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La Ryder Cup a encore de beaux jours devant elle

Les critiques vont bon train... Rien de vraiment nouveau au lendemain d'une défaite. Questions / (nos) Réponses sur la suite de la Ryder Cup.

Après la victoire écrasante des USA face à l’Europe (19 à 9), l’heure du jugement a sonné. Les critiques vont bon train… Rien de nouveau au lendemain d’une défaite, nous direz-vous. Tout y passe, système de qualifications, défaites à répétition dans les années à venir et même élargir au reste du monde la sélection européenne. Alors oui, cette génération américaine est talentueuse mais non la Ryder Cup n’est pas morte pour autant.

Quels enseignements tirer de la victoire des USA ?

En fait, la seule véritable conclusion que l’on peut tirer de cette 43e édition est le niveau de jeu exceptionnel de l’équipe des USA. Avec un fait rare, les douze ont joué collectivement pendant trois jours. Malgré les déclarations de Koepka sur la Ryder Cup ou la tension entre ce dernier et DeChambeau, chacun a – pour une fois – mis son ego de côté.

Ou plus exactement, Steve Stricker a su gérer les individualités et leurs habitudes pour les amener à leur top. Par exemple, un Patrick Cantlay qui aime avoir trois heures de préparation/échauffement avant sa partie a toujours joué le matin en dernière partie de session lors des doubles pour lui accorder “son” temps. Les joueurs n’avaient pas non plus de soirée d’analyse collective pour mobiliser les troupes.

Le capitaine américain a parfaitement exploité les qualités de ses joueurs en les mettant dans les meilleures conditions, en les sollicitant pour venir reconnaître le parcours deux semaines plus tôt et en trouvant des associations intéressantes comme Johnson/Morikawa ou Scheffler/DeChambeau.

Les Européens étaient-ils loin du compte ?

Nous n’avons pas assisté à une défaite européenne mais bien à une victoire américaine. Les USA ont réussi la semaine parfaite avec des joueurs (quasiment) à leur meilleur niveau chaque jour.

La vraie différence pour les Européens se situe dans le nombre de joueurs qui n’ont pas été au rendez-vous accentuant l’écart entre les deux équipes et l’ampleur du score. En 2016 lors de leur défaite (17-11) à Hazeltine, 6 joueurs avaient marqué au moins 2 points. Cette année, ils n’ont été que deux avec Rahm (3.5) et Garcia (3).

Avoir deux très bons joueurs avec les Espagnols n’est pas suffisant pour espérer une victoire. La “faillite” de McIlroy (1 point en 4 matches) a eu un effet considérable sur l’équipe donc avec un Rory loin du tigre et un postier en retard, l’impact moral a semblé phénoménal dès la fin de la 1ère journée.

Le système de qualification est-il à revoir ?

Padraig Harrington avait trois “picks” et Steve Sticker en avait six. Toutefois, sans chercher un seul instant à diminuer le mérite de ce dernier, avoir autant de choix quand les 4 premiers non qualifiés automatiques sont 5e, 9e, 11e et 13e mondiaux, cela ne ressemble pas à un énorme coup de poker. En fait en se basant sur le classement mondial, Stricker a simplement privilégié un joueur en forme à un autre avec la sélection de Scottie Scheffler plutôt que Patrick Reed, juste devant lui au classement OWGR.

Pour le capitaine européen, ce n’est pas tant le nombre de “picks” que la date limite qualificative qui est en cause. Harrington a eu contre lui de ne connaître son équipe définitive que tardivement. En effet, au premier jour du BMW PGA Championship, dernière épreuve qualificative pour l’équipe européenne, l’Irlandais n’était assuré à 100% que de cinq de ses joueurs. Le capitaine devrait à minima pouvoir influer sur cette date limite de sélection pour avoir ses 12 joueurs plus tôt.

Les Européens ont toujours eu 4 choix maximum et avec 12 trophées (11V, 1N) en 18 rencontres depuis 1985, on ne peut pas déclarer le système de qualification comme mauvais. D’ailleurs avoir six choix comme les Américains pour cette édition, n’aurait probablement pas changé l’issue de cette Ryder Cup vu le réservoir d’Européens dans lequel Harrington pouvait piocher cette année.

