty Dodd, rencontrée sur le tour et avec laquelle elle entretiendra des relations aussi fortes que secrètes, prend la charge de Babe dans son quotidien. Elle déclarera : “J’avais tellement d’admiration pour cette magnifique personne. Je ne voulais jamais me séparer d’elle, même lorsqu’elle a perdu sa bataille contre le cancer. Je l’aimais. J’aurais tout fait pour elle“.

Courant 1955, il devenait évident que Babe Zaharias viendrait à perdre ce dernier combat. Une nuit d’été de cette année-là, elle demanda à ses amis de la conduire sur le Colonial CC. Elle s’enfonça dans l’obscurité de l’un des greens, s’agenouilla, et effleura l’herbe du bout des doigts. “Je voulais juste voir un parcours de golf, une dernière fois”. Inhumée dans son texas natal, elle repose sous les mots que, petite, elle voulait faire siens : “World’s Greatest Woman Athlete”.

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