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Arnaud Verhaeghe : “c’est par les enfants qu’on amènera les parents au golf”

Arnaud Verhaeghe avec Adrien Toubiana forme un des duos favoris des téléspectateurs. Enseignant avant tout, Arnaud évoque pour nous son métier qu'il exerce à St Nom la Bretèche et son activité souvent nocturne derrière le micro.

Dans la fine équipe de Golf+ qui anime notre passion chaque semaine, les journalistes sont complétés par des consultants de qualité. Arnaud Verhaeghe avec Adrien Toubiana forme un des duos favoris des téléspectateurs. Enseignant avant tout, Arnaud évoque pour nous son métier qu’il exerce à St Nom la Bretèche et son activité souvent nocturne derrière le micro.

Qui est Arnaud Verhaeghe en quelques mots ?

J’ai commencé le golf vers 14 ans, après avoir pratiqué le hockey sur glace et hockey sur gazon. J’étais au Stade Français entre 1994 et 1999 puis j’ai joué mes 3 dernières années amateur au golf de St Nom la Bretèche. J’avais envie de devenir enseignant et en 2003, il y a eu un pro qui partait, donc j’ai obtenu mon premier poste là-bas après avoir passé mon Brevet Professionnel. Je travaillais aux côtés de Dominique Larretche puis j’ai suivi les autres formations pour obtenir le Diplôme d’Etat puis le Diplôme d’Etat Superieur. Depuis 17 ans, j’enseigne donc à St Nom et je m’occupe également des équipes 1 Hommes et Femmes.

Arnaud Verhaeghe - Golf St Nom la Bretèche
Arnaud Verhaeghe – Equipe 1 St Nom la Bretèche

Comment es-tu arrivé dans ce rôle de consultant pour Golf + ?

Je suis arrivé à Canal justement par l’intermédiaire de Dom Larretche il y a 6 / 7 ans. J’ai commencé par faire des remplacements selon les besoins pendant l’été quand les consultants habituels partaient en vacances. J’ai été sur ce rythme pendant 2 ans puis, les retours positifs aidant, Thierry David après avoir été nommé Rédacteur en Chef m’a fait confiance pour des interventions régulières.

Tu commentes sur le PGA Tour, comment te prépares-tu pour ces soirées ?

J’ai choisi le PGA Tour pour me permettre d’assurer mon métier d’enseignant en journée, même si c’est parfois compliqué physiquement d’enchainer les 2. J’ai un bon réseau de coachs américains et de greenkeepers qui me donnent des infos sur les tournois. Ces contacts sont importants car, n’étant pas sur place, on n’hume pas le tournoi de la même façon.

En général, le jeudi, je me réserve une bonne heure pour récupérer les infos. Je connais la plupart des parcours du PGA Tour, j’en ai joué aussi beaucoup, celui est forcément un avantage.

Je m’intéresse particulièrement aux dernières actualités des joueurs avec leur coach, quels sont les secteurs de jeu sur lesquels ils s’entraînent en ce moment, savoir s’ils ont un nouveau club dans le sac… Pour les jours suivants, avant de prendre l’antenne, j’aime faire le tour des interviews de la veille pour connaître le ressenti des joueurs.

Est ce que, en tant que consultant, on ne ressent pas une certaine réserve à critiquer les meilleurs joueurs du monde ?

Non pas du tout. D’abord, je n’aime pas la critique pour la critique car il nous manque toujours des pièces du puzzle. Il faut garder un regard objectif même si je ne suis pas d’accord. Je donne mon opinion pour essayer d’amener une plus value, pour expliquer la situation telle que je la ressens. Avoir justement l’oeil du consultant ! 🙂

Par exemple, lorsqu’un joueur comme Fleetwood met sa balle dans l’eau à l’attaque du green du 18 au Honda Classic cette année, pour moi il n’y a pas de critique à avoir. C’est le choix qu’il faut faire, il faut aller chercher le birdie. C’est un joueur de haut niveau, s’il tape 10 balles, il en mettra 7 sur le green. Là, ce n’est pas passé mais cela n’aurait pas eu de sens pour lui de jouer un coup de fer 7 et un coup de sandwedge derrière.

