On en redemande ! Le premier championnat du monde de la saison 2018 a offert du grand spectacle. Avec un épilogue digne d’un scénario hollywoodien : après cinq ans sans victoire, Phil Mickelson, le “vieux” héros américain, a battu en play off la jeune star montante Justin Thomas.
Ses pouces levés, son sourire ultra brite, sa candeur, ses innombrables démonstrations d’amour pour sa famille, sa disponibilité infaillible avec le public, sa passion pour les maths et la physique quantique, on connaît tout ou presque de l’impayable Phil Mickelson. On aime ou on n’aime pas le personnage. Aux Etats-Unis, “Lefty”, comme on le surnomme, est un peu la Kim Kardashian du golf. Plus il en fait des kilos, plus ça plaît. Plus le public l’adore. Plus ses pairs le détestent aussi, en silence ou sous couvert d’anonymat. Les histoires invraisemblables se sont succédé au cours de sa carrière. Mickelson qui attend l’accouchement de sa femme sur les fairways de l’US Open, Mickelson qui parie des sommes astronomiques, Mickelson accusé de délit d’initié…
Au Mexique, la semaine a commencé pour lui par une scène “classic Phil”, comme disent ses fans. Quand la nouvelle étoile du Tour Européen, Sharma Shubankhar, s’est avancée vers lui sur le putting green pour le saluer, Mickelson lui a répondu par un impayable “pas de presse maintenant, après ma partie“. Il a fallu que l’Indien le convainc que sa place était dans le champ des joueurs et non dans la salle de presse pour que Phil réalise sa boulette. La petite histoire a pris un peu de volume quand Sharma, le plus jeune du champ (21 ans) et “Lefty”, le plus âgé (47 ans) ont partagé la dernière partie dimanche. Sacré Phil, vraiment dans son monde, tout là-haut…
“He probably thought we were media and said, ‘Not right now. After the round.” ?
Shubhankar Sharma will NEVER forget the first time he met Phil Mickelson. ? pic.twitter.com/K1U4ARlmrv
— PGA TOUR (@PGATOUR) 4 mars 2018
Mais trêve d’anecdotes, Phil Mickelson est avant tout un immense joueur. On ne peut que se réjouir de son retour au premier plan. L’homme aux cinq tournois majeurs et aux désormais 43 victoires sur le PGA Tour a mis fin à cinq ans de pénurie grâce à cette victoire homérique dans le premier WGC de la saison, la toute première avec son frère Tim sur le sac.
Homérique, car Phil, à la manière d’un Tiger Woods, a connu un vrai trou d’air dans sa carrière. Au point qu’on craignait de ne plus le revoir un trophée à la main. Homérique, car ce succès a été obtenu à la pointe d’un putter aiguisé, face à une concurrence de premier plan. A Mexico, il manquait certes quatre des dix meilleurs du monde (McIlroy, Matsuyama, Koepka et Day), mais les autres étaient tous là. Homérique enfin, car le final de ce WGC a été époustouflant, et Phil a eu besoin de toute son expérience pour faire plier le jeune premier Justin Thomas.
On passera assez vite sur la faiblesse de la réalisation télé et sur celle des commentaires du duo de Golf Plus. A mon goût, on n’a pas assez vu Garcia, Cabrera Bello et même DJ, on a dû subir les coupures pubs avec des dizaines de putts sans intérêt de Dufner et consorts, Christian Ledan est toujours aussi imprécis dans son suivi des scores et des coups et Marc Farry m’a rendu fou en prononçant 45 fois l’expression “quel diable” en un week-end. Mais ce sont des détails.
Spectacle total
Le spectacle golfique a été enthousiasmant. Avec plusieurs par 4 “drivables”, avec des greens tordus, les champions s’en sont donnés à cœur joie sur un parcours décrié, mais parfait pour les rebondissements. Des records de “holes out” (coups rentrés en dehors du green) ont été battus. Dimanche, dès 19 heures, ça a commencé par une sortie de bunker rentré pour eagle sur le trou n°1 par Rafa Cabrera Bello. Mais le coup de la semaine, c’est bien sûr le wedge de Thomas pour eagle sur le 72e et dernier tour. ENORME. Complètement dingue à ce moment du tournoi. Ce gars-là est hallucinant. Il était dans le par après les deux premiers tours. Un week-end de folie avec un 62 et 64 a bien failli lui offrir un cinquième succès en cinq mois.
A cet instant, Phil Mickelson et Tyrrell Hatton étaient à deux coups de Thomas, avec quatre trous à jouer. Le pittbull anglais aurait pu prétendre au play off avec son eagle au trou n°15, mais il a failli sur le green du n°18, trahi par son wedge et un green abîmé sur sa ligne de putt. Le vieux lion, lui, a aligné birdie au 15 et au 16 pour revenir à hauteur. Il est même passé à un cheveu du birdie au 17, mais c’est finalement sur ce même trou qu’il s’est imposé en mort subite, après un bogey de Thomas.
Mickelson était aux anges après ce retour au premier plan, qui lui assure pratiquement sa place pour la Ryder Cup au Golf National.
“Cette victoire signifie beaucoup, compte tenu des moments difficiles que j’ai connus ces quatre dernières années. Je savais que je pouvais encore être compétitif à ce niveau.”
Avec des fans mexicains complètement investis (et des commentateurs locaux juste parfaits ?),
When in Mexico …
“¡Increíble pelota regresa! ? pic.twitter.com/Q8sc5kcr7L
— PGA TOUR (@PGATOUR) March 3, 2018
avec un suspense haletant, avec des stars déjà au top, on s’est vraiment régalés. Vivement la suite de la saison. Je tenterai un parallèle avec le tennis. En 2017, le retour au sommet de Roger Federer et de Rafael Nadal a fait chavirer de plaisir les fans de la balle jaune. Pour #LPBB, c’est déjà fait en ce qui concerne le “come back” du gaucher. Si Tiger peut imiter Federer en 2018, qui s’en plaindra ? Le sport a besoin de légendes. Phil Mickelson en fait partie.