Il serait injuste de tirer une conclusion définitive sur la version 2019 des playoffs de la FedEx Cup à l’issue du Tour Championship mais ce dernier tournoi de l’année du PGA Tour et sa formule innovante n’ont finalement pas apporté grand chose. Passage en revue du pour et du contre.
3 tournois au lieu de 4 ? top !
Si on veut faire un état des lieux complet de ces playoffs en 2019, on tiendra d’abord compte du changement dans le nombre de tournois dits “playoffs”. Exit le Dell Technologies, 2e étape des playoffs jusqu’en 2018. L’épreuve qui offrait un tour supplémentaire à 100 d’entre eux a disparu et il faut avouer que c’est plutôt une bonne décision.
Les playoffs débutent toujours par le rendez-vous new-yorkais (The Barclays et désormais Northern Trust Open) ouvert aux 125 premiers de la saison régulière. Mais le Dell Technologies avait souvent des allures de qualification alternative pour certains joueurs au classement général qui pouvaient se permettre fréquemment de faire l’impasse sur cette épreuve car, même sans jouer, ils étaient assurés de participer au BMW Championship, réservé aux 70 premiers.
En enlevant ce tournoi “intermédiaire”, le 1er tournoi des playoffs offre des vraies allures de cut après 4 tours pour conserver seulement 70 joueurs sur les 125 au départ. Avec une épreuve de moins pour les joueurs, c’est aussi une chance de moins de marquer des points qui valorisent les performances réalisées dès le Northern Trust Open. Chaque tournoi compte !
Plus de visibilité ? oui, mais…
Le nouveau principe adopté pour que le gagnant du Tour Championship soulève aussi le trophée FedEx Cup est dans l’absolu d’une totale et évidente simplicité, on est d’accord. Mais ! 😉
Personnellement, l’ancienne formule n’avait rien de dérangeante. Les scénarios étaient certes nombreux et parfois alambiqués mais il se dégageait assez rapidement une poignée de possibilités au fur et à mesure de chaque tour de la finale de ces playoffs. Cela apparaissait même clairement au départ du dernier jour.
Si l’on prend la FedEx Cup 2018 et son ancien format, pour 5 d’entre eux, c’était simple. DeChambeau, Rose, Finau, Johnson et Thomas avaient leur destin en main. En cas de victoire au Tour Championship, ils gagnaient également la FedEx Cup. Pour les 25 autres cela passait à la fois par une victoire et une combinaison de plus en plus improbable des résultats de leurs concurrents. Malgré cela, le dimanche nous a offert un “match dans le match” avec la victoire de Tiger Woods d’un côté et celle de Justin Rose qui, sur les 2 derniers trous, avait besoin d’un birdie pour gagner la FedEx Cup. C’était somme toute plutôt amusant ce double intérêt dans le dernier tournoi.
Rory McIlroy's 2018-19 season
19 starts
3 wins
14 top 10s
16 top 25s
1st in strokes gained off the tee
1st in strokes gained tee-to-green
1st in strokes gained overall (best SG season of the decade)
FedEx Cup champion— Dan Rapaport (@Daniel_Rapaport) August 25, 2019
Enfin, il y avait une certaine logique (absente désormais) à ce que les vainqueurs puissent être différents. Gagner un tournoi est loin d’être représentatif de l’ensemble d’une saison. Ceci étant dit, cette année, Rory a gagné et cela récompense une vraie saison solide du Nord-Irlandais malgré 0 titre en majeurs (2 Top10 en grand chelem + 3 Top10 aux WGC + The Players + RBC Canadian Open). Mais cette nouvelle formule, au prix d’une semaine de folie, pouvait consacrer Charles Howell III, , par exemple et avec tout le respect qui lui est dû. L’Américain a signé 1 victoire fin 2018 et 4 Top10 sur la saison en tout et pour tout, dont aucun en Majeur. L’enthousiasme aurait-il alors été le même aujourd’hui ?
Les scores de départ au Tour Championship : inutile
Le prix de la simplicité était donc lié à ces scores donnés au départ en fonction du classement des 30 qualifiés pour le Tour Championship.
The #FedExCup playoffs are set. Here is the leaderboard that will kick it off. pic.twitter.com/u35TwCOp4b
— THP Golf (@THPGolf) August 19, 2019
Ce qu’on peut assurément annoncer pour ce tournoi inaugural nouvelle formule : merci Justin et merci Rory !
Le premier pour ne pas avoir tué les débats sur les 36 premiers trous. L’Américain avec un score de -10 et ses 2 coups d’avance sur son premier poursuivant avant même de commencer nous a gratifié d’un premier tour dans le Par plutôt salvateur. Cela a permis un regroupement rapide alors que, si comme au BMW Championship, il avait démarré avec une carte de 65, il mettait Koepka à 5 coups et Rory à 6 coups après 18 trous. Il y a de quoi tuer le tournoi dès le vendredi soir…
Re-ouf avec McIlroy. En jouant réellement -13, il a signé le meilleur score du champ, 3 coups de mieux que Schauffele, pour remporter le titre avec un écart ‘corrigé’ de 4 coups puisque le Nord-Irlandais était parti avec 1 coup de mieux que l’Américain. Cependant cette nouvelle formule du Tour Championship n’a pas créé plus de suspens. Le leaderboard réel après 54 trous était tout aussi excitant : Schauffele -10, McIlroy & Casey -9, Koepka -8. D’un côté, Casey avait sans doute plus de chances de succès dans cette nouvelle formule mais de l’autre, ce classement rectifié a laissé une chance à Justin Thomas alors qu’il n’était pas du tout dans le coup cette semaine (-1 réel contre -11 avec les coups en amont).
De plus, imaginons cette nouvelle formule appliquée à la FedEx Cup 2018. Nous n’aurions alors jamais vécu le moment exceptionnel de la victoire de Tiger Woods l’an dernier. Le Tigre aurait démarré à -2 (et 8 coups de DeChambeau) pour finir à 1 coup de Justin Rose le dimanche soir. La logique aurait été respectée (Justin Rose vainqueur de la FedEx Cup) mais sans les émotions du 80e sacre de Woods sur le PGA et – comme il le dit – le titre à Augusta ensuite ! Ça fait réfléchir 🙂
Tiger Woods was disappointed in not making it back to the Tour Championship.
“Just the fact that last year culminated in a great win, and it turned into what happened, I'm sure, at Augusta, because I was able to prove to myself that I could win again.” https://t.co/h3WDthuKu4 pic.twitter.com/QBVQ6n39Gi
— Golf Central (@GolfCentral) August 19, 2019
En conclusion, cette nouvelle formule laisse place à la calculette pour simplement comptabiliser les gains faramineux des protagonistes (46 millions $ en jeu sur un seul tournoi).
Rory McIlroy made $17,700 for every hole he played on the PGA Tour this season. Sweet Jesus.. #FedExCup
— Eoghan Moloney (@EMoloney91) August 25, 2019
Face à des joueurs d’un tel niveau, un retard de 9 ou 10 coups est pratiquement aussi insurmontable que la combinaison de résultats imposés par l’ancien système.
Si cette fois, le postulat de base du golf – le meilleur score l’emporte – a bien été respecté, rien ne le garantit pour autant lors des éditions suivantes.
Ce nouveau format n’apporte ni plus de suspens, ni moins. Ni plus d’intérêt, ni moins. Juste la certitude que ces joueurs-là sont vraiment les meilleurs du monde, et cela suffit à notre plaisir de spectateur fan de golf. 🙂