Suite à notre précédent article sur le bilan des innovations et changements du tour Européen depuis l’arrivée de son patron Keith Pelley, LPBB a été contacté par Pascal Grizot, Vice Président de la FFGolf et Monsieur Ryder Cup, pour opposer une vision moins optimiste de ce bilan. Dans la continuité des échanges via presse interposée, nous avons répondu à l’appel de Pascal Grizot pour éclaircir les motifs du problème.
Pouvez-vous nous expliquer les raisons du différend avec Keith Pelley (le patron du European Tour – ET) auquel on assiste depuis plusieurs semaines ?
Après une Ryder Cup exceptionnelle, le problème initial est la rétrogradation de l’Open de France alors que les partenaires historiques (Lacoste, Amundi , Rolex, BMW, Nestlé), la FFG et la presse avaient été informés officiellement dès juin 2018 que la date et le statut seraient maintenus par le Promoteur. Le tournoi est géré par l’ET directement depuis 2017 et c’est pourquoi je suis monté au créneau en tant que représentant de la FFGolf et avec le soutien total du Bureau Directeur. Je veux défendre aussi bien les intérêts des licenciés que ceux de la FFGolf et de ses partenaires publics et privés qui ont amené plus de 40M€. D’autant plus que je trouverais légitime que les bons résultats de la Ryder Cup 2018 soient réinvestis en priorité sur l’Open de France, seul tournoi déclassé au calendrier.
Dans un entretien publié dans l’Equipe en Février dernier, Keith Pelley a pourtant déclaré qu’il soutenait l’Open de France ?
Après la perte en 2017 d’Alstom comme partenaire majeur, ASO et la FFGolf avaient proposé à l’ET d’organiser l’Open de France avec une dotation de 2,3M€ et une exploitation à l’équilibre. Keith Pelley avait alors refusé et, en 2019, il veut organiser l’Open de France avec une dotation de 1,6M€ et une perte d’environ 2,4M€. Ce qu’il appelle soutien c’est plutôt une compensation de la perte de partenaires que nous avions à l’époque. Aujourd’hui, soit ils ne soutiennent plus, soit ils ont diminué leur participation. Soutenir l’Open de France consisterait plutôt à discuter de bonne foi avec nous pour écrire une nouvelle histoire du Tournoi. Ce que nous avons proposé mais reste sans réponse actuellement. Comme promoteur (contractuellement jusqu’en 2021-ndlr-), leur responsabilité est de maintenir la qualité du tournoi au niveau de ce qu’il était quand nous avons choisi de leur confier l’exploitation. Cela passe par une bonne date sur un plan commercial et un plateau de joueurs de niveau international. Aucun de ces critères ne dépend de nous.
Dans cette même interview, il déclarait vouloir vous contacter. Qu’en est-il ?
Je suis toujours ouvert à la discussion. Toutefois, au lendemain de la publication de mon interview (L’Equipe du 18 décembre 2018 – ndlr-), accompagné du directeur de la FFGolf et de son directeur financier, nous avons bien eu un entretien avec la nouvelle directrice financière de l’ET. Cette dernière n’a pas été en capacité de lever nos doutes sur la santé financière, nous – avec Christophe Muniesa, le Directeur Exécutif de la FFGolf – avons donc écrit un email pour les en avertir. Par la suite, Jean-Lou Charon, le Président de la FFGolf, a envoyé également un courrier à David Williams – le chairman de l’ET – pour poser des questions sur les résultats financiers mais ce dernier n’a pas souhaité répondre à nos demandes. Enfin, j’ai aussi demandé un rendez-vous à un administrateur indépendant de l’ET qui me l’a refusé. Qu’ils ne soient pas d’accord avec moi est leur droit le plus strict mais à minima, il devrait y avoir des échanges. Ce qu’ils refusent.
