Québec, à la fois ville et région. Cette province francophone du Canada de plus de 8 millions d’habitants compte environ 350 terrains de golf publics et près de 1 million de joueurs font au moins un parcours par an selon l’association des terrains de golf du Québec. Au-delà des termes parfois amusants vus de la France : une ronde pour un parcours, le vert pour le green ou encore les distances qui se mesurent en verges, La Petite Balle Blanche a voulu en savoir plus sur le golf au Québec. Et qui mieux qu’un québécois pour nous en parler ! Rencontre avec Marc connu depuis un moment… grâce à Twitter : interview “sans l’accent” mais en québécois dans le texte. Top !
Bonjour Marc, peux-tu te présenter ?
Je me nomme Marc Rancourt et je demeure à Québec, capitale nationale de la province du Québec, du pays le Canada. Je travaille dans le domaine de l’alimentation depuis 22 ans, ce qui vous donne une tite idée de mon âge (42). Pas d’enfant, pas marié… donc plus de temps pour golfer ! 😉 Ma passion, pendant l’été est, bien sûr, le golf… et l’hiver, je suis un vrai mordu du club de hockey les Canadiens de Montréal.
Depuis combien de temps joues-tu au golf ?
Vers 17-18 ans, j’ai découvert qu’il y avait l’option golf à la section sport pour remplir un manque à l’horaire de la session, donc mes premiers coups de golf se sont donnés à l’intérieur d’un collège. Au dernier cours, on nous a amené sur un vrai terrain de golf. Je suis tombé en amour avec ce sport.
La complexité de ce sport m’a vite fait comprendre qu’il serait préférable de me diriger vers les champs de pratique. Sage décision ! J’ai joué une seule ronde de golf cette année-là et ce fût désastreux : 167 ! Les années suivantes, j’ai joué une dizaine de parties par année et le score tournait autour de 130.
Et aujourd’hui ?
C’est il y a 5 ans que je me suis décidé sérieusement à vouloir m’améliorer. Je me suis acheté un équipement neuf et je me suis mis à jouer toutes les fins de semaine, en plus d’aller aux champs de pratique après le travail la semaine. Là, j’ai vu une nette amélioration de mon score. Enfin, je franchissais la barre du 100. Depuis 3 ans je joue en moyenne 40-45 parties par année, plus la pratique aux champs ! Je me suis acheté un simulateur de golf maison pour combler mon manque pendant les périodes hivernales.
Aujourd’hui je peux dire que mon score tourne autour de 85. Je ne suis pas membre d’un club mais j’achète des forfaits d’une dizaine de parties pour que ça devienne moins coûteux au final. Il y a trop de beaux terrains aux alentours pour n’en choisir qu’un et m’y mettre membre. Vive le golf ! 🙂
Alors pourquoi aimes-tu le golf ?
J’adore le golf à cause de sa complexité, des défis à relever, je suis une personne persévérante. C’est pas facile le golf, les coups ne sont jamais pareils mais quand tu ressens un bon contact, que tu regardes la balle s’en aller au loin vers le bon endroit avec la bonne force… Le sentiment que ça apporte n’a pas d’égal, c’est le bonheur total à l’intérieur de soi, un sourire en coin. Il y a aussi le fait d’être en nature, de voir la beauté des terrains, l’odeur de l’herbe fraîchement coupée, le silence, l’oubli des tracas quotidiens, les amis(es) qui nous suivent tout au long des parcours… On se sent en sécurité, libre, léger.
Quelle est la notoriété du golf au Québec ?
Le Canada étant un pays nordique, je dois dire que le hockey prend énormément de place dans les médias. Pour vous donnez une tite idée, dans la section sports des journaux, l’hiver : 75% est consacré au hockey, 10% au baseball, 5% au football, 5% au soccer et 5% partagé entre le tennis, le golf, le basket… Et l’été, juste inverser le % entre le hockey et le baseball.
Évidemment les % varient selon les finales de fins de saisons mais très peu.
Côté télé ?
Idem. La plupart du temps, quand on nous présente le golf, c’est le circuit américain qui prime et on nous montre que les 3e et 4e rondes, sauf pour les majeurs. Là on peut suivre les quatre rondes. Malheureusement on voit très peu le circuit Européen et on nous montre qu’un seul championnat Canadien, celui de Montréal.
Bien sûr, il y a des chaînes spécialisées où l’on peut s’abonner et tout voir sur le golf mais même si il y a beaucoup de golfeurs(es) au Canada, ils préfèrent jouer au golf plutôt que le regarder ou en parler. Pourtant, si tous savaient à quel point on peut s’améliorer seulement en regardant jouer les pros, leur golf s’en porterait déjà mieux… 🙂
Quel est le prix moyen d’un parcours ?
Les prix varient selon la qualité et le prestige des parcours. En moyenne, le prix est de 55$ (35.70€) pour une ronde de golf. On peut golfer à partir de 40$ (25.96€) et ça peut grimper à 160$ (103.8€) sur des terrains d’exceptions mais il y en a peu à ce prix. Pour être membre d’un club, on peut verser entre 1500$ (973.58€) et 4000$ (2596.22€) environ.
Quels sont les 3 parcours qu’il faut jouer quand on vient te rendre visite ?
