Celles et ceux qui veulent mieux jouer au golf, améliorer leur jeu, avoir un meilleur swing, un meilleur index, de meilleurs résultats s’interrogent et recherchent en permanence la meilleure manière d’y arriver. Est-ce que cela passe par un changement de matériel, un nouveau coach, par de la préparation physique, de la préparation mentale, par une application qui améliore nos stratégies sur le parcours ? Et si le plaisir était un des ingrédients de la réussite, une des clefs pour atteindre ses objectifs ?
Tee de départ. Drive.
Ce n’est pas moi qui le dis, ce sont deux joueurs français : “Une bonne attitude mentale, c’est être calme, relaxé, concentré. Et surtout prendre du plaisir“, M Lorenzo-Vera (in Le Journal du Golf, il y a quelques années) et plus récemment Joël Stalter (dans le Républicain Lorrain) : “Je joue mon meilleur golf quand je suis dans cet état de plaisir plutôt que dans l’envie de performer sans arrêt“.
Si le golf en lui-même est un sujet très important et sérieux, il en de même pour la notion de plaisir. Se faire plaisir, prendre du plaisir, avoir du plaisir, ça peut sembler simple, évident, voire simpliste, mais c’est loin d’être le cas. Elle est suffisamment complexe et individuelle qu’elle nécessite quelques lignes pour l’expliciter. Si elle est importante dans nos vies, nous verrons comment cette notion de plaisir peut se conjuguer avec la petite balle blanche à laquelle certains et certaines d’entre nous aimons lui consacrer temps et énergie. Et que parfois, elle nous rend bien.
Long fer.
Le Robert donne la définition suivante : sensation ou émotion agréable, liée à la satisfaction d’un désir, d’un besoin matériel ou mental.
Relativement courte, cette définition donne à voir toute la complexité de la notion de plaisir avec les différences qui existent d’une part entre la sensation et l’émotion et d’autre part entre le désir et le besoin. Et s’ajoute à cela la différence de nature de cette satisfaction qui peut être matérielle ou mentale.
Le concept de plaisir est utilisé en philosophie, en psychanalyse et en psychologie. Il concerne tous les âges et est indispensable à l’équilibre d’un être humain. En effet, nos plaisirs, la satisfaction de nos besoins, qui sont en lien avec nos valeurs, participent de notre équilibre, de notre construction identitaire. Ils nous permettent d’être cohérent, d’être en congruence, d’aligner nos comportements, nos attitudes et nos rôles avec notre identité profonde. Le plaisir est un ingrédient essentiel et nécessaire à la construction et consolidation de notre équilibre mental, émotionnel et physiologique.
Il est donc important pour chacun et chacune dans nos vies d’identifier nos sources de plaisirs, qui sont reliés à nos besoins, à nos valeurs.
Se faire plaisir, c’est satisfaire un besoin, c’est prendre soin de soi, c’est faire preuve d’estime de soi, c’est gagner en confiance, c’est gagner en affirmation de soi. Il est donc important pour chacun et chacune dans nos vies d’identifier nos sources de plaisirs, qui sont reliés à nos besoins, à nos valeurs. Et correspondent entre autres aux besoins de sécurité, d’affection, de reconnaissance, d’accomplissement de soi, etc…
Ce travail sur soi nécessite d’y consacrer un minimum de temps et d’y procéder de manière méthodique. C’est le moment de parler de Tiger. Non pas celui aux tenues dominicales déclinées en rouge et noir, mais à Lionel Tiger qui, en 1992, a classifié les plaisirs en quatre grandes catégories. (Si cette classification est très utile, je fais une parenthèse pour préciser que ce L. Tiger est fortement controversé pour le reste de ses travaux – ndla).
Il définit quatre types de plaisirs :
- Physio-plaisirs : lié au corps, aux expériences kinesthésiques, au goût , à l’odorat (faire un massage, manger du chocolat…)
- Socio-plaisir : lié aux interactions sociales (participer à une fête, bavarder avec des amis… )
- Psycho-plaisir : procuré par des activités engagées et réalisées par l’individu (cuisiner, bricoler…)
- Idéo-plaisir : lié à la spiritualité et au développement personnel, intellectuel, esthétique (jeux cérébraux, théâtre, musées…).
C’est l’intention de la personne qui détermine la catégorie et non pas le comportement en lui-même – dans quelques lignes nous le verrons avec le golf. L’idée, ensuite, est de réaliser un petit tableau pour lister et catégoriser ses petits et ses grands plaisirs. Et la dernière fois que vous vous êtes fait plaisir, c’était quand et c’était lequel ?
Et le golf, dans tout cela ? me répondrez-vous, à juste titre.
Coup de recentrage.