Tu as une bonne entente avec Adrien Toubiana, est-ce un atout la complicité lorsqu’on commente ?

Avec Adrien, on a peu près la même tranche d’âge, on a les mêmes goûts, le même humour. Ce qui est surtout important c’est d’arriver à commenter avec la même personne pour développer des affinités. C’était aussi un souhait de ma part de conserver autant que possible le même duo, cela évoluera sans doute prochainement car il devrait y avoir un peu plus de rotation entre Adrien et Christian Ledan avec lequel j’aime commenter aussi.

Quelles différences selon toi entre commenter le PGA Tour et le Tour Européen ?

La réalisation est totalement différente. Les coupures pub aux US représentent facilement 25 minutes sur 1h de retransmission et il faut donc alimenter ces pauses. Mais il ne faut non plus saouler les gens, le golf de temps en temps ça se regarde. Sur l’ET, on voit tout de même plus de jeu, même si les français ne passent pas souvent. Le circuit américain avait pris de l’avance avec leur shot tracer mais c’est une fonctionnalité qui arrive désormais sur l’ET.

La suite de la saison 2020 suscite beaucoup d’interrogations. Quel est ton sentiment ?

Même si sur le PGA Tour, ils ont commencé la saison début octobre, les gros tournois étaient encore à jouer. Je ne sais pas vraiment comment ils vont s’en remettre, sachant qu’avec le décalage de la crise entre Europe et USA, les Américains ne pourront pas reprendre avant mi-juin au mieux. Hormis les Majeurs, ils ont annulé leurs tournois alors que l’ET les a pour l’instant reportés.

Sur le PGA, il y a beaucoup d’inconnues : est ce qu’il faut maintenir ou faire sauter les playoffs ? Les règles pour garder sa carte vont-elles être adaptées ? Je pense qu’ils vont tout faire pour jouer les majeurs car il y a des gros enjeux économiques derrière. On pourrait alors avoir un enchainement août – septembre – octobre hyper dense.

Sur le Tour Européen, les mêmes questions liées aux droits de jeu pour la prochaine saison vont aussi être compliquées à traiter.
On sait que les 2 circuits réfléchissent évidemment a tout ca mais rien n’a encore filtré auprès des joueurs.

Arnaud Verhaeghe avec Charlotte Liautier, vainqueurs internationaux de Foursome en 2019

Quel est ton regard sur le golf français ?

Les coachs français sont de mieux en mieux formés et compétents pour le haut niveau. Ce qui est nouveau, c’est que grâce à Internet, il y a beaucoup plus d’échanges et les informations sont moins gardées secrètes entre coachs. Il y a donc un meilleur retour d’informations auprès des jeunes qu’ils entraînent et ces derniers sont plus forts, plus tôt.

Pour les joueurs qui sont déjà au haut niveau aujourd’hui, eux commencent à s’entourer beaucoup mieux. Ils comprennent l’interêt d’avoir un vrai staff autour d’eux, ils font plus de gym qu’avant, plus attention à la diététique. Tous ces petits détails font que cela progresse.

La chose qui m’embête un peu, c’est qu’on assiste à une petite exode de joueurs français pour aller chercher des consultants étrangers. Certes ils ont plus d’expérience, mais c’est aussi l’histoire du serpent qui se mord la queue, avec des coachs pros qui se forment mieux mais des joueurs qui vont voir ailleurs.

La locomotive du golf tricolore est-elle nécessaire ?