Rose est le seul Européen du Top50 mondial non sélectionné (44e). Entre lui et Wiesberger, seul des 12 joueurs hors Top50 mondial (62e) et qui est passé aux points, on trouve Perez (52e), McIntyre (54e) et Noren (61e). Des joueurs qui n’offraient pas plus de garantie sur le papier que ceux présents à Whistling Straits.

Se dirige-t-on vers une longue série de victoires américaines ?

Il faudrait avoir un avis peu éclairé sur la question du golf pour clamer haut et fort que ces 12 américains seront toujours au top dans deux ans et un sacré devin pour clamer une supériorité américaine dans 4 ans.

Prenons l’exemple de 2001, à quelques jours de la Ryder Cup, le classement mondial moyens des Américains est 12,8 contre 24,3 pour celui des Européens. Les attentats du 11 Septembre obligèrent à décaler l’édition à 2002. Suite à un accord commun des deux équipes, les 24 joueurs retenus resteront les mêmes. un an plus tard, le classement mondial moyen est alors passé à 31,1 pour les USA contre 58,4 pour l’Europe.

Même si, les USA venaient à gagner en Italie puis conservaient le trophée une nouvelle fois en 2025, cela ne serait pas plus synonyme d’hégémonie définitive des Américains que cela ne l’était pour les Européens lors de leurs triplés ces 25 derniers années : 1985-87-89, 2002-04-06 (dont deux fois sur le score de 18.5 – 9.5) ou encore 2010-12-14. À ces moments là, a-t-on songé un seul instant à renforcer les USA de joueurs internationaux ?

Bien sûr que non car l’histoire et la beauté de cette compétition s’appuient sur des compteurs remis à zéro avant chaque édition. La glorieuse incertitude du sport, qui plus est du golf, nous réserve toujours son lot de surprises. Qui en 2012 peut prévoir un étincelant Victor Dubuisson dans l’équipe européenne de 2014 ? Et dans le même temps qui pense que Luke Donald, 3e mondial en 2012, ne jouera plus en sélection les éditions suivantes ?

Il n’y a donc pas de problèmes ?

Il est toutefois possible que cette défaite soit l’arbre qui cache la forêt. Si l’on prend le nombre de joueurs du Top20 mondial en amont des 5 dernières éditions, on constate une baisse significative du nombre d’Européens présents cette année :

  • 2012 : 6 (Victoire)
  • 2014 : 6 (Victoire)
  • 2016 : 5 (Défaite)
  • 2018 : 6 (Victoire)
  • 2021 : 3 (Défaite)

On ne peut pas ignorer la faiblesse du tour européen de ces dernières années, qui plus est accentuée par la pandémie mondiale des 18 mois passés. Difficile d’imaginer que cette tendance va s’inverser, il va donc devenir indispensable que les Européens évoluent de plus en plus souvent sur le PGA Tour, voire à temps plein.

Ajoutons-y un retard de génération dans la relève puisque seuls 4 Européens ont moins de 30 ans alors que 4 avaient plus de 40 ans (respectivement 8 et 0 pour les USA). L’Europe n’est toutefois pas à court de talents mais des joueurs comme Migliozzi, McIntyre, Detry, Hojgaard, Canter voire Rozner et Perez vont devoir faire leurs armes régulièrement auprès des meilleurs pour élever le niveau de jeu européen.

Une dernière donnée est aussi à souligner. Les USA ont l’occasion de se réunir tous les ans avec la Presidents Cup qui se tient en alternance de la Ryder Cup, de quoi tester des paires et fédérer le groupe. Les Européens ont perdu d’abord le Seve Trophy depuis 2013 qui opposait les Iles britanniques au reste du continent européen puis l’Eurasia Cup entre Européens et Asiatiques qui n’a plus été jouée depuis 2018. Des occasions en moins pour l’Europe de s’aguerrir à ces compétitions par équipes.

Gugu & Lio.

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