Je ne vais pas me substituer aux coachs techniques, rassurez-vous, et l’alignement que je connais le mieux est celui qu’on réalise avec soi-même. S’aligner avec soi-même, cela signifie mettre en cohérence, ajuster nos comportements avec nos croyances et nos valeurs. Cet alignement procure de la confiance et du bien-être, il aide à faire les bons choix et à les tenir dans le temps.
Dans cet article, au travers d’une expérience que j’ai vécue, je vais vous décrire un exercice qui aide à bien s’aligner avec soi-même. En vous présentant le cadre et les références théoriques, puis un résumé de l’exercice tel que je l’ai vécu, et enfin ce qu’il m’a apporté pour ma pratique du golf.
Le tableau noir
Au cours de ma formation en coaching professionnel, nous avions de nombreux exercices, en binôme, où nous alternions les rôles du coach et du coaché. L’intérêt, pour éprouver pleinement ces exercices, était d’avoir une vraie demande. Au cours d’une matinée, j’avais décidé de tester un outil avec une demande qui soit liée à ma pratique du golf. Il s’agissait de travailler avec les niveaux de consciences de Bateson ou niveaux logiques de Dilts.
Gregory Bateson ayant élaboré la version théorique à partir de laquelle Robert Dilts a construit l’outil pratique. Dans une série de trois articles, Robert Dilts le décrit parfaitement. Dans le premier, il présente les travaux de Bateson, dans le second, il décrit le passage de la théorie à la pratique, et dans le troisième, il approfondit en faisant le lien entre les niveaux logiques et le système nerveux. (je conseille la lecture du second, s’il ne devait y en avoir qu’un).
Un outil est, en général, ce qui permet de réaliser un travail. En améliorant l’efficacité ou en rendant possible certaines actions. En coaching, les outils permettent d’améliorer et de structurer le questionnement. Les niveaux logiques vont avoir plusieurs fonctions, au moment où le coach choisit de les utiliser. C’est un outil de diagnostic, c’est un outil de structuration et c’est un outil de renforcement. Il aide à clarifier l’objectif, il en vérifie la congruence et il améliore la conscience de soi.
D’un point de vue concret et pratique, Robert Dilts a proposé une structuration et une division du questionnement divisé en six champs distincts. Et ordonnés de telle manière, où chaque champ va interagir avec le précédent :
- L’environnement : Où êtes-vous ? où vivez-vous ?
- Le comportement :Que faites-vous ? Comment se passe ces moments ?
- Les capacités : De quoi êtes-vous capable ? Quelles compétences mettez-vous en œuvre ?
- Les croyances et valeurs : Qu’est-ce qui est important ? Qu’est-ce que cela vous apporte ?
- L’identité : Comment vous décrivez-vous ? Qui êtes-vous ?
- Le sens : Quel est votre rôle ? A quel groupe vous sentez-vous appartenir ?
Le practice
Je vais maintenant vous décrire l’exercice tel que je l’ai vécu, en illustrer le fonctionnement et le déroulé, également dans ses aspects pratiques. Debout, devant six feuilles placées au sol. Sur chacune d’entre elles, un mot est inscrit, correspondant aux champs cités précédemment. Le collègue (élève-coach) à mes côtés. L’exercice démarre. Première question.
- Quel est ton objectif ?
- Avoir un index à 18, être capable de jouer, en moyenne, un coup au-dessus du par.
- Avance sur la première case. Ton objectif est atteint. Tu as un index à 18. Où te vois-tu à ce moment-là ? Décris-moi où tu es ?
- Je me vois à la prochaine compétition. J’arrive au golf. Le matin. L’endroit est calme, un peu frais. J’arrive 1h avant le départ prévu, j’ai récupéré ma carte de score, pris un café. Je suis au putting-green et commence mon échauffement.
- Avance sur la case suivante, « comportement ». Tu es l’échauffement. Comment se déroule cet échauffement ? Que fais-tu ?
- Je commence doucement par un éveil articulaire et musculaire. Et puis au putting, et puis je m’entraine sur différents coups de golf, les approches, les fers, les bois. Insister sur le rythme, plus que sur la puissance. Et puis revenir au putting avant de rejoindre le départ.
- Avance encore. Au moment du départ de quoi te sens tu capable ?
- Au moment du départ. L’objectif du jour, comme toutes les parties, est de se faire confiance, de prendre du plaisir, dans un cadre agréable. L’échauffement m’a montré que je suis dans de bonnes dispositions, les sensations sont bonnes. Je me sens prêt à jouer une belle partie, de réaliser de jolis coups et faire quelques bons scores.
- Tu viens de jouer ton départ. Tu as réussi un beau coup de golf. Avance à nouveau. Qu’est ce qui est important pour toi à ce moment-là ?
