Pour beaucoup, Versailles est le symbole du magnifique département des Yvelines. Le département a profité de la Ryder Cup pour communiquer plus massivement sur le golf. Il était presque temps d’y songer, quand à portée de drive – pas des miens, ceux de Marion – du Golf National, vous trouvez les golfs de la Boulie, Joyenval, le Prieuré, Saint Nom ou encore Fourqueux.
Manque à cette magnifique liste le Golf de Saint Germain qui, par son tracé très atypique et son parcours bientôt centenaire, vaut le détour. Nos amis britanniques l’ont d’ailleurs confirmé en le plaçant dans le top 3 des parcours à jouer durant leur séjour Ryder Cup.
C’est parti pour le “parcours à Gugu” à Saint Germain en Laye.
Le Golf de Saint Germain en Laye
Sincèrement, les golfs privés ne m’ont jamais rassuré. Il y a toujours quelque chose qui me met mal à l’aise : l’attitude des membres vis-à-vis des “extérieurs”, la clôture du golf tellement gigantesque te suggérant que tu n’es pas à ta place, parfois confirmé par l’attitude du staff. J’ai toujours fini par profiter du moment golf, mais l’expérience a parfois eu un goût légèrement amer.
Tout ceci étant dit, bienvenue au golf de Saint Germain. Pour ceux qui ne connaissent pas Saint Germain en Laye, c’est le Versailles avant Versailles : Château des rois de France – toujours visitable d’ailleurs – localisé sur une commune où s’étend une forêt sur près de 80% du territoire.
Et c’est au coeur de cette sublime forêt que se trouve le golf. Imaginé par Harry S Colt (architecte en particulier du parcours de la Mer au Touquet, de Granville ou de Saint Cloud pour n’en citer vraiment que quelques uns en France), le parcours a été inauguré le 15 Janvier 1922 sous le nom de golf de l’Ermitage. Inaugurer un parcours en Janvier, c’est quand même original, non ?
Informations générales
- Localisation : A l’ouest de Paris, une 20aine de kilomètres. Pas de secret ici, le golf est signalé sur les panneaux routiers, et à l’entrée, une simple petite barrière est à franchir pour accéder à ce joyau.
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- Architecte : Harry S. Colt en 1922.
- Carte de score :
Le parcours
Je vous parlais un peu au dessus de ma “crainte” des golfs privés. Là, le club house est juste beau : certes grand mais rien de massif, ni de tape à l’oeil.
En bois et intégré à son environnement, on y est bien, vraiment bien. Le staff est vraiment top, tout en décontraction, à l’image de son starter.
Pour info, les distances ci-après sont données depuis les départs blancs.
Les points clés :
- Malgré son tracé en forêt, cette dernière n’est pas systématiquement oppressante. Pour autant, rater les fairways pour se mettre à l’ombre n’est pas si difficile.
- Beaucoup de greens sont très piégeux, souvent pentus et roulants… malheureusement 😉 Si ton coup d’approche dépasse le trou, le “2 putts” deviendra presque un doux rêve. A noter sur de nombreux trous (je ne vous dis pas tout), vous pourrez trouver une des subtilités de l’architecte Harry Colt pour piéger les golfeurs : une petite dépression en herbe juste avant le green, mirage visuel rendant le green plus proche qu’il n’est réellement et gardant les balles de ceux qui se sont fait prendre.
- 6131 mètres des blancs, ça ne semble pas si monstrueux .. mais avec 5 pars 4 aux alentours des 400 mètres et des pars 5 de 480 mètres de moyenne, pas si simple de rattraper les bêtises, sans vous parler des grosses. 🙂
Juste avant le départ du 1, le putting green à proximité vous permettra de tester votre stroke comme on dit si bien avec notamment un trou assez original de la taille à peine plus grand qu’une balle. C’est aussi l’occasion de prendre un peu la pression des éventuelles balles mises hors limites au départ du 1 en observant les parties qui s’élancent avant vous.
