Pour celles et ceux qui ont terminé leur saison compétitive ou qui vont bientôt la terminer, la question qui se pose est : comment mettre à profit les mois à venir pour bien préparer la suivante ? Si la période hivernale est propice au travail de fond sur les aspects physique et technique, elle l’est également pour travailler ses habiletés mentales. Dans les paragraphes qui suivent, je ne vais pas vous donner de solution magique ou de recette miracle, mais je vais passer en revue quelques-unes des habiletés, et donner quelques pistes à piocher selon vos habitudes, votre niveau ou bien vos envies.
Depuis quelques jours, l’automne est là. Et avec lui, s’annonce la fin proche de la saison golfique. Pour les amateurs, quelques Grands Prix, pour les jeunes, les Championnats de France U18 et U16 fin octobre à St-Emilion, et le dernier Grand Prix Jeune Majeur qui aura lieu à Albi début novembre. Pour la grande majorité, il reste également quelques compétitions de club. Nous suivrons également les joueurs et les joueuses professionnelles encore quelques semaines avant le clap de fin sur cette saison 2021, encore marquée par la crise sanitaire.
“Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir, mais de le rendre possible.”
Antoine de Saint-Exupéry
L’heure du bilan
Avant toute chose, la première étape consiste à dresser le bilan de la saison écoulée en s’armant de feuilles de papier, d’un crayon et en répondant à quelques questions clés, concernant tous les aspects de votre jeu :
- Qu’est ce qui a, qui n’a pas bien ou pas du tout fonctionné ?
- Qu’est-ce que je garde, que je veux modifier ou que je veux arrêter ?
- A quels moments j’ai pris du plaisir ou je n’en ai pas pris ?
- Quels sont mes meilleurs souvenirs ?
Ensuite, il faut distinguer ce qui va relever des aspects technique, physique, mental ou stratégique pour construire les première pistes de travail à venir. Sur ces différents aspects, les axes de travail seront définis dans un premier temps par le bilan et dans un deuxième temps par les objectifs qui seront posés pour l’année prochaine.
Avant de passer en revue quelques habiletés mentales, et les activités et exercices qui peuvent y être associés, comment occuper son temps pendant cette période hivernale ? Et éviter de se retrouver telle Anna Karina, dans Pierrot le Fou, en bord de plage, à répéter inlassablement pour elle-même et Jean-Paul Belmondo « qu’est-ce que je peux faire ? J’sais pas quoi faire ».
Il est d’abord possible, envisageable et nécessaire pour certains de faire un break. De couper, de poser et ranger ses clubs et ne pas y toucher pendant un moment. Cela peut permettre d’éviter une lassitude et cela peut nourrir la motivation en retrouvant le plaisir de la reprise.
Sur l’aspect de travail et de préparation physique, selon l’âge, le niveau, le passé sportif et le temps disponible les conseils peuvent être très variés. L’idéal reste toutefois de maintenir une activité physique régulière, qui va aller de la marche pour certains à des entraînements spécifiques pour d’autres. Cela peut-être l’occasion de pratiquer d’autres sports (natation, course à pied, cross-fit,…), de faire des assouplissements, de la musculation. C’est au service de votre jeu, de votre golf mais cela doit rester une source de plaisir et non une contrainte.
D’un point de vue technique, pour celles et ceux qui ne le voient pas régulièrement au cours de la saison, cela peut être le moment de refaire un point avec sa ou son coach, de revoir quelques fondamentaux, ou d’apporter quelques corrections à des dérèglements qui se sont installés insidieusement. Cette période peut aussi, avant toute reprise de travail technique, être l’occasion de changer de matériel.
Il est également possible de se faire plaisir en complétant sa garde-robe pour les futurs concours d’élégance, en changeant de sac, en commandant un nouveau chariot, en essayant de nouvelles chaussures (Noël approche ! pensez-y, pour vous et/ou pour vos proches).
En mode préparation hivernale
Si la compétition est le moment qui met à l’épreuve nos habiletés mentales, ces dernières ne sont pas figées éternellement et certaines peuvent faire l’objet d’un travail spécifique en hiver. C’est ce que, maintenant, je vous propose de passer en revue, sur la fixation d’objectif, la confiance, la routine, l’endurance mentale, la relaxation, l’activation, la visualisation la planification et enfin l’engagement.
La fixation d’objectifs
Les objectifs pour la saison suivante ne sont pas gravés dans le marbre, ils peuvent évoluer à la hausse ou à la baisse en fonction du déroulement de la saison, d’évènements heureux ou malheureux qui peuvent survenir. C’est le golf et c’est la vie. Les premiers objectifs que vous allez définir vont compléter les axes de travail définis à la suite du bilan. Et les axes de travail traceront la ligne cohérente entre d’où je viens, où j’en suis et où je vais. Il est important de distinguer les notions de résultat, de performance et de process (pour réviser, c’est par ici)
La routine
Elle est un maillon essentiel du plan du jeu, du process. Pour celles et ceux qui n’en auraient pas encore adopté une, suivez les conseils de Makis. Elle doit devenir naturelle, instinctive.
