Passé par les équipes de France en amateur, Jean-Baptiste Gonnet a connu une ascension rapide en atteignant l’European Tour après 3 saisons professionnelles. 7 saisons au plus haut niveau avec des bons résultats chaque année jusqu’à la “claque”, comme il dit, de la descente sur le Challenge Tour fin 2013. Pendant 2 ans, il se perd à changer des choses dans son jeu qui ne lui correspondent pas. Mais Jean-Baptiste a désormais retrouvé ce qu’il appelle son système et la confiance qui va avec. Prêt à réussir une belle saison 2016 et ainsi retrouver l’élite au terme d’une année charnière. Un long entretien sincère accordé à La Petite Balle Blanche.
Quels ont été les débuts de Jean-Baptiste Gonnet ?
Étant jeune, le golf a toujours été ma passion. J’ai été performant assez tôt puisque j’ai intégré rapidement l’équipe de France pour y rester quasiment une dizaine d’années au total. Même si je n’ai pas gagné énormément de titres, j’ai tout de même été n°1 français et l’un des meilleurs index de France (-5/-6).
Puis le passage chez les professionnels en 2003 avec un démarrage mouvementé ?
Clairement ! Je passe par les cartes européennes. Je suis en tête aux PQ2 et je signe au recording une carte avec un score erroné, du coup je suis disqualifié ! Je me retrouve sans aucune catégorie pour ma 1ère année pro.
J’ai commencé par l’Alps Tour, ensuite j’ai reçu quelques invitations sur le Challenge Tour où cela s’est assez bien passé pour moi avec quelques performances sur ce circuit. J’ai fini par garder ma carte sur le Challenge Tour (CT) et je termine 16è en 2006 (les 20 premiers sont qualifiés à l’époque -ndlr-) pour accéder à l’European Tour (ET) la saison suivante.
S’en suivent 7 années jusqu’en 2013 sur le circuit européen majeur, quels souvenirs en gardes-tu ?
L’acclimatation n’est pas forcément évidente car tu arrives dans un environnement nouveau, avec des parcours que tu ne connais pas et puis, tu te retrouves avec des joueurs que tu regardais à la télé encore quelques temps auparavant. Je me souviens avoir tapé des balles lors de mon 1er tournoi à côté de Olazabal et Montgomerie… Pas facile à gérer. Mais au final, cela s’est plutôt bien passé puisque j’ai réussi à conserver ma carte la 1ère saison et obtenir une catégorie pleine pour jouer tous les tournois dès l’année suivante.
Je garde une multitude de bons souvenirs, notamment des belles parties avec des grands joueurs comme Cabrera, ou encore Tom Lehman avec qui je joue le dernier tour du British Open en 2008. Cela a été 7 années très enrichissantes, c’est sûr.
Que faut-il, à ton avis, pour être régulier et se maintenir au plus haut niveau ?
Plein de choses ! 🙂 Déjà, il faut un mental d’acier, il faut aimer la compétition. On joue quand même pour gagner sa vie et il y a énormément de bons joueurs, pour certains qui sont installés depuis 10/15 ans sur le Tour, donc avec beaucoup plus d’expérience que nous les jeunes qui arrivons.
Il faut également une bonne technique, et même si elle n’est pas parfaite, il faut pouvoir s’appuyer sur un système dans lequel tu crois et dans lequel tu as confiance. Il ne faut pas se disperser. Après il y a certains secteurs de jeu très importants comme la mise en jeu, primordiale sur des parcours préparés de manière diabolique, et le petit jeu.
Arrive 2013, une année compliquée qui te fait revenir sur le Challenge Tour…
Comme je disais précédemment, il faut savoir rester dans la simplicité, garder son système et ne pas se disperser. Je n’ai pas su le faire cette année-là ! Le retour est difficile, tu viens du Top niveau européen et même si le CT reste un circuit très agréable, c’est totalement différent. Déjà, il y a moins d’argent en jeu, les tournois sont certes bien organisés mais tu es beaucoup plus livré à toi-même.
Après 7 ans, tu te retrouves avec des “gamins” de 20 ans qui ont les crocs, sur des tournois que tu n’as plus l’habitude de jouer, avec des parcours beaucoup moins sélectifs qui permettent un jeu plus agressif. Résultat : les joueurs qui scorent bas sont plus nombreux et cela demande de rééditer des très bons scores semaine après semaine pour enchaîner les Top5 ou les Top10. Dur ! En résumé, ce retour dans la 2ème division a été une grosse claque !
Saison 2015, ton meilleur résultat (T20) est au Made In Denmark, un tournoi de l’ET. Comment tu l’expliques ?
Sans doute parce que j’ai un jeu qui convient mieux à ce circuit. Un jeu moins agressif qui me permet de scorer mieux sur des parcours “plus difficiles” comme ceux de l’ET. Sur le CT, c’est plus ouvert, si tu rates tes mises en jeu, tu peux encore arriver à faire un bon score. Ce n’est pas le cas dans la division au-dessus, il n’y a pas de “place” pour les joueurs qui en mettent un peu partout lors des mises en jeu. Globalement les parcours me conviennent mieux sur le tour européen.
Et puis au Danemark, j’avais sans doute un peu plus la gnaque parce que, le reste du temps, je jouais sur le CT et… je n’avais pas la même motivation, c’est ce qui me manque, c’est certain ! L’aspect financier n’est pas évident à gérer, gagner 2000€ pour une 10ème place alors que tes frais pour la semaine s’élèvent à 3000€, mentalement ce n’est pas simple à accepter.
