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Henrik Stenson, succès made in Sweden

Le choix de Henrik Stenson comme capitaine de Ryder Cup perpétue une longue tradition de joueurs (et joueuses) talentueux, issus d’un pays amoureux du golf.
Cet article sur Henrik Stenson a été rédigé et publié à l’origine pour la Newsletter du blog “Attention, ça va couper !” à laquelle il est possible de souscrire via notre compte Twitter et ici

 

Après l’Espagne en 1979 puis l’Allemagne en 1981, la Suède, en même temps que l’Italie, a été le pays suivant de l’Europe Continentale à obtenir une première sélection dans l’équipe de Ryder Cup. C’était en 1993. Le Suédois Joakim Haeggman était retenu parmi les trois choix du capitaine Bernard Gallacher. Seve Ballesteros et José Maria Olazabal étaient les deux autres.

Haeggman s’était illustré quatre mois plus tôt grâce à son premier succès professionnel sur l’European Tour à l’Open d’Espagne. Au Belfry, le Suédois était aligné seulement dans la dernière session de 4 balles en association avec Olazabal pour une défaite 2&1. Pourtant, lors des simples, Haeggman réussissait à entretenir l’espoir d’une victoire européenne en battant 1 Up John Cook, alors n°13 mondial. Mais finalement les USA conservaient le trophée grâce à un succès 15 à 13. Leur dernier, à ce jour, en terres adverses.

Exceptée l’édition 2004, il y a toujours eu au moins un Suédois dans l’équipe Europe depuis 1993. Ils ont même été jusqu’à trois en 2002, soit ¼ de l’équipe ! Lors de la dernière rencontre biennale à Whistling Straits, il n’y avait pas de joueur suédois sur le parcours face aux USA mais Henrik Stenson faisait partie des assistants appelés par Padraig Harrington.

Mardi dernier, 15 mars 2022, ce même Henrik Stenson a été choisi pour emmener l’Europe et tenter de reprendre la coupe aux Américains sur le parcours Marco Simone à Rome l’an prochain. « Iceman » devient ainsi le premier Suédois capitaine européen de Ryder Cup.

La Suède, pays de golf !

Cette nomination du joueur originaire de Göteborg est une véritable consécration pour un homme et un golfeur apprécié de tous, fans, médias et congénères du monde professionnel. Elle met en exergue une longue tradition de joueurs (et joueuses) talentueux, issus d’un pays amoureux du golf. Un sport qui ne se pratique pourtant que la moitié de l’année.

Il y a un peu moins de 20 ans, la Fédération frôlait les 600.000 joueurs alors que la Suède dépassait tout juste les 9 millions d’habitants. Certains s’engouffreront dans le fait que les champions suédois, Annika Sörenstam en tête, ont favorisé l’attrait pour le golf.
Mais la question en retour c’est : qui a alors favorisé cette éclosion de champions dans les années 90 alors que, 10 ans plus tôt, il y avait moins de 90,000 golfeurs en Suède ?

Avant tout, en Suède – comme dans les autres pays scandinaves – le golf est un sport familial. Les parents y amènent leurs enfants. Et pour que ces derniers aient envie d’y rester, l’approche des clubs et des enseignants est basée uniquement sur le ludique et le jeu.

De nombreux joueurs et joueuses professionnels suédois ont relaté que les entrainements ont commencé à réellement inclure de la technique à partir de l’âge de 15 ans. Pour la plupart, avant cet âge, ils font aussi un ou deux autres sports et ne se “spécialisent” qu’ensuite. La pratique des autres sports est même systématiquement encouragée pour compléter le développement et les aptitudes physiques / mentales des enfants et adolescents.

Le golf est tellement perçu comme un sport fun par les enfants qu’ils sont d’ailleurs nombreux à faire des stages d’une semaine l’été pour être avec les copains alors qu’ils ne jouent pas le reste du temps.

 

L’environnement est aussi considéré comme essentiel. Dans une étude réalisée en 2007 sur le golf en Suède*, il avait été demandé à un panel de joueurs et joueuses professionnels suédois, d’établir un classement des personnes clés pour le développement d’un jeune joueur et possiblement futur champion.

Les premiers cités furent les parents devant les coaches, puis les amis et les “role Modèles”. En 5e position venaient le caddie, puis les sponsors juste devant les professeurs (école) et un spécialiste de la nutrition !

Henrik Stenson, dit Iceman

Pour en revenir au héros national du moment, c’est un copain qui a initié Henrik Stenson au golf en l’emmenant sur un practice. Il avait déjà 12 ans, et jusqu’alors il jouait au foot et au badminton, mais il n’a pas fallu longtemps avant que le virus le gagne (bon, pas sûr que le nutrionniste apprécie 🙂 ).

A 18 ans, Stenson était Scratch. Il est ensuite passé professionnel à 22 ans, en automne 1998, et son premier titre a lieu en juin 2000 au Luxembourg où il gagne en playoff face, notamment, à un certain Nicolas Colsaerts, encore amateur. Le Suédois remportait deux autres victoires cette année-là lui permettant de terminer 1er à l’ordre du mérite sur le Challenge Tour.

Avec 21 victoires professionnelles à son palmarès, le Suédois, âgé de 45 ans aujourd’hui, a deux faits de gloire dans sa carrière.

D’abord son doublé victorieux Race to Dubaï/FedEx Cup en 2013, en remportant sur chacun des deux circuits la finale de la saison. Personne n’avait réussi cette performance et ne l’a répétée depuis.

Le second est évidemment sa victoire à The Open en 2016 après un duel phénoménal face à Phil Mickelson sur le parcours du Royal Troon en Ecosse. Avec un total de 264 (68-65-68-63) et un score record de 20 sous le Par, il devenait le premier joueur de Scandinavie à remporter un Majeur.

Reconnu par ses pairs et son entourage comme un travailleur, oscillant entre consciencieux et buté, c’est aussi un golfeur qui sait gérer les mauvaises journées de golf sans grands coups d’éclat. Certes ses clubs en ont parfois fait les frais mais il n’a jamais affiché d’agressivité vis-a-vis de ceux qui l’entourent.

Il se définit lui-même comme un gentil, qui prend soin de ses amis et de sa famille du mieux qu’il peut. Une personne digne de confiance et qui laisse rarement tomber les gens même s’il se laisse tomber lui-même de temps en temps ! Une personne aussi avec un bon sens de l’humour.

Pour la petite anecdote, sa blague préférée : “j’aimerai mourir paisiblement dans mon sommeil comme mon grand-père, sans crier et hurler comme les passagers de la voiture !” :-))

Reconquérir la Ryder Cup dans 18 mois face aux talents de la nouvelle génération américaine ne sera pas une mince affaire mais il y a assurément quelque chose qui a (re)surgi dans les esprits et les coeurs des supporters européens avec le choix de Henrik Stenson comme capitaine : confiance et espoir.

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