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Le temps, les temps du golf

Prenons un instant pour parler du temps. Le temps qui passe et comment le temps s’invite dans une journée golf, sous quelles formes il est bien présent et s’impose à nous dans cette activité.

Depuis quelques mois, j’avais envie de partager avec vous sur une matière à laquelle nous ne pouvons échapper, même quand nous allons au golf pour tenter de le faire. Je voulais vous parler du temps. 

Pas du temps qu’il fait même s’il a des conséquences sur notre jeu ou notre humeur. Mais je laisse à Baptiste Delord le soin de nous parler, bien mieux que je ne pourrai le faire, du temps qu’il fait et de ses conséquences sur les évolutions des parcours au fil des saisons. Je souhaitais vous parler du temps qui passe, cette matière aussi insaisissable que peut parfois l’être la petite balle blanche. S’il nous permet parfois d’échapper au rythme quotidien, le golf n’est pas en dehors du temps, il n’y échappe même absolument pas.

Après une présentation de ce qu’est le temps, avec ses différentes facettes, quelques digressions sur l’entrainement et le swing, je vous parlerai d’une journée au golf, où nous verrons comment le temps s’y invite, sous quelles formes il est bien présent et s’impose à nous dans cette activité 

« Je sais ce qu’est le temps, si on me le demande, je ne le sais pas » Saint-Augustin.

C’est quoi le temps ?

Nous avons tous cette impression de bien savoir ce qu’il est et quand il s’agit de le définir, nous nous retrouvons un peu en difficulté. Car le temps est paradoxal. Il est difficile à définir. Nous ne pouvons pas nous en extraire, nous ne pouvons faire un pas de côté pour l’observer. Si nous faisons appel à des spécialistes, philosophes, historiens, physiciens ou psychologues, ils vont tous avoir des définitions différentes et spécifiques à chacune de leur discipline.

Et il existe sous au moins deux formes : un temps physique et un temps subjectif. Le premier est mesurable, uniforme, c’est le temps-horloge Une minute dure exactement 60 secondes, pas une de plus ou de moins. Le deuxième est subjectif, dépend de nos perceptions, variables selon de nombreux critères. Il résulte à la fois d’une construction collective, d’une norme sociale et d’une construction individuelle, relative à nos perceptions.

La difficulté, c’est que nous n’avons pas de sens pour mesurer, appréhender, percevoir, sentir, ressentir, voir le temps qui passe. Le sens le plus adapté pour mesurer notre perception du temps est l’ouïe car la vue tend à assimiler et confondre temps et vitesse, et ne donne pas la bonne perception du temps qui s’écoule. Notre sensation du temps qui s’écoule est relative et différente entre individus. Une minute ne donne pas toujours la sensation de durer 60 secondes. 

alice in wonderland time GIF

Alice: How long is forever ? 
White Rabbit: Sometimes, just one second. 
Lewis Carroll, Alice in Wonderland

C’est cette relativité que démontrera, entre autres, Paul Fraisse, dans la Psychologie du Temps. Il traite des mécanismes de conditionnement, de perception et de maitrise du temps. Dans ce souci constant que nous avons de maitrise et de contrôle, il existe de nombresuses lois de gestion du temps qui peuvent nous y aider et qui se trouvent résumer ici. 

Fraisse donnera lui-même son nom à une de ces « loi du temps » qui dit « qu’une  journée faite d’activités variées et intéressantes nous paraitra bien remplie et cependant nous laissera le sentiment qu’elle a passé comme un rêve ». 

Du golf à tous les temps

Cela peut éventuellement résumer une journée au golf, où nous sommes censés passer d’agréables et plaisants moments et d’où nous repartons parfois avec l’impression que le temps a filé à une vitesse folle. 

Au golf, que l’on considère le jeu ou bien le lieu, il y a des temps ou des moments différents. Chacun, chacune, toujours selon son statut et ses envies, vivra ces moments différemment, avec une intensité et une motivation différentes, et c’est bien normal. 

Un peu à la manière de l’inventaire de l’Ecclésiaste qui écrivait « il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux » :

  • Il y a le temps du practice et celui passé sur le parcours,
  • il y a le temps de l’entrainement et le temps de la compétition,
  • Il y a le temps de déplacement, et les temps d’attente,
  • Celui du café avant la partie, et celui du rafraichissement après celle-ci 
  • Le temps de préparer son sac et le temps des objectifs,
  • Le temps de compter les points et le temps des regrets
  • Le temps de refaire la partie et le temps des amis

Avant de raconter une journée au golf, où tout est une question de temps, je me permets un petit focus sur l’entrainement et un autre sur le swing.

