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European Tour : on bouge, on change, mais où va-t-on ?

Au cours de ces dernières années, le Tour Européen multiplie les actualités et les innovations. Un moyen de faire du buzz qui cache le manque de cohérence ou de vision stratégique, ou juste le moyen de survivre face au tour Américain ultra-dominant ?

Au cours de ces dernières années, le Tour Européen multiplie les actualités et les innovations. Pour certains, cela pourrait ressembler à un moyen de faire du buzz, cachant un manque de cohérence ou de vision stratégique. Pour d’autres, c’est juste le moyen de survivre à un tour Américain ultra-dominant.

Il était une fois Keith Pelley…

C’est par l’arrivée d’un canadien à la tête du tour Européen en Avril 2015 qui tout a commencé. Cet homme qui travaillait dans les médias a appliqué ses recettes sur notre cher circuit. Un peu en mode “Netflix” : chaque année est diffusée une nouvelle saison de notre série préférée avec quelques nouveaux personnages et ses nouvelles intrigues.

Keith Pelley- European Tour -Rolex Series
Keith Pelley, CEO European Tour

Celui qu’on pourrait décrire en terme de look comme notre Michou National (elles sont belles ses lunettes bleues) multiplie les initiatives au rythme des rebondissements d’une série, à tel point qu’on pourrait presque se sentir perdu. Je sais, on oublie vite mais sur mon petit cahier, j’ai noté près de 15 points qui ont suscité à minima des interrogations et, de manière régulière, des critiques. Faisons un petit retour sur ces innovations qu’on a pu oublier…

Côté Organisation du Tour

Fin 2015, Pelley annonce que pour conserver sa carte de membre sur l’European Tour, il faudra jouer au moins 5 tournois hors majeurs et WGC au lieu de 13 tournois avec Majeurs et WGC.

Pour la saison 2016, Pelley décide le passage de 4 tournois Final Series à seulement à 3. On se rappellera également le bras de force contre le WGC Bridgestone Invitational placé face à l’Open de France pour cause de JO.

La saison 2017 se traduit par l’arrivée des Rolex Series ainsi que l’instauration d’une Access List, une mesure qui permettait aux 10 joueurs ayant cumulé le plus de gains (hors Rolex Series) et au-delà du Top100 de la RTD de conserver leur carte.

Dès la saison 2018, l’Access List était mise à la poubelle pour en revenir au Top110. Le prize money des tournois du circuit européen était exprimé en dollars (c’est triste) et pour aider les joueurs qui utilisaient l’Access List (principalement ceux se qualifiant via les Q-schools), plusieurs mesures étaient mises en place dont celle d’un double re-ranking.

Rassurez-vous en 2019, ce double re-ranking est déjà abandonné, lui aussi, au profit d’un simple re-ranking. Un nouveau système de points apparaît pour limiter les différences entre ceux qui peuvent participer aux Rolex et ceux qui ne sont pas qualifiés. A priori, un système génial pour permettre, notamment, à ceux qui montent du Challenge Tour de conserver leur carte… Et pourtant, aujourd’hui (le 13/02), le Tour Européen vient d’annoncer une énorme augmentation des prize money et des points RTD pour les Final Series.

A mon avis, la mesure est intéressante pour forcer Rory McIlroy qui ne souhaitait pas prendre sa carte pour 2019 à y réfléchir à 2 fois. D’autant plus sur une année qualificative à la Ryder Cup. Mais tu as aussi le droit de penser aussi que c’est courir après le PGA pour rattraper le retard pris. 🙂

GolfSixes-Charley Hull
GolfSixes – Charley Hull

Côté Sportif

Là aussi, le circuit européen a innové. Le World Super 6 Perth qui a lieu ce week-end mêlant Stroke Play et Match Play, le GolfSixes – un format de jeu sur 6 trous – lancés tous deux lors de la saison 2017 puis, en 2018, la création du Shot Clock – donnant un laps de temps pour jouer son coup. Autant de nouvelles compétitions qui sont encore au programme de cette saison 2019.

Même si cela semble anodin, cela prouve toutefois la capacité d’innover sans suivre les traces du PGA.