Donc, vous contestez la santé florissante proclamée par Pelley…
Je pense que sur les trois dernières années, la stratégie mise en place a fait perdre 19M£ dont 10.36M£ avant impôt en 2017. En regardant attentivement les comptes à fin 2017 (disponibles ici), on peut voir qu’il ne reste que 424 000£ en cash contre 22M£ au départ de son prédécesseur fin 2014 même si une communication astucieuse masque la réalité. Malheureusement, pour ceux qui arrêtent leur lecture à la page 2 (cf. ci-dessous), l’information essentielle est « strong cash position ».
Le chiffre présenté de l’ordre de 24M£ est bon bien entendu, sauf que de cette somme, il faut aussi déduire l’argent que vous devez et y ajouter l’argent que vous allez recevoir. On arrive alors à un total de 424 000£ alors qu’il était de 12M£ fin 2016. Donc je me pose cette question : pourquoi, si vous êtes en aussi bonne santé financière, essayez-vous sur un document officiel de mettre en avant des chiffres qui, sans être faux, ne permettent pas de juger l’état financier réel ?
Oui, mais en analysant les chiffres de 2013 vs 2014 (comprenant donc la Ryder 2014 à Gleneagles), il y a eu une augmentation de 80M£ de CA pour 50M£ de charges. Ce n’est pas là où se cache la réserve substantielle attendue ?
Vos chiffres pour 2014 sont bons mais une bonne partie de l’augmentation du CA que vous indiquez est liée à la renégociation de contrats marketing. En tant que président d’honneur de la PGA of Europe (actionnaire à 20% – comme la PGA of UK and Ireland – de la Ryder Cup -ndlr- ), j’ai une idée assez précise des comptes de la Ryder Cup que je ne peux évoquer pour des questions de confidentialité. L’ET détenant les 60% restants, il ne touchera donc que ce même pourcentage des bénéfices de la Ryder Cup. Sachant cela, il va peut-être gagner de l’argent avec la Ryder Cup, ce qui donnerait probablement des comptes 2018 à l’équilibre. Si je me trompais, je ne vois pas l’intérêt pour Keith Pelley ou David Williams de ne pas répondre. De simples chiffres pourraient montrer la justesse de sa stratégie.
Pourquoi ne communique-t-il pas les chiffres 2018 selon vous ?
Légalement, il doit les présenter à son Assemblée Générale (prévue fin mai -ndlr-). Même si les doutes viennent principalement de moi pour l’instant, côté britannique, le Times – en particulier – exprimait lui aussi son scepticisme. Toutes les sociétés connaissent déjà leur résultat 2018 et pour celles qui sont cotées, ils ont même déjà été communiqués. Peut-être que le succès tant attendu viendra du rachat des 50% dans European Tour Production. Le Tour possédait les autres 50 %. Le Président de la FFGolf a posé des questions à ce sujet mais David Williams ne souhaite pas répondre. Cela aurait pourtant permis de comprendre pourquoi le Tour a maintenant une dette de plus de 400M£ et comment il compte la rembourser.
Et pourtant, les dotations pour les Rolex Series augmentent encore. Le signe d’une fuite en avant selon vous ?
Lorsque Keith Pelley est arrivé, sa stratégie a été de tenter de concurrencer le PGA Tour en créant les Rolex Series mais les meilleurs joueurs n’ont pas garanti leur participation. Cette saison, les 26 meilleurs joueurs européens joueront régulièrement sur le PGA Tour et tous ne reviendront pas pour jouer les Rolex Series.
🗣️ "My life is here in America. Honestly, I enjoy it here more.
The ultimate goal is here. The European Tour is a stepping stone. That's the truth."
What do you think of Rory McIlroy's comments? Do you think the European Tour has become a 'stepping stone'?
