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Dis-moi ton Strokes Gained, je te dirais quel joueur tu es !

Ces statistiques règnent en maitre chez les pros. Mais qu'est ce donc exactement ? Et pourquoi cela révolutionne tant l'approche du golf ?

Vous le savez au golf, la question essentielle reste combien. Et au-delà du simple score, du nombre de birdies ou de croix selon votre index, vous vous intéressez peut-être aussi à votre nombre de putts ou de greens touchés en régulation, ou à celui de balles perdues dans ce pu#%&! de plan d’eau. Les statistiques sont partout désormais. Mais celles qui comptent vraiment, au plus haut niveau, ce sont les “Strokes Gained”. Les chiffres par qui ne jurent plus que les coaches, les joueurs et les analystes. Mais qu’est ce donc exactement ? Et pourquoi cela révolutionne tant l’approche du golf ?

Chaque coup compte

Le concept de Strokes Gained (SG) a été développée par le professeur universitaire Mark Broadie en 2011 et portait à son origine sur le putting uniquement. Broadie, à cette époque, travaillait avec Pat Goss, le “swing” coach de Luke Donald qui disait alors de cet outil : “Au tout début, notre travail avec Mark (Broadie) nous donnait un avantage sur les autres compétiteurs“. La moitié des victoires de l’Anglais sur l’European Tour et le PGA Tour (6 sur 12) a eu lieu au cours de la période 2011-2012, les deux années où il a occupé pendant plusieurs semaines la place de n°1 mondial.

Donald n’a été que le premier, les frères Molinari ont ensuite fait appel à Broadie, puis Cameron McCormick, le coach de Spieth, ou encore Joe Skrovon, le caddie de Rickie Fowler. Désormais, la grande majorité des joueurs s’appuient sur ces statistiques à l’entrainement comme en compétition.

Statistiques au pluriel car grâce à la technologie ShotLink, elles ont été portées à toutes les phases du jeu, depuis le tee de départ jusqu’au green. ShotLink est la technologie du PGA Tour qui va enrichir une immense base de données recensant tous les coups de tous les joueurs chaque saison, soit 1,5 million de coups en moyenne par année.

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Sur chaque tournoi, ce sont des volontaires équipés de laser ou alors des caméras automatiques dédiées qui vont enregistrer la distance parcourue par la balle et où elle repose (le “lie”). Ce sont les 2 seules données qui sont comptabilisées dans le système. Grâce à cela, les fans pourront suivre notamment les joueurs au coup par coup dans l’application PGA Tour. Mais pas que. Bien que le ShotLink ait été créé en 2001, ce n’est que 10 ans plus tard qu’il va être à la base du concept de SG développé par Broadie.

Strokes Gained, comment ça marche ?

La traduction littérale de Strokes Gained pour les non anglicistes est “coups gagnés”. Ces valeurs consistent donc à mesurer le nombre coups gagnés par un joueur sur la moyenne du reste du champ. Prenons l’exemple le plus simple avec le SG total. Un joueur qui signe une carte de 69 alors que le reste du champ a joué en moyenne 72, obtient donc un SG Total de 3.0 (72-69). Peu importe le Par total du parcours.

A partir des 2 seules valeurs que sont donc la distance et le lie, ce sont 20 années de données enregistrées qui vont permettre à chaque fois de donner le nombre coups que fera un joueur en moyenne sur tel trou de telle distance. D’accord mais concrètement !

Prenons l’exemple d’un Par4 de 401 mètres, les données permettent de calculer qu’un joueur en moyenne va faire 3,950 coups pour mettre la balle au fond du trou. Après le premier coup, la balle repose sur le fairway à 97 mètres. En fonction de cette distance et d’une balle sur le fairway, le nombre de coups moyen restant à jouer tombe alors à 2,450. Le calcul du SG est le suivant 3,950 – (2,450 + 1 pour le drive joué) = +0,5 correspondant au SG off-the-tee. Le joueur a donc gagné 0,5 coup suite à sa mise en jeu parfaite.

Poursuivons le trou. Coup de wedge qui dépose la balle du joueur à 4,70m du drapeau. A cette distance, sur l’historique de tous les putts enregistrés, c’est une moyenne de 1,850 putts pour rentrer la balle. Soit 2,450 – (1,850 + 1 pour l’approche jouée) = -0,4 correspondant au SG approach. Le joueur a perdu 0,4 coup dans la section “approches”. Par déduction, on peut aisément calculer le SG Tee-to-green : +0,5-0,4 = +0,1.
Si le joueur rentre son premier putt, il aura un SG Putting de +0,850, et, en revanche, un SG Putting de -0,150 si il doit concéder un second putt.

L’impact sur le jeu : un coup gagnant

En amont de l’US Open à Winged Foot, le parcours historiquement le plus redoutable à accueillir ce Majeur, Bryson DeChambeau avait déclaré qu’il allait sortir le driver aussi souvent que possible toute la semaine. Au diable si le rough (façon US Open) allait avaler sa balle 9 fois sur 10… Pourquoi employer une telle stratégie alors ? Tout simplement à cause des stats SG.

Sur la saison dernière, sur 62 tours joués, l’Américain affichait un SG Off-the-tee de 1,039. Ses mises en jeu lui offraient donc en moyenne plus d’un coup d’avance sur ses adversaires. Sachant que son SG Approach-the-green au cours de cette même saison lui faisait perdre 0,090 coup et que SG Around-the -green était -0,041, les données lui étaient largement favorables avec un SG Tee-to-green de 1,039-0,090-0,041 = +0,908.

La suite, on la connaît Bryson DeChambeau a remporté l’US Open avec 6 coups d’avance sur son premier poursuivant, en étant le seul à terminer le tournoi sous le Par. Dans le golf d’aujourd’hui, la puissance est devenue un atout indéniable, bien supérieur à la statistique presque dépassée des fairways touchés sur chaque mise en jeu. La preuve, parmi le Top10 de la saison dernière des fairways touchés en régulation, Chris Baker 9e avec 69,49% est le meilleur des 10 au classement du SG Off-the-tee avec – seulement – une 55e place (+0,211).

Bien évidemment, les statistiques sont faites pour être contredites. On y trouvera toujours l’exception car heureusement règne toujours la glorieuse incertitude du sport.


Pour aller plus loin (en anglais)

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