La stratégie
Juste avant mon départ, le starter m’a gentiment glissé qu’à droite – sans parler du hors limite – était placée la maison du directeur et que si je désirais revenir, il serait de bon ton de l’éviter. A l’aise, je vous dis, presqu’en famille. 🙂
Mes premiers mots seront d’une banalité affligeante mais réelle. Pour les 2 premiers trous, le mot clé est la qualité de la mise en jeu. Malgré la largeur des fairways, on arrive à se mettre en difficulté.
Fairway coupé en 2 pour ma part, ce que 2 de mes partenaires ont eu plus de mal à faire visant allégrement la batisse du directeur (étant membre, à priori, ils n’ont pas perdu leur droit d’arpenter ces magnifiques fairways).
Dans la catégorie des euros bien dépensés, il faut acheter le carnet de parcours. Les infos en terme de distance sont sobres certes mais la photo réelle avec une idée d’axe de jeu et les greens très bien représentés donnent vraiment de la plus-value à ce carnet.
— Jouer le 1 (par 4 de 389m) en cherchant le bogey est une très bonne idée : s’appuyer sur le 2e bunker de gauche aussi. Attention, l’entrée est à environ 200m des blanches : à portée donc mais quand bien même. Avec un green (40m de profondeur) très pentu autant jouer son 2ème coup pour se mettre à votre distance préférée pour votre 3ème coup plutôt que jouer l’attaque à tout va et sortir avec un 3 putts.
— Pour le 2, un par 5 assez facile (handicap 15), la principale difficulté est à droite par ses multiples bunkers. De toute manière, par sa position quasi de travers, le green nécessite d’être attaqué par la gauche. La aussi, toute erreur sur ses distances au moment de l’attaque du drapeau sera généralement sanctionnée par un 3 putts (voire plus) sur ce green à 3 plateaux.
Focus sur le 3
Par 4 de 345m, mon histoire d’amour n’a pas encore commencé avec ce trou. Hors limite intégral sur la partie droite, le jeu est bien évidemment à gauche .. mais pas trop sans quoi, quelques arbres (dire qu’on m’a vendu que c’était 90% d’air) viendront stopper votre balle. L’honneur est sauf car vous aurez allégrement dépassé les rouges mais le bogey n’est pas fait, surtout si le drapeau est placé à l’entrée. Ce score décevra probablement les plus ambitieux. Moi, je prends !
Il est temps de croiser la ligne de chemin de fer : pas d’inquiétude, le nombre d’herbes sauvages donne un indice important sur la fréquentation de celle-ci : famélique, comme la chance d’avoir fait un par sur les 3ers trous.
Ce n’est pas le 4 qui devrait changer cela, mais il permettra enfin aux joueurs de draw de se faire plaisir. Et y’a de quoi ! 417m pour un par 4, handicap 1. En dehors de la distance et d’un green assez plat pour une fois : ne pas finir à l’avant droit du green… Au mieux, vous ne serez pas bien ! La aussi, un bogey sera un bon score ;(
Le trou 5, premier par 3 ne sera pas non plus de tout repos. Premier point dans mon combat : 164m des jaunes ou 153m des rouges, monsieur l’architecte, ce n’est pas possible. Mettez-nous des pars 3 ou les joueurs ne sont pas à driver mais à jouer un fer… D’autant que le green est suffisant dur ! 2 bunkers à gauche devançant un hors limite qu’on pourrait qualifier d’accueillant. A droite, une énorme cuvette très accueillante elle aussi. Bref, si vous êtes hors du green, le par sera un miracle ! De même si vous étiez sur le green mais sur le mauvais plateau.
Avec le trou 6, voici notre 2ème par 5 et les chances de signer un birdie augmente… Ben oui mais 522m (486m des bleus) et un handicap 9, on n’est pas arrivé. Pas de danger ici si on est pleine piste. Un petit lâché à droite ou à gauche avec un fairway un peu dur sera source d’ennuis. A 100m environ du green, sur la partie gauche, nous retrouvons notre hors limites /voie de chemin de fer. Avec un green pentu à nouveau, en fait, le par n’est finalement pas si mal.
