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Le mental au beau fixe

Le mental peut faire basculer une partie dans un sens ou dans un autre. On l’accuse de tous les maux, mais on le néglige souvent. La préparation mentale : c’est quoi ? c’est pour qui, pour quoi et par qui ?

C’est le petit plus ou le petit moins qui peut faire la différence entre la victoire et la défaite, entre une belle journée et une partie à oublier. Le mental au golf peut faire basculer une partie dans un sens ou dans un autre. On l’accuse de tous les maux, mais on le néglige souvent.

Cette expression, le mental au beau fixe, signifie pour moi, d’être suffisamment préparé pour ne pas être surpris de ses réussites et pour être en capacité de relativiser ses échecs. Dans le domaine du sport et dans son approche mentale, les citations, de personnages célèbres ou d’anonyme peuvent jouer le rôle de croyance, voire même de mantra : « Plus je m’entraine, plus j’ai de la chance » disait Arnold Palmer.

Le mental oui, mais pas selon Mark Twain

Pour préparer cet article, j’ai relu, recherché des citations pour illustrer mes propos sur ce sujet de la préparation mentale. Mais je n’ai pas trouvé ce que je cherchais vraiment, qui résume parfaitement ce que je voulais exprimer. Bien au contraire, puisque j’en ai trouvé une « Le golf est 95% mental. Lorsqu’on joue mal, on n’a pas besoin d’un pro mais d’un psy » attribuée à M. Twain, avec laquelle je ne suis pas du tout en accord.

Je vais vous en donner les raisons, dans les lignes qui suivent. Je répondrai ensuite à quatre questions spécifiques sur la préparation mentale : c’est quoi ? c’est pour qui, pour quoi et par qui ?

Mark Twain

Tout d’abord, j’ai un doute sur l’authenticité de l’auteur de cette citation car M.Twain a quitté cette terre en 1910, ce qui est relativement tôt pour faire le lien entre la psychologie alors naissante et ses bienfaits pour améliorer notre rapport à la petite balle blanche. Mais n’ayant pas de preuve du contraire, j’admets qu’elle puisse être de lui.

Le golf est 95% mental

C’est quoi le mental ? Le mental est une des quatre dimensions nécessaires à la performance. La performance entendue au sens de réalisation de soi, de son potentiel, et pas au sens d’exploit, de fulgurance. Pour jouer au golf, ou tout autre sport, il va falloir développer des aptitudes techniques, stratégiques, physiques et mentales. Ces quatre dimensions sont interdépendantes. Être en forme physiquement peut renforcer la confiance, être à l’aise techniquement aidera à développer une meilleure stratégie, la fatigue peut altérer la précision technique.

En fonction de son ambition personnelle, chacun va développer ces différents aspects à différents niveaux pour performer, pour tenter de devenir le joueur qu’il veut être.
Donc, si à certains moments, putter pour la victoire, prendre un ascendant en match-play, le mental est prépondérant, il est très exagéré de dire qu’il représente 95% du jeu. C’est à chacun et chacune de trouver la meilleure alchimie, le meilleur dosage en fonction de ses forces et ses faiblesses et d’orienter ensuite son entrainement et sa préparation pour atteindre ses objectifs.

Lorsqu’on joue mal

C’est très vague comme expression. Qu’est-ce que veut dire « mal jouer » ?
C’est louper des coups ? Lesquels ? C’est ne pas faire les coups qu’on avait imaginé ? C’est perdre systématiquement en match-play ? Quel compartiment du jeu est concerné ? Driving ? Putting ? C’est à partir de la moitié du parcours ? c’est récurrent ? C’est quand je joue le matin ? L’après-midi ? Sous la pluie ? C’est en début, en fin de saison ?

Cette liste de questions n’est bien évidemment pas exhaustive et donne juste à entrevoir le travail à effectuer pour identifier le problème. Car, comme dans tout, la qualité du diagnostic permettra d’apporter la réponse la plus adaptée.

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On n’a pas besoin d’un pro

Ma désapprobation est liée au point précédent. C’est possible que la réponse soit dans les mains du coach technique ou dans celles du préparateur physique. C’est à vérifier.

C’est le rôle également du psychologue, du préparateur ou coach mental de vérifier qu’il est bien à même de traiter la demande du joueur ou de la joueuse et qu’elle relève de son champ de compétences. C’est son rôle de réorienter si besoin vers une autre compétence s’il atteint ses limites à traiter une question. Je n’aime pas cette automatisation de la réponse sans qu’on ait interrogé la question, la demande (cf point précédent).

Lorsqu’on joue mal, on a besoin d’un psy

Pour celles et ceux qui ne l’auraient pas encore perçu, j’apprécie peu les clichés et les généralisations, et “psy = problème” en fait partie. J’en appelle là à Meriem Salmi, psychologue, qui accompagne de nombreux sportifs dont des golfeurs. Mike Lorenzo-Vera et Benjamin Hébert ont déjà largement parlé du travail effectué avec elle.

Dans une présentation de son métier auprès d’entraineurs de tennis (vidéo de 37min), elle revient et insiste sur ce cliché un peu éculé. Il est essentiel, dit-elle, d’orienter un sportif vers un accompagnant avec des mots choisis, avec les bons mots. Il est différent de dire à un athlète « Va voir Meriem, ça va te faire du bien » quand il est régulièrement en difficulté que de lui dire « Tu vas travailler avec Meriem pour développer des compétences ».

Il faut bien différencier la psychologie clinique, la psychanalyse et la psychiatrie qui relèvent du soin d’autres spécialités de la psychologie (cognitive, expérimentale, positive, du sport entre autres) qui relèvent de la compréhension des comportements et des processus mentaux.

