Comment jouer ? Dans cette histoire dont vous êtes le protagoniste principal, le héros, le Jack de Titanic, vous serez confronté à des choix. Lorsque vous les rencontrez, la solution {>} vous invite à poursuivre l’aventure, alors que le nombre inscrit {X} correspond à̀ votre alter ego du tour, et met un terme à votre odyssée.
Partie 1 – Tumbleweed
Tucson, Arizona, USA, Jour de Dernier Tour de l’Open local,
A travers les colonnes qui font le charme de ces haciendas luxueuses du sud américain, les premiers rayons du soleil viennent vous priver des derniers instants de repos que la nuit vous offrait. En s’arrachant des draps en satin de soie de votre demeure nocturne, vous avalez les marches qui mènent au séjour, puis à la terrasse de la villa. Les géants de pierre rougie, majestueux gardiens du désert, concèdent encore à la moitié de la ville une ombre providentielle. Pourtant, la chaleur, déjà, est accablante. Les reflets entrecroisés de la brique du sol et de la piscine des lieux font déjà̀ fondre le beurre proposé sur la table, et vous incitent à̀ boire avec vélocité́ un jus d’orange de qualité́ supérieure. Craignant autant le retard que le feu tombant du ciel, vous vous précipitez vers le dressing.
Le temps ne s’y prête que modérément mais vous enfilez un pantalon 7/8e en synthétique laissant apparaitre vos socquettes et un pull de laine cintré que vous ne remplissez pas totalement. {1}
Vous connaissez l’hostilité de ce coin du nouveau monde et optez pour un accoutrement de saison. {>}
Les quelques kilomètres de la route surchargée qui vous sépare du Golf & Resort filent au gré des pylônes électriques, seules balises de la présence humaine dans ces mers désertiques. Vous vous apprêtez à défendre deux maigres coups qui vous isolent d’un groupe de trois poursuivants aux dents acérées. “Take me home Country Roads” de John Denver succède à “Sharing the Night Together” du Dr. Hook, et cette playlist aussi seventies que radicalement américaine ne voit sa course freinée que par l’irritante sonnerie iPhone dont l’idiotie se retrouve exacerbée par le Bluetooth de votre voiture. Le numéro s’affichant sur l’ordinateur de bord de celle-ci vous laisse circonspect. Il n’est ni enregistré, ni fondamentalement inconnu. Peu enclin à refuser les obstacles que la vie vous propose, vous décrochez… Au bout du combiné, la tour de contrôle de l’aéroport de la ville. Votre interlocuteur est formel, votre vol pour San Diego a été avancé à midi.
Vous êtes forcé de scratcher, et de changer de cap pour gagner le tarmac. En effet, vous êtes le commandant de bord de l’aéronef… {2}
Vous savez l’importance d’une victoire pour la confiance, et vous avez de toutes les façons installé l’application BlaBlaCar sur votre mobile. Vous vous débrouillerez le temps venu. {>}
Après les derniers lacets qui mènent à l’imposant portail de la propriété qui tient lieu de club-house à votre joute golfique, vous commencez à rassembler vos effets personnels dissimulés tantôt dans le vide poche de votre auto, tantôt sur la banquette arrière, tantôt entre les dents acérées du système de déplacement du siège passager de celle-ci. Les poches pleines et les doigts emplis de graisse, vous arrachez votre sac du coffre de votre corpulent SUV japonais dont vous avez bien plus apprécié la climatisation que la consommation de carburant. Avant de pénétrer dans le hall au style colonial hollandais de la bâtisse, vous êtes décontenancé par la majestueuse statue de ce qui semble être un hommage à un héros local de la guerre de sécession.
Une jeune femme parée d’une jupe plissée bordeaux et d’un chemisier blanc à col claudine vous dresse le portrait rapide de cette figure de l’histoire régionale. Vous vous appliquez à répondre machinalement “Yes madam” ou “Hmm Yes” sans vraiment ni comprendre ni foncièrement vous intéresser à ce que l’on vous raconte. {3}
Vous vous inclinez machinalement devant la statue, marquez un temps d’arrêt et reprenez solennellement votre cheminement. {4}
Vous lisez rapidement la plaque installée au pied du colosse de marbre et repartez d’un pas ferme vers les vestiaires en finissant votre sandwich au thon. {>}
Récupérant votre carte de score des mains du commissionnaire et un extrait des règles locales, qui stipulent notamment que les cactus sont vos amis et qu’à l’instar de Victor Dubuisson vous êtes priés de vous y frotter, vous vous jetez dans votre vestiaire. Les gestes, toujours les mêmes gestes, sont simples mais précis, rassurants, lénifiants. Fardeau infâme, inutile exigence, vous passez vos jambes dans les mailles resserrées de votre pantalon en synthétique, qui recouvre avec fureur vos chaussettes bariolées. Avant de rejoindre votre second litre de pur arabica, vous harponnez un couvre-chef du fond de votre besace.
C’est un immense Panama qui vous donne l’air de Paul Hogan dans Crocodile Dundee {5}
Vous l’avez malheureusement oublié sur le lit de la villa qui vient d’accueillir votre nuit. Tant pis. Mis à part quelques coups de soleil à faire pâlir les hollandais juilletistes qui envahissent les côtes landaises, vous ne le regretterez pas puisque vous savez que vous êtes un meilleur joueur sans lui. {6}
C’est une casquette, comme tout le monde. {>}
Café, banane, eau, café, fruits secs, café… La routine est simple, et elle est parfaitement justifiée ici. A quelque 55 minutes de votre tee-time, vous saisissez les accoudoirs de votre tabouret devant le comptoir, vous raidissez vos bras et vous embarquez dans le sillon de pierres de Bavière qui relie le lounge du bar au practice. Les yeux fixés sur vos pensées, vous marchez sans entendre aucun bruit, sans rien voir au dehors. Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées, vous posez votre sac à la hauteur du poste qui vous est dédié. Après quelques mouvements simplistes d’échauffement, vous frappez vos premières balles.
Votre swing attire l’attention par simplicité, sa fluidité et son élégance. {7}
Votre swing attire l’attention parce qu’il est vraiment spécial, voire vilain, voire carrément destiné à la pratique du base-ball. {8}
Après avoir ridiculement topé vos premiers wedges, vous provoquez l’ire des personnels d’entretien du parcours en vous acharnant à détruire le tapis herbacé du champ de pratique. {9}
Mis à part deux ou trois grattes, vous n’attirez pas l’attention plus que de raison. {>}
A suivre…