Après les désillusions et contrariétés retracées mardi, il est temps de clôturer l’année sur une belle note, emplie de promesses pour l’année à venir. 2016, ce sont 4 hommes et 3 femmes qui décrochent leur premier majeur, c’est un tournoi de golf qui renoue brillamment avec les Jeux Olympiques ou encore les USA qui retrouvent le chemin du succès en Ryder Cup. Autant de moments riches en spectacle et en émotions qui rendent encore plus difficiles cette sélection des coups de coeur de 2016.
Tiger sort du bois
Ce n’était pas le tournoi de l’année, ce n’était pas réellement un tournoi d’ailleurs avec ce champ limité à 18 joueurs et pas de cut. Tout Tiger Woods qu’il est, il ne fallait tout de même pas attendre des miracles de son retour. Classé au-delà du Top1000 mondial, il n’avait pas joué en compétition depuis 15 mois, et qui plus est Woods est désormais quarantenaire.
Alors il a alterné le très bon (une carte de 65 sans bogey au 2ème tour) et le mauvais (6 doubles bogeys au total sur la semaine) mais il ne termine pas dernier et surtout il est apparu en bonne forme physique.
L’effet Tiger Woods a été immédiat avec, sur les 2 premiers jours, 200% d’audimat en plus pour ce même tournoi par rapport à 2015 pour les chaînes américaines.
Oui, ce retour est un bon moment de 2016 car il était attendu par tout passionné de golf que les moins de 20 ans ne comprennent peut-être pas. À l’attention de ces derniers, il faut savoir que le genre de coup réalisé au Hero World Challenge dans la vidéo ci-dessous était celui que pouvait sortir Tiger pour accrocher un playoff ou remporter un tournoi. Quand Woods devait rentrer la balle, il le faisait!
Lancaisse, tout d’un grand!
Il avait brillamment gagné le droit de fouler les greens d’Augusta grâce à sa victoire au British Amateur en 2015. Ni son statut d’amateur, ni le parcours mythique du Masters n’ont perturbé Romain Langasque. Il s’offre même une carte de 68 le dimanche pour terminer 39ème ex-aequo.
Hormis un cut raté au Vaudreuil, il faudra attendre novembre pour trouver un moins bon résultat dans sa saison (T44 au NBO Grand Final)! Entre-temps, Lancaisse signe 9 Top10 dont un à l’Omega Masters sur l’European Tour (T7).
Il accède logiquement à l’élite dès sa 1ère année chez les pros et, avec Dubuisson, il permet à la France d’obtenir son meilleur résultat en Coupe du Monde (T2). Sans contestation, le meilleur espoir tricolore qu’on ait vu depuis longtemps.
Les récidivistes
Si ce n’est de l’injustice, il y a une certaine forme d’incohérence à ce qu’un joueur comme Alex Noren gagne 4 fois en 2016 et termine 3ème de la Race to Dubaï derrière 2 joueurs avec “seulement” 2 titres chacun. Certes le suédois n’a pas remporté un Majeur comme son compatriote Stenson ou l’anglais Willett mais 4 victoires + 3 autres Top10 en 7 mois devraient être mieux récompensés en fin de saison.
Outre-Atlantique, saluons la passe de 3 sur le PGA Tour pour Jason Day et Dustin Johnson. Avec le Arnold Palmer Invitational, le WGC-Dell Match Play et The Players, l’australien remporte 3 victoires en 2 mois et même avec sa blessure en playoffs de la FedEx Cup, il finit l’année n°1 mondial.
En plus de son 1er Majeur, DJ gagne le WGC-Bridgestone et le BMW Championship au cours d’une saison où il signe par ailleurs 12 Top10 (incluant T9 à The Open) dont 9 Top5 (incluant T4 au Masters). Pourtant, malgré cette saison quasi parfaite, il arrive à se faire souffler le trophée de la FedEx Cup par McIlroy.
Chez les femmes, la logique est respectée. La thaïlandaise Ariya Jutanugarn, avec 5 victoires en 2016 dont le British Open et 16 Top10 en 28 tournois joués, remporte la “Race to CME”. Elle devance Lydia Ko avec 4 titres dont le ANA Inspiration et Brooke Henderson avec 2 titres dont un Majeur (voir ci-après).
Le 62.5 de Lefty
Le record de la meilleure carte en Grand Chelem n’est toujours pas tombé. En début d’année, on avait enregistré 27 cartes de 63 tout majeur confondu, sans que jamais personne dans l’histoire n’ait réussi à faire mieux. Après les 4 Majeurs de 2016, on en compte 3 de plus avec les 63 de Mickelson et Stenson au Royal Troon (The Open) et celle de Streb à Baltusrol (PGA Championship).
Toutefois lors du 1er tour de The Open 2016, Phil Mickelson a délivré un golf proche de la perfection. Son dernier putt pour birdie (qui aurait été son 9ème du jour) sur le 18 se termine sur une virgule. Ce sera seulement un 63, qualifié par les médias de “62.5” tant le gaucher américain est passé vraiment près…
Phil Mickelson hace 63 con estos golpes y empata el record del campo en Escocia @carlemberson #Golf #gourmandhttps://t.co/EvDprWcaIj
— Gourmand Mex (@gourmandmex) 15 juillet 2016
Le “Septembre” de Rory
Avec son cut manqué au PGA Championship et son forfait aux JO, on en avait presque oublié que le nord-irlandais restait sur une 3ème place à l’Open de France et une 5ème ex-aequo à The Open lorsque les playoffs de la FedEx Cup ont débuté. 4 tournois plus tard et 8 tours sur 16 sous les 70, Rory McIlroy s’empare du trophée de la FedEx Cup pour la première fois de sa carrière (3ème en 2014 et 2ème en 2012).