Il est temps de recroiser la voie ferrée. Un peu d’entrain (tu l’as ? entrain – voie ferrée 😉 ) car j’ai une excellente nouvelle. Tous les amateurs que nous sommes rêvons du petit backspin de champion. C’est ta chance. Trou 7, par 3 de 162m. Vous voyez le mont blanc ? vous avez la forme du green. 23m pour poser la balle pas un de plus, sans quoi, de part et d’autres, c’est le backspin assuré. Et voila, maintenant tu te plains d’en faire 😉 Ah le golfeur ! Je finis en précisant qu’habituellement, les pars 3 et pars 5 sont les trous supposés les plus simples. Ici, ce par 3 est handicap 5. Vous êtes prévenus.
Mesdames, messieurs, 4 bonnes nouvelles arrivent : 4 trous presque faciles : le 8 (par 4 de 326m), le 9 (par 5 de 446m), le 10 (par 4 de 332m) et le 11 (par 3 de 132m). Comme je ne veux pas que vous vous emballiez, je vous laisse découvrir ci-dessous selon votre envie leur stratégie.
— Vous aimez jouer droite/gauche, régalez vous, le 8 est fait pour vous. Par contre, ami sliceur, serre le jeu. Prendre le club pour éviter le bunker à 200m des blancs est la solution. Il restera un coup aux environs des 130m. Et pour éviter l’alignement des bunkers, on prend un club de plus. Par facile, merci pour tout !
— Fan de draw, le 9 est aussi une bonne nouvelle. Lors des grandes compétitions, le 9 devient généralement le 18ème trou pour un peu plus de pression. Sur le tee-shot, éviter le bunker situé à 205m du départ est un impératif pour les sur-régulateurs (pour ceux qui ne le savent pas, ce sont ceux qui ont le putt pour eagle sur les pars 5). Pour les autres, pas d’inquiétude, un fer 8 ou 7 joué prudemment vous laissera un petit 120m pour l’attaque de green. A ceux qui sont trappes à sable phobiques, il faudra être court, droit ou long 😉 Par facile, merci pour tout bis !
— Ah le trou 10 ! Il suffirait d’écouter les membres pour en entendre des vertes et des pars mûrs … 332m centre de green des blancs, 285m des jaunes, il devrait être facile. Des bunkers situés de part et d’autres du fairway aux alentours des 210m du départ pour accueillir les plus courts d’entre nous. Il reste un gros coup de pitch ou de fer 9. Le green est encore bien, très bien, défendu et n’est pas plat. On pourrait imaginer que le par est score normal … Mais des pars bien mûrs, j’en connais. 😉
— A Saint Germain, les trous n’ont pas de nom : s’il en fallait un pour le 11, “Bunkerland” serait le plus approprié. 139m et pas moins de 7 bunkers devant et sur les côtés. Bienvenue sur l’Arc atlantique, la plage te regarde. Ouf, il n’y en a pas derrière. Mais si vous y êtes, vous êtes pendus ! Un green presque plat, ça se devait d’être précisé !
Tam tam tam tam : le TGV au départ du trou 12 est annoncé voie 8. On repasse notre voie de chemin de fer, et on revient dans la forêt, pour ce que l’on pourrait qualifier de triangle des Bermudes.
Le 12, c’est une ligne de TGV. Tout droit, pas de courbe. On s’appuie sur le centre du fairway ou sur l’un des bunkers de droite ou de gauche (en drawant ou en coupant sa balle), il te restera un petit 180m centre du green (si tu tapes fort). L’attaque se tente (attention au fond à gauche, le hors limite t’attend) mais l’approche-putt te laissera plus de chances de réussite sur un green encore un peu biscornu.
Tu te souviens du trou 3 avec son hors limite intégral droit ? Malheur, le trou 13 est son jumeau maléfique inversé. Hors limite à gauche intégral et côté droit, la forêt et quelques buissons ardents pour agrémenter votre séjour. Avec 310m pour un par 4, beaucoup ont fait des pars et même des birdies … moi, je suis resté calé sur le double.