⬇️ Let us know… pic.twitter.com/1ZQOJFcrq2
— HowDidiDo (@HowDidiDo) January 2, 2019
Des choix souvent critiqués par Keith Pelley d’ailleurs…
Oui, c’est d’autant plus ironique, qu’il a fait, lui-même, ce choix en venant travailler en Europe avec un métier plus intéressant où il gagnait plus d’argent. Même si les joueurs reviennent jouer de temps en temps en Europe, Rory McIlroy par exemple a acté le fait que l’ET était devenu une marche d’accès au PGA Tour dans une interview. Ce n’est pas d’aller jouer aux US que les instances lui ont reproché mais de dire ce qu’il pense de l’ET. Ils ne veulent ni l’entendre, ni le lire, c’est juste de la langue de bois. En quelque sorte, le même procès m’est fait. Des choses m’inquiètent et nos questions sont légitimes compte tenu de nos investissements au profit du golf professionnel européen.
Pour autant, les joueurs semblent satisfaits de cette augmentation de dotation…
Effectivement, les prize-money ont bien été augmentés. Le 50e de la RTD qui gagne près de 950K€ en 2018 contre 850K€ en 2017. Mais l’objectif initial des Rolex Series était d’avoir des tournois avec les meilleurs joueurs du ET. Chaque semaine aux US, il y a des tournois à ce niveau de dotation et il n’y a aucune raison de culpabiliser les joueurs qui font ce choix. Prenons l’exemple d’Abu Dhabi devenu Rolex Series. En plus des 7M$, ils ont dû payer des apparence-fees pour faire venir des joueurs, et malgré tout, ils n’ont pas réussi à tenir leur objectif sur la qualité du champ avec un score de 299 (contre 300 attendu au minimum). Pour finir, ce système ne marche qu’à la seule condition qu’il reste du cash en réserve pour pouvoir alimenter les dotations, ce qui pourrait ne plus être le cas.
C’est une profonde remise en cause de ce qui a été fait par Pelley.
Oui et on peut ajouter le Golf Sixes – une idée «reprise» à un pro McHenry – qui n’a pas pour l’instant rencontré le succès escompté, les modifications des « regulations » (le membership du ET – ndlr –) qui ne font pas revenir les joueurs jouant sur le PGA Tour et surtout, le remplacement des équipes marketing du ET qui n’a pas permis d’augmenter les dotations des tournois car pour l’instant les augmentations ont été financées avec les réserves laissées par son prédécesseur.
Si on veut changer de stratégie, cela passerait probablement par le changement du PDG. Y-a-t-il des dates butoirs pour le faire?
Le Chairman David Williams est élu et peut être révoqué mais Keith Pelley étant un salarié, le board peut décider de le changer. Il vaut mieux continuer vis-à-vis des partenaires et des sponsors avec les équipes en place mais on peut remettre en cause une stratégie qui ne semble pas porter ses fruits pour l’instant. L’Assemblée Générale est par définition le meilleur moment pour un changement de patron mais je serais très étonné qu’il y ait une prise de conscience suffisamment importante avant cette AG. Le board l’ET est composé en partie de joueurs – du Players Comitee – et quand je discute avec eux, ils me disent que malgré l’amitié qu’ils me portent, quand je dis quelque chose, Pelley dit le contraire et que je ferais mieux de contacter directement les hommes d’affaires du board. Ce que j’essaie de faire sans succès.
Vous attendez donc cette Assemblée Générale avec impatience ?
Oui, car après l’Assemblée Générale si les résultats ne sont pas aussi bons que le suggère Keith Pelley, peut-être y aura-t-il une prise de conscience des joueurs et des médias. Actuellement je ne réponds qu’aux journalistes français parce que j’estime que c’est mon devoir vis-à-vis des partenaires français, de l’état, de la région et vis-à-vis des licenciés. Pour l’instant la presse étrangère me pose des questions mais je ne répondrai qu’après l’Assemblée Générale.
Et si les chiffres sont bons ?