Travailler au practice, en partie amicale, à l’entrainement (tout le temps, partout)
La confiance
Une des clés pour se sentir en confiance, c’est la connaissance de soi. Bien connaitre ses points forts, ses force et ses atouts. C’est avoir analysé, comme Brooks Koepka, les conditions de sa propre performance.
S’appuyer sur un petit jeu régulier est important mais bien connaitre les règles de golf peut aussi vous rendre plus confiant (si vous avez déjà eu des partenaires tâtillons plus que de raison). Pour gagner en confiance et si vous ne le faîtes pas déjà, vous pouvez modifiez vos conditions de jeu : en changeant de parcours, de partenaires, de formules de jeu (quelques exemples ici). Savoir que l’on peut s’adapter renforce la confiance en soi.
L’endurance mentale
Pour travailler l’endurance mentale, il s’agit d’effectuer des exercices techniques (chipping ou putting) basés sur la performance et le résultat. Par exemple, l’exercice peut consister à rentrer ou à mettre donné un putt long ou un chip. L’exercice doit être suffisamment challengeant pour que vous puissiez éventuellement y passer de longues minutes. C’est à faire avant ou en fin d’une séance d’entraînement. Vous devez effectuer votre routine à chaque fois.
Un autre type d’exercice est celui des séries à effectuer où le résultat est validé quand vous validez 100% des coups. Par exemple, vous pouvez faire celui-ci :
Vous pouvez rapidement vous trouver sous pression… A vous de trouver la clé pour en sortir.
La relaxation
La relaxation repose sur de nombreux principes, dont la respiration, mais l’un d’eux est essentiel : l’état de contraction musculaire s’accompagne d’une tension psychologique intérieure et réciproquement le relâchement musculaire s’accompagne d’une détente psychique. En contrôlant volontairement et en diminuant l’état de tension musculaire, la relaxation conduit à la maîtrise du stress et au contrôle de l’anxiété.
Il existe différentes techniques de relaxation, de médiation, de sophrologie, de yoga. Si vous en ressentez le besoin, je ne peux que vous conseillez de vous renseigner, par des lectures ou en discutant avec des praticiens, et éventuellement de trouver et d’appliquer les techniques les plus appropriées aux difficultés que vous aurez pu pointer.
L’activation
La notion d’activation désigne le degré d’activité de l’organisme selon une courbe qui irait du sommeil à la veille puis de la veille attentive au stress. C’est une dimension intensive, énergétique du comportement. En psychologie du sport, est étudié l’état de l’organisme sous l’effet des stresseurs, supposés affecter la performance.
Pour vous entrainer à jouer sous stress, je vous propose deux activités quand vous jouez avec des amis :
- Demandez-leur de faire du bruit ou de vous parler, vous perturber quand vous jouez.
- Mettez de l’enjeu à vos parties, des enjeux qui vous coûtent en temps ou en argent.
L’imagerie, la visualisation
L’avantage de la visualisation, c’est que vous pouvez jouer tous les parcours du monde assis dans votre fauteuil au coin du feu. Vous êtes à Pebble Beach, départ du 7, 100m.
Pas de vent, mer calme, pas de spectateur. Vous choisissez l’emplacement du drapeau, votre club, votre effet. Vous jouez un coup d’essai et puis vous vous placez devant la balle. Alignement, grip, posture, et vous jouez, en rythme.
Vous pouvez le faire sur tous les trous du monde, ceux de votre club et ceux du bout du monde. Ce travail est important dans le travail de reconnaissance des parcours.
La planification
Elle est une des habiletés mentales, c’est la capacité à planifier ses compétitions pour une période, et à les articuler avec les entrainements et les contraintes liées. Elle est à effectuer et/ou affiner à la sortie de l’hiver quand vous savez exactement où vous en êtres aussi d’un point de vue technique et physique.
L’engagement
Et si vous profitiez de cet hiver, non pas pour hiberner, mais pour vous recentrer, mieux vous connaitre, mieux connaitre vos envies, vos besoins ? Vous interrogez pour (re-)donner du sens pour vous à cette passion, à ce loisir.
Pour quelles raisons jouez-vous au golf ? Qu’y cherchez vous ? Qu’y trouvez-vous ? Quels plaisirs ce jeu vous procure-t-il ? Vous en procure-t-il encore ? Qu’aimez vous par-dessus tout au golf ?
Et si un engagement collectif, auprès de l’école de golf, avec une formation d’arbitre relançait votre intérêt ? Et si au contraire, vous visez les Grand Prix, ou jouer des Pro-Am ?
Je termine ici ce passage en revue d’une grande majorité des habiletés mentales. Je termine ici cet exercice d’inventaire. L’exhaustivité est impossible à atteindre dans cet exercice au vu de la quantité d’exercices possibles et au vu de la multitude de situations individuelles qui existent et que vous connaissez chacun et chacune bien mieux que moi.
J’espère vous avoir donné des pistes de travail et de réflexion pour engager tout ou partie de la préparation de l’année prochaine. Le golf est un sport, un jeu qui se joue mais également qui se pense, se réfléchit. Ne négligez donc pas pas la part mentale dans cette période hivernale, car au contraire de La Fable, c’est au coeur de l’été que vous pourriez vous retrouver fort dépourvu.