Pour les activités sportives et les activités culturelles, et le golf en particulier, nous avons deux niveaux de lecture. Le premier, c’est de classer le golf dans une des catégories de plaisir, parmi tous les plaisirs auxquels nous pouvons nous adonner dans la vie (lire le blog LPBB tous les week-ends, manger des huitres au marché, regarder une série télé…).
Pour certains ou certaines, le golf va être un physio-plaisir car l’activité est vécue essentiellement comme une activité physique, liée à la marche et à l’exercice physique. Pour d’autres pratiquer le golf c’est rencontrer d’autres personnes, jouer avec des amis, refaire les parties au 19ème trou, c’est essentiellement une activité sociale. Pour d’autres, le golf c’est l’occasion de « faire », de jouer, de mettre en pratique, ce que j’ai appris et que je sais faire. C’est l’exécution, la réalisation du swing qui m’anime. Et pour la dernière catégorie, le golf participe du développement personnel. Il permet réellement à la personne de s’épanouir.
Approche.
Le deuxième niveau de lecture, c’est d’identifier les plaisirs que nous procure la pratique du golf. Nous allons retrouver ici le caractère tout à fait personnel du plaisir. Le plaisir du joueur pro est-il le même que celui de l’amateur d’index 35, celui de la jeune qui gagne son premier GP et celui du sénior qui participe aux compétitions de son club toutes les semaines ?
Chacun prend du plaisir, prend son plaisir à son niveau, avec ses objectifs, avec ses contraintes. La nature, la source et l’intensité diffèrent, nécessairement, entre toutes ces personnes. Mais à un moment, il y a un point commun, un plaisir procuré par ce jeu. Jouer une partie de golf peut tout simplement suffire à être heureux, améliorer sa technique sera indispensable à d’autres moments, battre les autres sera nécessaire un peu plus tard. Les plaisirs varient également dans le temps, en fonction des âges, de son niveau d’exigence, de ses objectifs. Ils peuvent passer par de longues séances de practice pour perfectionner un coup, à répéter ses gammes, ou par la découverte de nouveaux parcours. Certains jouent en couple, d’autres non. La compétition peut être un moteur ou un repoussoir. Les formules de jeu, nombreuses, permettent de varier les objectifs, donc les attentes, et in fine les plaisirs. Sur un parcours, au cours d’une partie amicale, chacun et chacune est libre de ses propres règles dans le respect du parcours et des autres parties et la liberté peut aussi participer du plaisir.
If you know me, you know this is what defines me. The real success comes from finding the joy in the journey.
Happy to team up with @MichelobULTRA supporting what we all know, that #JoyWins pic.twitter.com/e8exML3Jwt— Brooks Koepka (@BKoepka) January 25, 2021
Pour les joueurs et joueuses professionnelles, cités en introduction, la question se pose un peu différemment parce qu’il s’agit d’un métier, d’une profession et non plus d’un loisir, d’un passe-temps. De joueurs et joueuses de golf, avec un objectif de carrière, ils basculent à la tête d’une entreprise qui repose sur leurs épaules et dont l’avenir est entre leurs mains. Les deux principaux risques de déplaisir sont d’une part de laisser l’enjeu prendre le pas sur le jeu et d’autre part voir la balance désagréments/satisfactions pencher durablement du mauvais côté. Une des grandes difficultés réside dans le fait de se détacher des enjeux matériels ou/et symboliques de la réussite sportive. Il faut pouvoir garder une âme d’enfant pour atteindre ses ambitions d’adulte.
Putt.
Sur un tournoi pro, le plaisir de passer le cut peut être assombri par une troisième journée catastrophique. Quelque soit le niveau et l’âge un putt de douze mètres rentré sur le dernier trou rendra un sourire à son auteur. Et louper un putt de cinquante centimètres frustrera tout le monde, pro ou amateur. L’identification de ses plaisirs permet aussi de les relier à ses objectifs. Et de ne plus être dépendant du dernier coup du 18ème trou pour savoir si j’ai passé une bonne ou une mauvaise journée. Cela permet d’objectiver sa partie et de comprendre ce qui a fonctionné et ce qui n’a pas fonctionné. C’est cette démarche-là qui est dans la citation de Mandela, “Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends“. L’analyse et l’objectivation permettent de nourrir le plaisir et de maintenir la motivation.
Putt de retour.
Nous avons vu que le plaisir est une notion complexe, dépendante de celle de nos besoins ; elle est aussi liée à nos émotions et est une des composantes de la motivation. Ne pas identifier ses plaisirs, c’est le risque de vivre beaucoup de frustration, de contrariétés, d’amertume et de mécontentements. Et je terminerai par trois courtes questions.
Au golf, qu’est-ce qui vous fait plaisir ? Qu’est-ce qui vous fait le plus plaisir ? Et qu’est-ce qui vous fait vraiment plaisir ?