Alors je me serais trompé, il n’y a que les idiots qui ne changent pas d’avis. Je pourrais même m’excuser auprès de Keith Pelley mais je continuerais à surveiller la situation et surtout je lui demanderais fermement de soutenir l’Open de France puisque ce serait en grande partie grâce au succès de la Ryder Cup qu’il aurait sorti ces résultats étincelants ! Encore une fois, ou les comptes sont mauvais et démontrent ainsi les erreurs de stratégie, ou ils sont bons et il se doit de soutenir en priorité l’Open de France.
Quelle stratégie différente pourriez-vous proposer ?
Pour moi, la stratégie consisterait à se rapprocher du PGA Tour. Quand Keith Pelley a été nommé (en Avril 2015 – ndlr-), le rêve de Tim Finchem, à l’époque “patron” du PGA Tour, était que les deux entités fusionnent. Keith Pelley a préféré repousser cette décision en misant sur les Rolex Series pour concurrencer le PGA Tour. Trois ans plus tard l’écart s’est encore creusé. Le PGA Tour est très puissant et possède une excellente gouvernance très performante.
De manière plus concrète ?
A l’instar de la NBA qui, pour développer son audience, n’hésite pas à délocaliser des matchs en Europe, le golf doit faire de même mais ce n’est pas aux USA que le PGA Tour va gagner des téléspectateurs. Les poches de développement du golf sont en Europe continentale, en Afrique et en Asie. L’intérêt des américains est d’ouvrir leurs tournois, de déplacer leurs champions comme ils ont pu le faire avec un WGC en Chine, par exemple, mais sans le faire en Europe – pour l’instant – car ils ne voulaient pas être face à l’ET.
Avec quelles conséquences pour l’ET ?
A l’exception des îles britanniques où les mécènes soutiennent les joueurs amateurs, en Europe continentale, si on veut des Molinari, des Dubuisson ou des Stenson, ce sont les fédérations qui les forment et le développement des joueurs passe par l’appui financier de celles-ci. Demain, s’il n’y a plus de tournoi en Europe, comment voulez-vous que les joueurs progressent ? S’il n’y a plus de gros tournois en Europe et qu’on devient une 2e division du PGA Tour, l’ET ne finira guère mieux qu’un web.com et c’est là le véritable enjeu car avec l’affaiblissement de l’European Tour c’est bien tout le golf européen qui risque aussi de s’affaiblir.
Comment faire alors ?
Pour soutenir le développement, l’organisation d’un grand tournoi est un facteur très important. Je pensais qu’avec la Ryder Cup, on aurait vraiment augmenté le nombre de licenciés mais entre la concurrence des sports outdoors et la crise, cela ne l’a pas été autant qu’on le souhaitait. On nous dit souvent qu’il faut des champions pour développer le golf. Je n’en doute pas mais ce n’est pas le seul critère. J’en veux pour preuve que malgré Jon Rahm, Segio Garcia ou encore Rafael Cabrera-Bello, les espagnols ont perdu 18.5% de licenciés entre 2009 et 2017 là où la FFGolf a fait 2% d’augmentation ! Certes l’Espagne a connu une crise économique mais -18% tout de même.
Vous l’expliquez comment ?
Sur la période 2008 – 2018, les tournois espagnols sur ET sont passés de 6 à 1 (ou 2 certaines années). La prise de licence peut être déclenchée par les grands champions nationaux, mais je pense surtout parce qu’on peut les voir. Ce qui explique peut-être l’augmentation des licences chez nous pour 2019.
Ce qui ne sera peut-être pas le cas l’an prochain si l’Open de France n’attire pas de stars ?
C’est vrai, c’est un risque. C’est pour cela qu’à la demande du Bureau Directeur nous demandons à l’ET de réviser sa stratégie concernant le futur de l’Open de France. Nous subissons un lourd préjudice avec la dégradation de « Notre » Open et le départ de plusieurs sponsors. C’est très facile de caricaturer mes propos pour dire que je veux la place de Keith Pelley. Ce n’est pas ce que je souhaite. Mais, c’est parce que lui a fait des erreurs à répétition que je suis en train aujourd’hui de défendre les droits de tous ceux qui nous ont soutenus pour organiser cette Ryder Cup et l’Open de France depuis plus de 100 ans. La valeur d’une marque c’est aussi son histoire, ses valeurs et son patrimoine, c’est ce qui a permis à l’ET d’attirer un groupe chinois en 2017.
