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Faites le test : quel golfeur êtes-vous ?

Quel golfeur êtes-vous ? Calme, enthousiaste, exigeant ou prudent ? Tour d'horizon du sujet des tests psychologiques dans l'accompagnement du sportif.

Derrière ce titre – quel golfeur êtes-vous – volontairement accrocheur se cache, non pas un véritable test, mais un article dans lequel je vous parlerai du rôle des tests psychologiques dans l’accompagnement des sportifs en général et des golfeurs en particulier. A qui et à quoi peuvent-ils servir ? Quel usage peut-on en faire ? Quelle est leur limite ? Quels sont les principaux tests ?

Nous verrons deux types de tests au travers d’exemples : d’une part les tests de personnalité issus du monde de l’entreprise et d’autre part les tests issus de la psychologie du sport. Je souhaitais également revenir un peu plus longuement sur cette question des tests, suite au podcast LPBB réalisé avec Sophie Giquel en novembre 2021.



Test ou pas test, telle est la question

Le mot test, issu de l’anglais, d’un terme technique de la métallurgie, a été associé à la psychologie à la toute fin du XIXème siècle. Alfred Binet, qui créa un test pour mesurer le développement psychologique des enfants, donna en 1894 la définition du test dans le domaine de la psychologie. C’est une « épreuve permettant de mesurer des phénomènes ou des aptitudes dans des conditions expérimentales précises ». L’expression « mental test » était apparu aux États-Unis l’année précédente, en 1893. Je referme ici la parenthèse historique.

Ce mot, ou cette épreuve a généralement mauvaise presse ou reçoit un accueil un peu méfiant. J’y vois deux raisons principales.

La première est liée à l’usage immodérée que la presse, majoritairement féminine, a pu faire et fait encore des tests. Ils sont utilisés sur tous les thèmes, tous les sujets, plus ou moins sérieux, avec une rigueur scientifique plus ou moins présente. Vous pouvez, ici,  avoir une vue très large des thèmes plus ou moins fantaisiste et qui peuvent par moment décrédibiliser le recours aux tests psychologiques, en leur ayant enlevé la caractère sérieux.

La deuxième raison est selon moi, liée à ce caractère sérieux voire parfois rigoriste des tests et des conditions dans lesquels ils sont passés ou des buts qu’on leur assigne, notamment les tests de personnalité et ceux passés dans le domaine de l’entreprise. Il faut les relativiser car les éléments de la personnalité sont mouvants, négociables, adaptables selon les contextes et les situations rencontrées. Ils ne sont qu’une facette d’une réalité complexe.

Connaissance de soi

Dans la préparation mentale et l’accompagnement des sportifs, la connaissance de soi est un élément primordial pour la performance et pour avoir une capacité à maintenir la motivation et les résultats dans le temps. Qui suis-je ? Quel golfeur ai-je envie d’être ? Sur et en dehors du parcours ? Cette connaissance permet d’améliorer l’estime de soi, de gagner en confiance et de pouvoir s’affirmer en tant qu’individu et en tant que golfeur, sportif.

Ces thèmes de l’identité et de la personnalité ont été abordés à la fois par Romain Langasque qui dans une interview affirmait « J’ai rien à envier aux autres. C’est ce que j’ai mal fait, j’ai voulu m’inventer une nouvelle personnalité, une nouvelle façon de m’entraîner » pour expliquer une saison décevante. Et par Rory McIlroy qui a gagné sur la PGA après une Ryder Cup au cours de laquelle il n’a pas été à la hauteur des attentes qu’il suscite.

Des tests pourquoi faire ?

Il était en recherche de quelque chose qui ne lui ressemblait pas, qui n’était pas en adéquation avec ses valeurs, qui ne résonnait pas avec ses aspirations profondes. Et donc, la motivation, la performance peuvent en être affectées.

Accompagner des joueurs professionnels ou amateurs relève de la même démarche. Il s’agit de faire un état des lieux, de développer une vision globale. Dans une démarche d’amélioration des performances, il faut comprendre ce qui chez tel ou telle va influer sur la performance.

Il s’agit d’identifier, de comprendre, d’analyser puis de proposer une stratégie, la mettre en œuvre avant de la valider ou pas. Cette démarche n’est pas immédiate, elle nécessite de s’inscrire un peu dans la durée.

C’est dans cette démarche que les tests vont s’inscrire. Pour poser un diagnostic au démarrage d’un accompagnement, pour tenter de comprendre tel ou tel attitude, pour chercher des solutions à une situation bloquée. Pour conforter ou pour invalider des intuitions, des croyances ou des hypothèses.

En préalable, j’aimerais préciser que les tests sont passés avec une intention précise et doivent toujours être débriefés, être l’objet d’un échange pour s’inscrire dans une démarche globale et non pas être un gadget.

Il n’y a pas de solution unique et il n’y a pas de méthode miracle. L’objectif des tests est vraiment de produire de la connaissance sur soi, de mieux connaitre les éléments de sa personnalité, son tempérament, son caractère, sur ses motivations, ses émotions, ses intérêts, ses tendances personnelles sur ses relations aux autres, sa relation au monde.