Préparation mentale et accompagnement des sportifs

Aussi imprécise et vague que je puisse trouver la citation de départ, elle a le grand mérite de mettre la question du mental au centre du jeu. Mais de quoi parle-t-on quand on parle de préparation mentale ? A qui s’adresse-t-elle ? Pour quels problématiques travailler le mental ? Quels sont les intervenants possibles ?

Quand on parle de préparation mentale, on parle d’un accompagnement qui va faire appel à différentes techniques et outils issus principalement de la psychologie, du coaching, de l’hypnose ou encore de la sophrologie.

Personnellement, je distingue deux types d’accompagnements : un spécifique à la compétition qui est le cœur de la préparation mentale et l’autre plus global qui est en lien avec le projet sportif et personnel dans leur ensemble.

La préparation mentale va permettre de développer des habiletés mentales et cognitives qui ont pour objectif d’optimiser la performance. C’est un entrainement spécifique qui vise, au travers de l’acquisition de savoir-faire et de savoir-être, à développer un état d’esprit, des qualités et des attitudes favorables à l’atteinte de ses objectifs.

Dans ces habiletés, on retrouve la confiance en soi, l’estime de soi, la gestion du stress et des émotions, la concentration, l’attention, l’imagerie, le discours interne, la relaxation, la connaissance de soi, la fixation d’objectifs, la motivation.

yoga-relaxation - le mental

L’accompagnement du sportif va traiter de questions liées à l’identité, aux croyances, aux valeurs qui peuvent favoriser la performance, aux limites, aux parasites qui peuvent freiner, entraver l’atteinte de ses objectifs. Êtes-vous aujourd’hui le golfeur, la golfeuse que vous rêviez d’être quand vous avez commencé à jouer ? Pour quelles raisons ?

La préparation mentale et l’accompagnement peut s’adresser et correspondre à tous ceux et toutes celles qui à un moment en expriment le souhait, le besoin, la demande. Qui souhaitent comprendre et/ou modifier leur situation actuelle, qui souhaitent mieux se connaitre. Il faut être volontaire dans cette démarche. Il n’y a pas d’accompagnement, de travail, s’il n’y a pas de demande.

Alors qu’est-ce qu’on peut demander ? Qu’est-ce qu’on peut avoir besoin ou envie de préparer ? Qu’est-ce qu’on veut changer ?

Cela peut être pour un type de coup à jouer (sortie de bunker, le putting qui ne « fonctionne » plus), pour travailler sa routine, pour la gestion globale d’une partie, pour organiser ses entrainements, pour préparer une saison ou encore une année complète. Il peut y avoir des objectifs ponctuels dans un à trois mois ou plus éloignés à trois, cinq ans.

Il est donc aussi possible dans l’accompagnement en fonction des besoins et des objectifs d’osciller entre préparation mentale et accompagnement global. Avec des jeunes espoirs pour accompagner le double projet sportif et scolaire, avec des jeunes pros pour accompagner la transition vers un statut de joueur/entrepreneur, pour préparer une reconversion, pour accompagner de très bons amateurs à concilier vie sportive/familiale/professionnelle.

Si j’ai une demande spécifique liée au mental, à qui je peux m’adresser ?

Ce qui peut créer du flou, de la confusion ou de la méfiance, c’est d’être face à une multitude d’intervenants avec des statuts, diplômes et titres divers. Parmi les professionnels qui peuvent accompagner, on peut citer, sans ordre hiérarchique, les psychiatres, les psychologues, les psychothérapeutes, les préparateurs mentaux, les coachs professionnels, les hypnothérapeutes, les sophrologues.

Une petite parenthèse sur le coaching professionnel dont la pratique est très largement issue du coaching sportif tel que Thimothey Gallwey, capitaine de l’équipe de tennis de l’Université d’Harvard dans les années 1960 l’a théorisé dans un ouvrage de référence, « The Inner Game of Tennis ».

Chaque profession va correspondre aussi à un accompagnement spécifique pour, par exemple, traiter de la question de la relaxation, des phobies, ou bien pour traiter d’objectifs plus globaux. Pour qu’il y ait accompagnement, en plus de la demande, il faut une relation de travail et de confiance. Il peut exister des accompagnants peu professionnels qui vont être dans des relations d’emprise très forte. Il existe des ordres, des associations ou des syndicats professionnels qui garantissent une pratique éthique et déontologique.

Avant d’entamer toute démarche d’accompagnement, il convient de demander conseil à son pro qui peut connaitre des intervenants de confiance, et ensuite de voir au moins deux personnes, si possible un homme et une femme, pour choisir la personne avec laquelle on aura envie de travailler, avec laquelle on aura envie d’évoluer, de progresser.

Mon objectif, ici, n’est pas de convaincre, mais juste d’apporter un éclairage sur un domaine, la préparation mentale et l’accompagnement des sportifs qui peut parfois paraitre un peu nébuleux, un peu flou.

Des pratiques personnelles telles que la méditation, la relaxation ou le yoga permettent à l’immense majorité des joueurs et joueuses de golf de faire de grands progrès au niveau mental. Pour d’autres, passer des caps, des paliers, progresser dans la connaissance de soi ne pourra se faire seul. Toute préparation va apporter de la confiance, du lâcher-prise et va permettre l’improvisation.

La citation qui me va le mieux pour illustrer ce travail me vient d’un poète, René Char, et je bouclerai avec ses propos qui sont un mantra tout personnel : « Agir en primitif et prévoir en stratège ».

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