Côté Expérience des fans

Le Tour Européen s’est fortement développé sur les réseaux. Beaucoup d’épisodes là aussi avec des vidéos mettant en scène les joueurs, dont le célèbre Mannequin Challenge, le 14 club Challenge ou encore le record du vitesse des Par5 montrent cette dynamique.

Gros point noir : le site web, le nouveau, trop génial et trop bugué. Mis à la corbeille quelques semaines après son lancement en Août 2017, courrier d’excuses et retour au vieux modèle. Plutôt dommage quand tu veux avoir une stratégie digitale.

La dernière nouveauté annoncée fin 2018 (avec un paquet d’années de retard sur le PGA) sera l’instauration d’un système de suivi du coup par coup. Crée par une filiale d’IMG, elle sera testée en 2019 pour une mise en place réelle en 2020. Normalement.

Une innovation – reprise par le PGA – que j’adore : celle de l’interview pendant le parcours. On aime ou pas, c’est pour le coup, une réelle façon originale d’approcher nos joueurs préférés.

Côté Media

Concernant la diffusion du golf à la télé, comme le PGA, le Tour Européen a confié les droits de diffusion au petit nouveau Golf.Tv – une plateforme / application web – qui appartient au groupe Discovery Channel (tu te souviens, le sponsor de Lance Armstrong^^). J’ai toujours eu dans mon esprit qu’avoir un diffuseur unique n’était jamais à l’avantage du client. Que les 2 principaux tours fassent le même choix m’inquiète vraiment sur le tarif qui sera proposé au moment où Discovery Channel sera en exclusivité réelle.

Côté Business

C’était l’actualité chaude il y a quelques semaines après la montée au front de Pascal Grizot. Monsieur Ryder Cup France exprimait l’abandon du Tour Européen vis-à-vis de notre Open, le plus vieux tournoi d’Europe Continentale. Il attaquait également Keith Pelley sur sa rémunération (quasiment 4x celle de son prédécesseur) ainsi que la gestion du Tour Européen avec des comptes qui sont dans un état compliqué.

Je ne suis pas un expert comptable (si tu l’es, tu peux cliquer ici et nous donner ton sentiment) mais même si les propos de Grizot sont cohérents, je pense que la réussite de la Ryder Cup 2018 (avec des indicateurs hors normes) devrait largement combler ce trou d’air financier du tour Européen, comme cela se passe à priori tous les 4 ans après chaque édition de la compétition en Europe.

J’en veux d’ailleurs pour preuve cette augmentation évoquée plus haut des dotations lors des Final Series. J’ose croire que si Pelley le fait, c’est qu’il a la certitude de pouvoir le faire. Ce qui me rend d’autant plus malheureux pour notre Open de France. Espérons toutefois que le Tour Européen puisse piocher dans cette cagnotte pour financer à minima la dotation ou des apparence-fees pour notre cher Open de France.

Où cela nous mène-t-il ?

Donc en résumé, depuis 4 ans que Keith Pelley est à la tête du Tour Européen, il n’a pas chômé. Beaucoup d’actions, des nouveautés régulières et si Pelley est payé sur la quantité de ce qu’il a entrepris, le quadruplement de son salaire me semble bien légitime. Toutefois, si son salaire devait être lié à la cohérence et aux résultats significatifs, la question se pose vraiment.

Depuis mon canapé, la critique est aisée. Il y a eu clairement des échecs dans les actions qu’il a pu mener. Mais, si je devais prendre sa place, concernant la lutte vis à vis du PGA, je ne vois pas ce que j’aurais pu faire de différent avec la certitude que cela marche. Les top golfeurs mondiaux sont devenues des stars certes mais surtout des business men. Et les business men, tu les attires avec de l’argent. Il n’y a pas encore assez visiblement.

Le Tour européen n’a pas comblé son retard sur le PGA comme espéré et il n’a pas vraiment séduit les “stars mondiales” comme annoncé. A l’image du Ladies European Tour, le destin du Tour Européen semble être un tremplin vers le temps plein Outre-Atlantique. Le canadien commence sérieusement à changer son fusil d’épaule en évoquant un circuit mondial qui mêlerait les 2 circuits Elite chez les hommes. Cela ressemble fortement à une lente agonie du tour européen tel que nous le connaissons aujourd’hui.

Et vous, vous en pensez quoi ?

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