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Qu’en est-il de la possible non organisation de l’Open de France en 2019 ?
C’est malheureusement encore envisageable si l’ET n’était pas en mesure de garantir la participation de tête d’affiche tel que le réclament les partenaires. C’est d’ailleurs ce qu’attendent aussi tous les promoteurs de tournois. Comment voulez-vous attirer des sponsors et des spectateurs sans savoir à l’avance le nom des têtes d’affiche ? Donc rien n’est encore décidé.
Et il ne peut y avoir d’autres partenaires ?
La FFGolf a réussi à trouver 40M€ pour la Ryder Cup. Si demain on organise à Paris une compétition où les 120 meilleurs joueurs au monde sont présents, croyez-vous qu’on aurait un problème pour trouver des sponsors ? Aujourd’hui notre souci ce n’est pas l’argent, le problème c’est le rapport qualité-prix de l’événement. Il faudrait trouver des partenaires pour un tournoi où la date pour 2020 est inconnue et la qualité du champ de joueur l’est toute autant ; c’est une mission bien difficile voire impossible. D’ailleurs le Tour n’en a pas trouvé !
Parlons maintenant au Vice-Président de la FFGolf.
Finalement, niveau licences, ça se passe bien ?
Pour 2019, on est entre 5 et 7% d’augmentation comparé à 2018. C’est une excellente nouvelle et même si l’on finissait l’année à +3 ou +4%, rares seront les fédérations à faire une telle croissance. De même pour les autres fédérations européennes de golf. Donc, il y a bien eu un effet Ryder Cup.
Samedi 30 mars dernier a eu lieu l’Assemblée Générale de la FFGolf qui veut développer la digitalisation. C’est-à-dire ?
La digitalisation permet d’apporter de nombreux services aux golfeurs (loisir ou compétition) mais peut aussi faciliter la création de nouveaux golfeurs. Dès 2018, les services d’Olivier Denis Massé, Directeur Communication et Marketing de la FFGolf, sous la direction de Christophe Muniesa, ont travaillé sur ce projet. De nombreux français ont découvert le golf à l’occasion de la Ryder Cup. Avec l’application Kady nous allons leur faciliter leur démarche pour la recherche du golf correspondant le mieux à leurs attentes.
Qu’est-ce que KADY ?
Kady offrira une multitude de services aux golfeurs – entre autres – d’accéder à la totalité de l’offre des golfs français, de pouvoir réserver des départs et d’acheter des green-fees à travers les plateformes existantes. C’est une véritable market place : « Tous les golfs pour Tous les golfeurs », qu’ils soient licenciés ou pas, en compétition ou en loisir. Ils pourront y avoir accès. Cette application IOS et Android offrira également de nombreuses fonctionnalités liées à la pratique du golf : guide des golfs, messagerie instantanée permettant de partager son expérience golfique, trouver des partenaires, réseau social, tutoriels techniques, astuces santé et fitness, possibilité d’organiser sa propre compétition avec ses amis incluant un livescoring….
Quel est l’intérêt de la FFGolf ?
Nous avons réalisé une étude complète sur l’environnement digital de la pratique et voulons l’intégrer dans Kady qui a vocation à devenir l’application universelle pour les joueurs français. Vous pourrez aussi avec l’application organiser des parties amicales ou des compétitions entre amis. De plus, des services et fonctionnalités pour aider à la découverte du golf seront accessibles à tout un chacun, pour le guider dans ses premiers pas dans le golf avec tutos, et panorama des offres des clubs. Elle veut rendre le golf plus simple, plus convivial, plus pédagogique, plus sportif, plus personnel, plus communautaire et surtout plus amusant !
