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Tiger Woods est une légende

En remportant son 15e tournoi majeur à 43 ans, Tiger Woods a écrit la page la plus légendaire page de son roman de golfeur. Ce 5e succès au Masters parachève le plus grand come back de l'histoire du sport.

Maintes fois, on l’a cru perdu pour le golf. Depuis son dernier titre en majeur à l’US Open en 2008, l’athlète Tiger Woods a connu plusieurs petites morts. En remportant son 15e tournoi majeur à 43 ans, le Tigre a écrit la page la plus légendaire page de son roman de golfeur. Ce 5e succès au Masters parachève le plus grand come back de l’histoire du sport.

Par où commencer pour tenter de mesurer la portée de l’exploit de Tiger Woods ? Et l’émotion qu’elle suscite ? A écrire ces quelques lignes, j’en ai des frissons. L’histoire est trop belle, trop hollywoodienne pour être vraie. Tiger est le plus grand golfeur de tous les temps. On le savait depuis longtemps. Mais on a beau être un immense champion, revenir d’entre les morts est un autre challenge… Aujourd’hui on peut l’écrire en rougissant de plaisir : Tiger Woods est définitivement le plus grand athlète de l’histoire du sport. Désolé Roger, désolé MJ, Usain…

Il y a deux ans, plus personne n’y croyait, sauf peut-être lui, et encore… En 2017, le Tigre s’était (re) blessé au dos avant de subir les affres d’une arrestation après un accident banal de la route, consécutif à une surdose de médicaments. Une nouvelle opération semblait avoir sonné le glas de sa carrière. Tiger Woods, l’homme au sourire carnassier, le symbole de la réussite américaine, faisait alors pitié. Oui pitié. On a déjà raconté l’histoire de son incroyable retour lors de sa victoire au Tour Championship fin 2018, mais allez là relire si vous avez le temps, elle est tellement incroyable


Gagner de nouveau sur le PGA Tour était comme une mise en bouche. Le glouton n’allait pas s’arrêter là. A la chasse au record de Sam Snead pour le nombre de victoires sur le circuit américain (il en compte désormais 81, son illustre ancêtre 82), Tiger rêve surtout de réaliser le vœu qu’ils s’étaient fixés, lui et son père, Earl, quand le jeune Eldrick n’avait que trois ans : battre le record de titres du Grand Chelem de Jack Nicklaus. Le voilà à 15, l’Ours blond restera bloqué à 18. Nike, son équipementier historique qui ne l’a pas lâché au plus fort de ses déboires en tout genre, a d’ailleurs sorti un pub savoureuse quelques heures après son sacre à Augusta.

https://www.youtube.com/watch?v=Kx9fadoL9oU

Les gazettes retiendront que ce triomphe au Masters tient à la fois à la résilience, la persévérance et la patience du Tigre qu’aux défaillances de ses rivaux. Par une matinée venteuse et pluvieuse, tandis que les risques d’orages se faisaient plus menaçants alors que l’Amen Corner approchait, ce dernier tour électrique a tenu toutes ses promesses. Ils furent longtemps une petite dizaine à animer le leaderboard, mené pendant les 11 premiers trous par l’impeccable Francesco Molinari.

Le trou n°12 en juge de paix

Le fameux trou n°12 a été le juge de paix pour beaucoup. Ce petit par 3 de 140 mètres, célèbre pour sa beauté visuelle, est aussi connue pour sa cruauté. Il avait coûté la veste verte à Greg Norman en 1996. Et encore à Jordan Spieth en 2016. Il a été fatal à Molinari, Ian Poulter, Brooks Koepka et encore Tony Finau, tous en lice pour la victoire. Tous à l’eau. Tiger, lui, a joué à gauche, à 15 mètres du drapeau. Stratégie quand tu nous tiens…

Tiger est un génie, il possède une volonté de fer (sans jeu de mots), un mental hors norme. Mais quelque chose a changé depuis ses premiers exploits, quand il écrasait le Masters en 1997 à 21 ans et trois mois (record de précocité) avec 12 coups d’avance (record à Augusta) ou l’US Open en 2000 (15 coups d’avance sur le second, oui oui…) ou quand il remportait l’US Open en 2008 malgré un os dans la jambe fissuré… Je ne parle pas de ses cheveux non (?). Non, ce qui a vraiment changé chez l’Américain, c’est qu’il partage ses émotions. Si vous avez suivi la fin du tournoi en direct, avouez-le, quand le public lui a hurlé son amour (“Tiger, Tiger”) et surtout quand il a pris ses enfants et sa mère dans ses bras, vous avez failli pleurer, non ? Et ben moi oui.

On peut ne pas aimer Tiger Woods. Après tout, l’homme a des failles et elles ont été rendues largement publiques. On pourrait aussi arguer qu’il reste un individualiste forcené. On l’a vu à la Ryder Cup, il n’est pas toujours à son aise aux côtés de ses pairs, quand il faut se fondre dans un collectif. Mais quand on aime le golf, on ne peut que remercier ce champion. Il transcende notre sport. Il écrit sa légende. Demain, il y aura plus d’enfants qui se mettront au golf aux Etats-Unis et peut-être même dans le monde. Ce lundi, la Une de l’Equipe est consacrée à Woods, c’est dire.

Et le roman du golfeur Tiger Woods n’en est sûrement pas à son dernier chapitre. Tremble Jack Nicklaus, tremble…

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