Du coup, comment abordes-tu 2016 ?
Je sors de 2 années difficiles où j’ai fait beaucoup de changements techniques, où par ma faute, je me suis retrouvé souvent livré à moi-même et je suis sorti de mon système. Je suis devenu un technicien et non plus un joueur de golf. Je me suis un peu perdu, les mauvais résultats s’enchaînent et peu à peu la confiance n’est plus là. Je suis alors revenu vers mes “premières amours” (son coach : Roger Damiano -ndlr-) et j’ai repris mes marques. Mon swing, il est ce qu’il est et ce qui importe, c’est de faire des scores.
Je sais où je vais, je sais ce dont j’ai besoin et, aussi important, ce dont je n’ai pas besoin ! Si je ne me disperse pas, je connais ce dont je suis capable sur l’ET avec ces 7 saisons, je dois pouvoir faire de bonnes perfs sur le CT et remonter en fin d’année.
Cette saison, j’ai rencontré Sébastien Gros et de le voir monter sur l’ET, cela me booste un peu plus pour retrouver ma carte en faisant une super saison 2016. C’est une année charnière car tu ne peux jouer trop longtemps sur le Challenge Tour si tu veux gagner correctement ta vie. Remonter, oui, c’est mon objectif clair et net !
Malgré cela, tu as réussi à conserver tes sponsors ?
Oui, heureusement. C’est indispensable de toute façon, ce jeu coûte beaucoup trop cher. J’ai la chance notamment d’avoir à mes côtés Magnus Konow, un ami, qui me suit depuis plusieurs années ainsi qu’un team d’encadrement qui m’aide beaucoup. Je me suis entouré des bonnes personnes pour retrouver au plus vite l’élite européenne.
Pour finir, comment perçois-tu ces nouveaux talents français dont on parle de plus en plus : Hébert, Gros, Sordet et consorts ?
Ce sont des jeunes joueurs très motivés qui jouent de mieux en mieux et qui se servent de toutes les nouvelles technologies, comme le trackman, pour progresser. Clément Sordet est un mec super et il va faire à mon avis de très belles choses (entretien réalisé avant le résultat de Clément en Thaïlande ! Bien vu JB ! -ndlr-). Sébastien Gros, en plus d’être un mec extra, est hyper talentueux et je pense qu’il n’aura pas de problème pour réussir sur l’ET.
On a aussi des mecs qui jouent très bien comme Mike Lorenzo-Vera qui a vécu un peu ce que je vis en ce moment et qui maintenant retrouve le haut niveau. En clair, ils sont tous bien structurés et ils ont la tête sur les épaules. Ils sont aussi bien encadrés, que ce soit Sébastien avec Benoît Telleria ou Ben Hébert avec Olivier Léglise, par exemple. S’ils restent dans leur système, ils vont extrêmement bien performer sur le tour européen, c’est une certitude.
Photos : © Figaro Golf – René Schütze
Questionnaire In/Out de La Petite Balle Blanche : un aller en 9 questions golf et un retour en 9 questions persos
- Ton club préféré ?
Le driver - Le coup de golf que tu aimes le moins jouer ?
Le wedging (les coups à 100m), mais ça c’était avant ! 🙂 Je l’ai et je vais beaucoup le travailler cet hiver car c’est un coup important - Le tournoi ou la compétition que tu aimerais gagner ?
L’Open de France en premier ! - Le meilleur moment de ta carrière ?
Clairement, garder ma carte sur l’ET la 1ère année en terminant 2ème au Scandinavian Masters - Le meilleur conseil (golfique) qu’on t’ait donné ?
Ne pas se disperser et conserver son système de jeu, sans essayer de copier les autres - Avec quel joueur aimerais-tu jouer en double dans une Rydercup ?
Martin Kaymer, j’aime beaucoup ce joueur et son jeu - Si tu pouvais changer une règle au golf…
Jouer avec moins de clubs, il y en a trop dans le sac ! 🙂 - Le joueur (ou joueuse) préféré(e) et la question que tu aimerais lui poser ?
Tiger Woods. “Pourquoi il a changé aussi souvent de coachs alors qu’il jouait parfaitement ?” - Le Top3 des parcours que tu as joué ?
Le Golf National,
Bro Hof Slott (Suède)
Wentworth - Ton point faible ?
(Petit) manque de confiance en soi - Ton plat préféré ?
Une entrecôte - Film, série ou livre préféré ?
La série “Suits” - La pièce de ton appart/maison (ou l’endroit) que tu préfères ?
La cuisine parce que j’aime beaucoup faire la cuisine - Tu ne pourrais pas vivre sans… ?
La mer ! - Quand tu ne joues pas, ton occupation/passe-temps favori ?
La pêche - Le plus beau compliment que tu aies reçus ?
Steve Stricker et Paul McGinley m’ont tous les 2 dit qu’ils adoraient mon jeu. De la part de ces joueurs là, c’est top ! - Tu adorerais partir en vacances avec… ?
Ma femme et ma fille - La question dont tu aimerais connaître la réponse ?
Pourquoi je ne suis pas dans le Top50 mondial depuis 10 ans ? 🙂
Merci Jean-Baptiste et bonne continuation !