Concrètement

Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses. Il n’y a pas de mauvaises ou de bonnes personnalités. L’objectif de ces tests est de déterminer ses atouts, ses forces, les environnements dans lesquels nous sommes plus performants et ceux dans lesquels nous pouvons avoir plus de difficulté. Ils vont nous donner une grille de lecture et des clefs pour progresser.

Dans les tests utilisés en accompagnement de manière générale, que beaucoup d’entre vous peuvent connaitre, il existe l’Action Type, l’Ennéagramme, les Big Five, Profil Success, le MBTI et le DISC. Je fais un petit zoom sur les deux derniers. Schématiquement, le MBTI va être plus centré sur notre personnalité, et le DISC va donner des informations sur notre relation aux autres.

Le MBTI

Ce test va classer selon quatre axes, qui sont : votre source d’énergie (expansif/réservé), vos recueils d’information (concret/intuitif), vos prises de décisions (objectif/subjectif), votre mode d’action préféré (planification/adaptation).

Quand on combine ces quatre dominantes, on a donc 16 personnalités réparties en quatre grandes familles assez explicites : les analystes, les sentinelles, les diplomates et les explorateurs. Il existe une version « grand public » très fiable sur le site suivant.

Le DISC

Il est utilisé en management, pour la communication des équipes. DISC est l’acronyme de Dominant (rouge), Influent (jaune), Stable (vert) et Conforme (bleu), qui sont les quatre composantes déterminant votre profil.

Dans ce test, il y a deux profils, un dit naturel et l’autre dit adapté (sous pression). Le résultat est sous forme de pourcentage, d’une combinaison des quatre composantes. Pour illustrer, les mots associés aux différentes composantes, sont :

  • fonceur et indépendant pour Dominant,
  • enthousiaste et sociable pour Influent,
  • attentionné et coopérant pour Stable,
  • précis et analytique pour Conforme.

Ce test des couleurs est utilisé par l’enseignant Stéphane Mourgue pour adapter les exercices et le vocabulaire à la personnalité du joueur ou de la joueuse pour gagner en efficacité. Un exemple illustré ci-dessous

Des axes de travail avant tout

En parallèle il existe de nombreux tests issus des recherches en psychologie du sport qui peuvent avoir pour sujet unique, la motivation, les émotions, le stress ou les habiletés mentales dans leur ensemble (fixation d’objectifs, confiance, engagement, gestion du stress, contrôle de la peur, relaxation, activation concentration, contrôle des distractions, imagerie, pratique mentale, préparation à la compétition).

Ils sont intéressants en début d’accompagnement pour poser un premier diagnostic et ensuite avec des jeunes, il est intéressant de les refaire au bout de deux ans pour mesurer les évolutions dans une période de construction identitaire.

Sans être exhaustif, mais pour donner à voir un peu une palette de tests envisageables, on trouve les tests de Spielberger sur l’anxiété, le HAD sur l’anxiété et la dépression, l’ISMS sur le sommeil et son influence sur la performance, le Test de Stratégie Personnelle qui mesure les différences d’engagement en compétition et à l’entrainement.

Autre questionnaire global traitant de l’ensemble des habiletés mentales, il y a l’OMSAT-4. Sur la motivation, vous pourrez trouver le QPSS (Questionnaire de Perception du Succès en Sport) qui classe les joueurs en deux catégories, ceux qui sont récompensés par l’amélioration constante de leur technique de leur maitrise et ceux qui sont récompensés dans la victoire, dans le fait de battre ses adversaires.

Enfin, il est toujours intéressant et instructif de questionner les golfeurs et les golfeuses sur leur état émotionnel avant et après les compétitions. Ces tests, spécifiques, donnent des axes de travail pour les joueurs et les joueuses.

Pour résumer, les tests de personnalité peuvent aider à comprendre telle attitude sur le parcours, dans les compétitions du dimanche, peuvent permettre d’améliorer une situation conflictuelle dans une équipe. Pour des jeunes, cela peut aider un travail pour ceux qui sont sur des doubles projets (etudes/sport), pour des transitions amateur-pro, cela va aider à mieux comprendre et à mieux se situer dans la démarche entrepreneuriale qui existe à ce moment-là, avec des relations avec un staff et sponsors. Savoir qui je suis permet également de ne pas se perdre dans une communication numérique sur des réseaux sociaux, mais pas toujours amicaux.

Pour conclure, oui, les tests pourront vous dire quel individu et quel golfeur, quelle golfeuse vous êtes. Ils sont intéressants car ls permettent de gagner du temps en posant des diagnostics pertinents. Ce sont des outils précieux mais ils restent des outils parmi d’autres.

Les tests ne sont pas l’alpha et l’omega d’un accompagnement. Le débriefing du test est très important car de là vont découler les hypothèses à mettre en œuvre pour corriger ou améliorer l’existant. Et il existe quantité d’autres outils pour explorer et révéler la personnalité des joueurs et des joueuses. Et ces deux sujets, l’identité et la personnalité ne restent que deux aspects parmi d’autres de la connaissance de soi.

Pour rester humble, l’aspect mental est un aspect essentiel de la performance mais il n’en est qu’un parmi la technique, le physique et la stratégie.

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