- Ça va être de rester concentré, de rester calme, de bien effectuer ma routine avant chaque coup. Effectuer un coup d’essai. Alignement, grip, posture. Rester focus sur mon rythme. Et de maintenir cela pendant environ les quatre heures que durent une partie. La patience, la constance, la persévérance sont importantes.
- Cela fait plus de deux heures que tu es sur le parcours. Comment ça va ? Comment ça se passe ? avance une dernière fois, et décris-moi qui tu es à ce moment-là.
- Depuis le départ, il y a eu de bons moments, d’autres moins bons. J’ai pu les gérer grâce à la routine, et à me remettre dans le coup suivant, sans être trop perturbé. Je suis content de ce qui s’est mis en place. Je me sens bien. Il reste encore sept trous à jouer. Content de jouer au golf, et de pouvoir, au vu des résultats et de mon attitude, me sentir pleinement golfeur.
- Peux-tu maintenant, sur cette dernière case, me dire le sens que tu mets derrière cet objectif ?
- Avec cette envie de jeu, cette rigueur mise en place, c’est de renouer avec la compétition sportive. Compétition que je pouvais faire plus jeune contre les autres, aujourd’hui je la mène contre le parcours, et contre moi-même. Pour gagner, ou pour apprendre. Je ne perds plus, c’est la grande et bonne nouvelle.
Voilà rapidement résumé, un exercice pour s’aligner avec soi-même qui se déroule sur une durée d’une heure environ. Et après être allé de « l’environnement » au « sens », le parcours retour se fait étape par étape, en résumant, reformulant ce qui a été dit sur l’aller. Ce retour permet de valider et d’ancrer ce qui a été exprimé. De revenir, ici et maintenant, et vérifier que tout est ok pour le coaché. Et conclure la séance.
Le parcours
Cet exercice des niveaux logiques m’a permis d’être plus rigoureux, de me discipliner, notamment pour l’échauffement. La routine est aussi devenue plus naturelle dans le déroulé de mon jeu. Il m’a permis, à partir d’un objectif fixé, de tracer le chemin pour y parvenir, qui passe, pour moi, par une attitude en cours de jeu, et un plan d’entrainement (physique et technique). Le corollaire d’une routine régulière, c’est la gestion des émotions sur le parcours. Célébrer les jolis coups, mais ne pas s’enflammer. Ne pas se flageller pour un coup raté.
Le corollaire d’une routine régulière, c’est la gestion des émotions sur le parcours.
Le résultat, cela a été une attitude plus calme, plus sereine, qui prend moins d’énergie. La concentration se fait sur le processus. A partir de ce moment-là, j’ai franchi un cap, et j’ai pris plus de plaisir qu’avant à jouer. C’était mieux pour moi (et pour mes partenaires).
J’ai réalisé cet exercice en septembre 2016 et son souvenir est encore vivace. Cela me permet de pouvoir le revivre quand je le pense nécessaire, quand je commence à ne plus être aussi rigoureux et concentré, cela me permet de revenir à l’essentiel, aux fondamentaux de mon jeu.
Cela m’a apporté aussi responsabilisation et autonomie. L’objectif fixé au départ n’est pas atteint, mais je suis toujours sur ce chemin, et aujourd’hui, c’est encore là l’essentiel. Être sur ce chemin, me permet de toujours progresser dans mon jeu et dans mon attitude, et de continuer à toujours prendre du plaisir dans le jeu.
Le club-house
Je reprécise que ces résultats valent pour moi, pour cette demande et au moment où je l’ai formulée. Chaque outil, chaque questionnement va se faire en fonction de l’objectif visé, mais également en fonction de personnalité et de l’identité de chacun et chacune.
Sans être un outil unique pour s’aligner avec soi-même, ni un outil miracle (parce qu’il n’y en a pas), cet exercice dit de Bateson ou des niveaux logiques est très utile quant aux nombreuses situations, objectifs qu’il peut aider à éclaircir et à poursuivre. Il peut être utilisé dans de nombreuses situations d’accompagnement, dans le domaine sportif comme vu ici, professionnel, ou encore personnel.
Il va permettre d’aligner les structures identitaires de surface que sont l’environnement, les comportements et les capacités avec les structures identitaires profondes que sont les valeurs et les croyances, l’identité, et l’appartenance.
Si l’alignement à la cible est essentiel pour la qualité du jeu, l’alignement avec soi-même est primordial pour le sentiment de bien-être qu’il va ancrer, l’énergie qu’il va apporter et la confiance en soi qu’il va développer.
« La vision sans l’action n’est qu’un rêve; et l’action sans vision est vaine et ennuyeuse. » Robert Dilts.