2 victoires seulement sur le circuit américain en 2016 mais des victoires qui comptent avec le Deutsche Bank Championship et le Tour Championship lors de ces phases de playoffs. En finale, il gagne grâce à un dernier tour de folie. Il accuse 3 coups de retard sur Kevin Chappell, alors leader, à 3 trous de la fin. Eagle sur le Par4 du 16 puis birdie sur le Par5 du 18, le nord-irlandais a fait le job.
Les trophées du tournoi et de la saison vont se jouer dans un playoff à 3 avec les américains Chappell et Moore. Rory manque d’un cheveu la victoire sur le 1er trou puis évite la défaite en sauvant le Par deux trous plus tard. Au 4ème trou du playoff, il rentre un putt de 4,50m et s’adjuge une victoire quasi inattendue au nez et à la barbe des américains.
La revanche de DJ
L’US Open 2015 lui tendait les bras et il a flanché pour le donner littéralement à son compatriote Jordan Spieth. Il avait déclaré ne pas avoir de regrets car il jouait au golf pour vivre des moments comme celui-là. Il ne fallait pas comprendre que ces moments signifiaient seulement ceux liés à une défaite. Cette année, et malgré une pénalité rocambolesque, l’américain remporte l’US Open sans trembler, son 1er Majeur avec 4 cartes de 67-69-71-69.
Parti 4 coups derrière l’irlandais Shane Lowry le dimanche du 4ème tour, il est à l’aise dans ce rôle où il peut faire parler sa puissance et son agressivité à l’attaque des greens. Dans la partie derrière lui, le jeu de Shane Lowry s’effrite et l’irlandais enchaîne les bogeys. DJ passe en tête mais ne se désunit pas cette fois. Il termine par un dernier birdie suite à un coup de fer splendide au drapeau. Une victoire totalement méritée pour l’américain qui signe 1 fois sur 2 un Top10 lorsqu’il passe le cut en Majeurs (13 sur 26).
Le show Patrick Reed
En 2014, il avait déjà démontré son amour de la Ryder Cup et son tempérament accrocheur en Match Play. À Gleneagles, ses 3.5 points en 4 matches n’avaient pas été suffisants pour éviter une 3ème défaite de suite à son pays.
À Hazeltine, Patrick Reed ramène à nouveau 3.5 points aux USA après avoir joué les 5 sessions. Il a été à la fois bouclier et fer de lance de son équipe. Dans la dernière session de 4 balles du samedi après-midi, toujours associé à Jordan Spieth, à lui seul (il gagne tous les trous pour les américains), il va empêcher le duo Stenson-Rose de ramener l’Europe à 7.5, à seulement 1 point des USA avant les simples.
Le lendemain, dans un duel phénoménal face à McIlroy notamment sur les 9 premiers trous, il gagne sur le 18 un point crucial qui aurait permis aux hommes de Darren Clarke de repasser en tête après 4 matches au club-house. Patrick Reed aime son pays et il adore la Ryder Cup. Nous aussi. Rendez-vous sur l’Albatros!
Brooke Henderson avec la manière
Brooke Henderson gagne son 1er titre en tant que membre de la LPGA lors d’un Majeur. La canadienne âgée de 18 ans avait débuté sa semaine au KPMG Women’s PGA en signant notamment un trou en un lors du premier tour lui permettant de prendre la tête du tournoi. Mais deux cartes consécutives de 73 la mettent à 2 coups de Lydia Ko au départ du dernier tour.
Pas moins de 14 joueuses se tiennent en 3 coups mais Henderson va sortir la journée parfaite et ramener une carte de 65 comprenant 4 birdies et 1 eagle, sans aucun bogey. La leader néo-zélandaise signe aussi une carte sans une seule erreur mais elle ne peut faire mieux que 4 birdies. Les 2 joueuses partent en playoffs qu’elles débutent sur le Par4 du 18. Alors que Ko se met à 6m du drapeau, Henderson dépose sa balle à moins d’un mètre. Elle convertit facilement son birdie après la tentative ratée de son adversaire.
La canadienne devient la plus jeune joueuse de l’histoire à remporter ce Majeur (et la 2ème plus jeune tout majeur confondu) et est aussi la 1ère de son pays à gagner un tournoi du Grand Chelem depuis 48 ans.
Le duel Stenson-Mickelson
Étant donné les circonstances (dernier tour d’un Majeur) et le scénario (chassé-croisé permanent des 2 joueurs pour le leadership), c’est sans aucun doute le plus beau “match-play” qu’il m’ait été donné de regarder dans ma vie.
Lefty joue à merveille et signe une carte parfaite de 65 avec 4 birdies et 1 eagle. Iceman commettra 2 erreurs (au 1 et au 11) mais a le putter en feu et fait tomber 10 birdies au total. Après un tournoi magnifique et une dernière partie exceptionnelle, Henrik Stenson devient le 1er suédois à remporter un Majeur. Toppen!