Cette digitalisation, ce n’est pas contre-intuitif alors que la population des licenciés vieillit ?
Certes la moyenne d’âge des licenciés est de 51 ans et je vous rassure, j’en ai 57 et je sais utiliser un smartphone. Pour info, 94% des français en possèdent un, et 85% des français ont déjà effectué un achat en ligne !
Est-ce que la FFGolf a l’intention de s’investir encore plus dans les tournois professionnels?
Elle s’investit déjà beaucoup. La FFGolf soutient les tournois du Alps Tour ou du Letas en mettant à disposition les arbitres et une partie du staff d’organisation. Pour les Challenges Tour et les LET, la FFGolf soutient financièrement ces tournois en apportant une aide à la dotation et à l’organisation. Nous aidons ces tournois qui doivent aider notre élite à réussir sa transition amateur/pro. Nous aidons aussi beaucoup les amateurs et jusqu’en 2014 avec les victoires de Céline Boutier et Romain Langasque au British amateurs nous avons eu de très bons résultats (Victoire pour la première fois de la France des championnats du monde en 2010 et championnats d’Europe en 2011).
Mais cela n’est plus le cas aujourd’hui…
Oui, c’est regrettable. Le premier amateur français est 125è et aucun français n’a participé à la Junior Ryder Cup. J’estime que pour la génération qui pouvait jouer la Ryder Cup 2018, la fédération a fait tout ce qu’il fallait pour soutenir ses joueurs. Et ces joueurs quand ils étaient amateurs avaient performé au plus haut niveau. Victor Dubuisson passe pro en 2011 et en 2014, il jouait la Ryder. Romain Langasque, en 2015, gagne le British Amateur et on aurait pu imaginer qu’il ait la même trajectoire que Victor et lui aussi jouer la Ryder Cup en 2018. Cela n’a pas été le cas.
Pourquoi selon vous ?
Malheureusement Victor a été souffrant et Romain, après une année sur l’European Tour est redescendu sur le Challenge Tour. La transition amateur pro est une période difficile et nous devons encore mieux aider nos athlètes. Le plus important est que Romain ait regagné sa carte sur le Tour. Tout n’est pas à reprendre à zéro. Je l’ai dit la stratégie mise en place en 2005 avait porté ses fruits dès 2006 avec la victoire de Julien Guerrier au British Amateur puis les victoires de Victor Dubuisson et Benjamin Hebert aux championnats d’Europe individuels. Nous avions aussi des joueurs régulièrement présents dans le top 20 du World Amateur Ranking : Romain Wattel, Julien Brun et Alexander Levy. Des erreurs ont été commises, il faut les corriger rapidement et nous sommes concentrés sur cette tâche.
Comment changer cela ?
Nous avons renforcé les staffs avec l’arrivée de Gwladys Nocera chez les Girls et Patricia Meunier Lebouc chez les Femmes. Chez les Boys c’est Benoît Telleria qui apporte son énergie et son expérience et chez les Messieurs c’est Renaud Gris qui reste à la tête du collectif. Grégory Havret participe également à créer cette dynamique positive. Nous voulons aussi, aux côtés de nos coachs et champions français impliqués dans ce nouveau projet sportif, nous appuyer sur la compétence d’experts internationaux reconnus, dans les différents facteurs du jeu. La performance sportive dans un sport aussi global que le golf n’a pas de frontières. Nous avons à la tête de chacune de ces équipes des capitaines motivés et expérimentés. Nous allons aussi restructurer les pôles en s’appuyant sur un centre de performance au Golf National, à Terre Blanche et certainement aussi sur une base dans le Sud-Ouest. Les aides fédérales seront ciblées sur les athlètes ayant le potentiel, la volonté et le projet leur permettant d’atteindre le top 20 mondial chez les pros. C’est un objectif ambitieux mais je peux vous garantir que tout va être mis en place pour gagner ce challenge.
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