Selon que l’on souhaite progresser ou maintenir son niveau de jeu, l’implication ne va pas être la même. Michel Teichet, enseignant, coach technique évalue le temps d’entrainement de la façon suivante (données indicatives par mois) :

  • Pour se maintenir entre 10 et 20 d’index : 10h d’entrainement (practice, putting) et 2 fois 9 trous
  • Pour progresser : 1 compétition, 1 fois 18 trous et 10h d’entrainement (dont 5 au petit jeu)

En ce qui concerne le swing, « sa durée est inférieure à 2s avec une durée de l’ordre de 0,3s entre les instants où le club atteint sa position la plus haute et l’impact avec la balle. C’est un mouvement asymétrique, très rapide. » tel que le décrit Maxime Bourgain.

Ce dernier est l’auteur d’une thèse sur une Analyse biomécanique du swing de golf qui est consultable en intégralité ici  La période estivale vous apportera peut-être l’envie de vous plonger dans ce travail colossal, à moins que vous n’attendiez les longues soirées d’hiver pour cela. Et concernant le swing, on parle de rythme et non plus de temps, puisqu’il s’agit d’enchainer des séquences distinctes, de l’adresse au finish, dont les temps d’exécution sont trop rapides. Le rythme, avec le grip, la posture et l’alignement est un des quatre fondamentaux du swing.

Le temps du golf

Revenons à notre journée au golf, où le temps est compté, du début à la fin. Cela commence même bien avant votre partie. Si vous réservez un départ, le secrétariat vous donnera votre horaire (à repecter). En compétition, il est fixé par l’organisateur et communiqué la veille ou deux jours avant. C’est à partir de cet horaire que votre journée va s’organiser. 

Si mon départ est à telle heure, je compte environ une heure pour l’échauffement (en théorie), un quart d’heure pour le café, 15 minutes pour les chaussures, le chariot et le secrétariat, plus le temps de transport, ce qui me donnera approximativement l’heure de départ (de la maison) et accessoirement l’heure de réveil si la partie est programmée tôt le matin.

Tout ceci fait, je me rends au départ pour l’heure prévue, je plante le tee, pose la balle, effectue ma routine, me place à l’adresse, et bam ! Tout ceci en 40 secondes ou 50 si vous jouez en premier, si on se réfère aux règles. N’oubliez pas que le terrain de jeu est partagé entre toutes les parties. Sur les cartes de score, vous trouvez le temps recommandé pour jouer chaque trou, différent selon le Par, pour que les parties ne s’éternisent pas au-delà des 4h30 voire 5h de jeu. Si votre balle est perdue, vous avez 3 minutes pour la retrouver. Si votre balle se tient au bord du trou, vous avez dix secondes pour qu’elle y tombe sans coup supplémentaire, et le décompte commence au moment où vous arrivez sur la balle.

Le temps d’attente fait aussi partie du jeu, il faut savoir gérer ces moments-là. Hors compétition, il faut apprendre à gérer en toute courtoisie, les parties plus lentes devant soi et les parties plus rapides qui peuvent être derrière.

Il faut être attentif à son rythme de jeu, car chaque seconde perdue ici ou là, dans une partie de 4 joueurs fait rapidement des minutes, et c’est autant de temps de perdu pour le 19ème trou. Enfin, après plus de quatre heures de bataille acharnée contre le terrain, ses adversaires, la balle et contre soi-même, arrive enfin le temps de la satisfaction du moment passé et de la convivialité (je vous la souhaite).

C’est le moment pendant lequel chacun refait la partie, se remémore ses plus jolis coups et se désespère de ses grattes, ses tops ou ses slices (rayer la mention inutile). Il est ensuite temps de reprendre la route en sens inverse. Une journée au golf est toujours une bonne journée, souvent une longue journée dont on a l’impression qu’elle passe plus vite qu’une longue journée de travail…

Pour certains le temps du golf est un temps de travail et dans les temps du golf, pour les professionnels, il serait possible d’évoquer les temps d’entrainements, qui vont être différents selon la période de l’année, sur les aspects techniques ou l’intensité, les temps de transport dans les aéroports, les attentes de savoir si on passe le cut ou pas, les temps collectifs. Il y a aussi les périodes de doute toujours trop longues et les instants de joies toujours trop courts et trop rares. Il serait possible aussi d’évoquer le temps des parents qui suivent leurs jeunes champions et championnes, qui longent les fairways au même rythme ou qui attendent fébrilement à la terrasse du club-house. 

« Les temps sont ce que nous en faisons » Arne Garborg 

Ce temps du golf, ces temps, ces moments sont des instants, des tranches de vie qui nous appartiennent. Faisons de ces moments, des moments qui rendent heureux, qui nous rendent fiers, bref, des moments de plaisir.  

 

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