On finit le triangle (3 côtés je le rappelle) avec le 14. Je ne sais pas quel être humain a eu l’idée de mettre près de 70m entre les jaunes et les blancs mais je le trouve drôlement méchant : 421m des blancs pour un par 4, ce n’est plus du golf, c’est du vice 😉
En léger dogleg gauche, histoire de rendre le 2ème coup affreux, horrible, désespérant… J’ai épuisé mon dictionnaire des synonymes ainsi que tous mes espoirs de bien jouer. Ah oui, malgré votre désespoir, n’hésitez pas à faire votre déférence devant l’arbre plus que centenaire situé à gauche du green.
On s’incline humblement devant cette majesté ! Je ne vous parlerais même pas du green, je n’y suis jamais arrivé !
2 trous presque facile en approche : le 15 un par 5 de 479m .. rien à signaler, si ce n’est les petites cuvettes qui attireront le long du fairway les balles pas totalement droites avec un lie quelque peu touchy 😉
Et autant le 3 et le 13, ça n’est pas passé, autant le 16, le troisième triplé de la famille hors limite intégral, passe mieux. 291m au fond de ce par 4 en légère montée, il ne reste plus qu’un gros wedge ou un fer 9 à taper en second coup pour atteindre un green presque plat (si on passe les 15 premiers mètres).
Dans un court instant, nous allons repasser la voie ferrée : jamais bon signe… Tu te souviens du green du 7 où tu pouvais faire du backspin ? Et bien rebelote, mais pour du ‘sidespin’ cette fois-ci. Les aires de départ ont été remodelées en 2020. Histoire de passer du superbe au sublime.
Mais le diable, c’est le green et ses alentours ! Un par 3 de 141m où le par est un bon score, c’est vraiment dur ! Allez, courage, il n’en reste qu’un.
Comme de tradition, on termine par le 18è trou et pas des moindres. Un petit par 4 de 404m hcp 6. La 1ère rangée de bunkers est plus là pour représenter une gêne visuelle qu’un ennui golfique. Par contre, pour les joueurs les moins longs, le fairway rétrécit à une 60aine de mètres du green. Prenez donc gare aux 2 petits bunkers d’autant que le green est presque plat pour une fois.
J’ai aimé
- Un vrai défi de golf, mélant réflexion, distance et stratégie. Une journée probablement difficile si votre drive ne va pas bien. Pour garder le sourire, il faudra se satisfaire du paysage.
- L’accueil et le personnel : malgré le golf privé, on est humble, accueillant et presque un peu taquin, pas si courant.
- Le restaurant 😉
- De mémoire, pas de zone à pénalités mais beaucoup, beaucoup, beaucoup de bunkers (j’ai arrêté de compter).
Je n’ai pas aimé
- Je cherche encore 🙂
Qualités requises pour bien jouer le golf à Saint Germain
- Pour les courts frappeurs, Saint Germain vous fera travailler vos approches-putts car l’attaque sans être à bannir est à utiliser avec modération disons.
- Le putting : quelque chose me dit que même des bons joueurs ont du faire des cartes avec plus de 40 putts 😉 Si cela vous arrive, pas d’inquiétude, le prix de votre green-fee sera encore plus amorti.
Tarifs
- Toute l’année du mardi au vendredi (le WE sur invitation d’un membre) et du 15 juillet au 25 août, Saint Germain est accessible à tout le monde, sur réservation, avec un GF à 95 euros du mardi au samedi et à 120 euros le dimanche.
A faire / visiter autour
- A une telle proximité de Paris, la liste des distractions est trop vaste pour être énumérée.
Plus d’infos sur le site du golf (plutôt bien fait et qui offre beaucoup d’infos sur le parcours).
Un grand merci au golf, à son directeur François Bardet, au staff ainsi qu’à mes partenaires du jour, créateurs de la Beachcomber Golf Cup, pour cette belle expérience.