- Top 1 : Sans hésitation, le Club de Golf de La Tempête, un club de golf de calibre international.
- Top 2 : Fairmont Le Manoir Richelieu Golf Club, là où les coups roulés sont TRÈS affectés par la proximité du fleuve et de la montagne. Un mystère !
- Top 3 : Le Club de Golf Royal Québec, un club semi-privé haut de gamme.
Vous avez des hivers rigoureux, est-ce que le golf s’arrête complètement pendant cette période ?
Oui, les hivers québécois stoppent complètement la pratique de ce sport sur les parcours. Les clubs commencent à ouvrir à la fin avril et ça se termine au début octobre. En avril et en octobre, on joue avec une température de 3-4 degrés Celcius. Parfois, je me demande comment se peut-il qu’après avoir passé au travers d’un hiver si pénible les terrains soient encore si magnifiques et ce, seulement deux semaines après l’ouverture. Cela doit tenir du miracle !
Je sais par contre que certains terrains utilisent une toile spéciale pour couvrir et protéger les greens. Quand ils les enlèvent d’ailleurs, le contraste entre le blanc de la neige autour des greens et le vert des greens donne un genre de couleur vert fluorescent. Une illusion impressionnante à chaque fois !
Pour combler le manque golfique durant les hivers, plusieurs se dirigent vers les golfs intérieurs sur grand écran, y compris moi.
Quel est le golfeur professionnel canadien référence ?
Mike Weir ! Il a connu des succès qu’aucun autre Canadien n’a égalés mais, dans son esprit, il y a beaucoup de travail à faire quand votre objectif est de devenir l’un des meilleurs au monde. À 32 ans, Mike Weir est devenu le premier Canadien à remporter le tournoi des Maîtres d’Augusta en Géorgie, en avril 2003. Les blessures et l’âge l’on ralenti… Aujourd’hui Graham DeLaet a pris le relais.
J’imagine que les québécois suivent naturellement l’actualité du circuit PGA mais suivez-vous aussi celle du circuit européen par exemple ?
Effectivement, on suit ce qui se passe sur le circuit PGA car c’est tout simplement plus accessible. On porte très peu attention à l’actualité du circuit Européen. On entend parler des exploits, on entend des noms par-ci, par-là et on peut nous présenter des tournois de golf Européen majeurs mais encore faut-il qu’il n’y ait pas d’événement assez important chez nous sinon c’est passé au silence.
Tu habites au Québec et puisqu’on vous surnomme amicalement ‘nos cousins’, avez-vous été sensibles et enthousiastes à la performance de Victor Dubuisson ?
Toute personne au Québec qui a pu voir les prouesses de Dubuisson a été ébahie. On a tellement été impressionné par la performance de Victor Dubuisson qu’on l’a tout de suite invité au Québec à l’Omnium canadien RBC qui sera présenté au Club de golf Royal Montréal du 24 au 27 juillet prochain. Au calendrier de la même semaine en Europe, ce sera l’Omnium de la Russie, disputé à Moscou et doté d’un million de dollars versus 5,5 millions à Montréal, une décision à prendre pour lui, nous on l’attend avec joie !
Dans une compétition comme la Ryder Cup, vous êtes plutôt USA ou EUROPE ?
Pour la Coupe Ryder, j’ai un faible penchant pour l’équipe USA simplement à cause du fait de les voir évoluer, on en arrive à les apprécier d’avantage. Alors que les joueurs Européens, eux, on les voit peu. Mais je sais qu’il y a du talent à l’état brut en Europe. Si Jason Dufner faisait partie de l’équipe Européenne, je pencherais pour l’Europe ! 😉 Dufner est mon joueur par excellence.
Sinon derrière cette petite coupe (la Ryder Cup) se cache bien plus que son ombre. Le capitaine qui la soulèvera dressera en quelque sorte le bilan de son sport tel que pratiqué et tel que considéré chez lui. Cette phrase aura davantage d’impact pour nos amis Français en 2018. À ce moment là, j’aurai un parti pris pour la France !
Enfin, quel est ton plus beau souvenir de joueur de golf ?
J’ai plusieurs beaux souvenirs de golf !
Réussir un eagle est un exploit qui reste gravé dans notre mémoire, j’en compte 4 à mon actif. Mais mon plus beau souvenir a été réalisé l’année passée, justement au Club de Golf De La Tempête. C’est sur le 9 de retour que j’ai accompli cet “exploit”. Voici comment ça s’est produit : j’ai commencé avec un DOUBLE BOGEY suivi d’un PAR, PAR, PAR, BOGEY, PAR, PAR pour terminer avec BIRDIE, BIRDIE. Un excellent 37 (+1). Malheureusement, j’avais joué 46 sur le 9 d’aller. Mais quand même… 🙂
Quelque chose à ajouter Marc ?
J’ai répondu du mieux de mes connaissances à cette interview, cela m’a fait plaisir. J’espère avoir fait découvrir le monde du golf au Québec et au Canada !
Un grand merci à Marc pour le temps accordé et la générosité de ses réponses. Toutes les photos de cet article sont de sa propriété. Merci de ne pas réutiliser sans son accord. Suivez Marc sur twitter : @SirRancourt !