D’abord, on constate qu’on a plus de joueurs présents dans le top 100, le top 150 mondial qu’auparavant. Je pense qu’on a besoin d’avoir les meilleurs joueurs français bien placés dans ce classement mondial et c’est le cas actuellement. Malheureusement, on ne les voit pas souvent à l’antenne même lorsqu’ils jouent bien et ça on ne peut rien y faire (pour rappel, la réalisation est assurée par le Tour Européen et non pas Canal+). Alors peut-être que si un Français gagnait un majeur, on aurait la chance de le voir un peu plus et qu’on s’intéresse alors aussi un peu plus à nos joueurs.

En tant qu’enseignant, ton sentiment pour le développement du golf en France ?

La première chose qu’il faut intégrer c’est que la France n’est pas un pays hyper sportif et n’a pas non plus une très grande culture du sport. On aime bien regarder le sport sur son canapé mais on ne le pratique pas autant. Ailleurs, les enfants touchent à plusieurs sports, parfois 3 ou 4 en même temps avant l’âge de 14 ans. Ils développent plus de qualités sportives, de coordination, de motricité. En France, tu fais soit du golf, soit du foot mais pas les 2.

Donc, partant de là, la mise en place du golf scolaire est indispensable. Cela veut dire imposer peut-être à tous les clubs, privés ou publics, de faire un certain nombre d’heures de golf scolaire pour toucher le plus d’enfants. On le sait, c’est par les enfants qu’on amènera les parents ensuite.

Il faudra également qu’on accepte de casser les codes qui consistent à d’abord éduquer les gamins avant de les faire jouer. Il faut qu’ils puissent venir comme ils sont, la casquette à l’envers ou le jogging, s’ils en ont envie. Ce sera notre rôle d’enseignant de leur apprendre ensuite les règles et l’étiquette.

Les acteurs du golf ne sont pas suffisamment impliqués dans la réflexion : pourquoi ne pas faire une réunion avec tous les pros pour échanger et faire fuser les idées ?

Et la Ryder Cup 2018 ?

On a vécu une semaine de Ryder Cup magnifique mais avant et après, il ne s’est rien passé donc en matière de communication, on a pas su surfer sur la vague. Le Golf National fait un peu plus de business car les gens veulent jouer ce parcours mais pour les licenciés, l’impact est très faible.

Tu as accompagné des pros, en quoi ce métier est différent ?

J’ai eu Robin Sciot-Siegrist pendant 6 ans jusque fin 2018 et avant cela, j’ai entraîné Jean-Baptiste Gonnet en 2011 pendant une saison. Avoir un joueur pro, cela demande beaucoup de temps, de disponibilité. C’est une formule 1 ! Cela se joue sur des détails : pourquoi ce conseil marche mieux aujourd’hui alors qu’on a le sentiment de dire la même chose. La fois d’après, tu as l’impression d’être dans le bon sens et pendant 2 mois, il n’y a pas un résultat qui tombe et on remet tout en cause. Je pense qu’il ne faut faire que ça en ayant plusieurs joueurs car coacher un pro et devoir retourner donner des cours au club avec des élèves, c’est un équilibre très compliqué à trouver.

Arnaud Verhaeghe - Box Entrainement
© Arnaud Verhaeghe Box Entrainement – St Nom La Bretèche

Pendant cette période de confinement, tu arrives à rester en contact avec tes élèves ?

Avec certains qui jouent au plus haut niveau, oui. Mais comme la plupart ne peuvent pas taper de balles faute de jardin ou de filet, on discute surtout de la façon de gérer la saison quand cela reprendra. Le seul avantage à cette situation est que nous sommes tous égaux, personne ne peut jouer. Ce sera le plus fort mentalement, celui qui aura le mieux gérer ce confinement, amateur comme professionnel, qui sera le plus fort quand le jeu et les compétitions reprendront.

Et toi, comment occupes-tu tes journées ?

J’ai suivi des formations, sur le trackman par exemple et je re-consulte mes notes de formations déjà suivies. Je réfléchis à certaines idées pour tourner des vidéos techniques pour Golf+ à la reprise de l’activité, en attendant je prépare aussi des petites séquences qui seront plutôt second degré. J’ai un petit balcon pour prendre l’air mais le temps est long.

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